La défaite cuisante des démocrates dans les élections de mi-mandat constitue une très mauvaise nouvelle pour les voisins du nord que nous sommes. Le fait que les républicains soient dorénavant majoritaires à la Chambre des représentants annonce deux années de paralysie parlementaire. Cela risque fort de compromettre la relance économique américaine, et donc la nôtre.

La défaite cuisante des démocrates dans les élections de mi-mandat constitue une très mauvaise nouvelle pour les voisins du nord que nous sommes. Le fait que les républicains soient dorénavant majoritaires à la Chambre des représentants annonce deux années de paralysie parlementaire. Cela risque fort de compromettre la relance économique américaine, et donc la nôtre.

Cette colère que bien des Américains ont exprimée hier à l'égard de l'administration Obama peut nous sembler difficile à comprendre, parce que nous suivons la politique américaine de loin, à travers notre prisme politique. Et Barack Obama, par son style, ses valeurs, ses idées, a toujours été très populaire à l'extérieur des frontières de son pays.

Mais on a oublié que le rêve incarné par sa victoire historique n'était pas celui de tout le monde. Barack Obama n'a pas été porté au pouvoir par un raz-de-marée, et sa victoire, en partie due au désarroi provoqué par la crise, ne reposait pas sur une soif de changement généralisée. La croisade anti-Obama a donc probablement commencé le jour de sa victoire.

Sur le terrain, le nouveau président n'a pas non plus fait que des miracles. Sa grande réforme, celle de la santé, édulcorée pour être adoptée par les deux chambres, a néanmoins contribué à polariser l'opinion politique, laissant derrière elle des démocrates déçus et des conservateurs indignés et galvanisés. Dans ce dossier, comme dans celui de l'économie, on a pu voir les limites du talent politique de Barack Obama, démuni devant une opposition républicaine déchaînée, trop froid et abstrait pour faire comprendre et accepter ses réformes, peu habile à rejoindre l'électorat conservateur qui domine la vie politique américaine.

Mais toutes les analyses de la psyché américaine ne seraient pas nécessaires aujourd'hui si les États-Unis avaient réussi à sortir de la récession. Cette colère sourde, qui nourrit la droite extrême et dont le président Obama paie le prix, s'explique d'abord et avant tout par un taux de chômage de 9,6%, le symbole d'un échec collectif.  

Cela illustre l'injustice de la vie politique. La récession s'est déclenchée aux États-Unis un an avant l'arrivée d'Obama à la Maison-Blanche. Les erreurs qui l'ont provoquée sont largement attribuables à l'administration précédente. Et la philosophie des politiques de relance, qui attise maintenant la colère de l'électorat conservateur, a été façonnée dans les derniers mois de la présidence de George W. Bush - explosion du déficit, soutien coûteux des grandes institutions financières, mesures massives de stimulation.

Le président Obama, une fois au pouvoir, a poussé cette logique au maximum, notamment avec un plan d'infrastructures de près de 787 milliards, qui a nourri le déficit et le gros gouvernement que dénonce maintenant le mouvement Tea Party. Cette approche keynésienne classique, qui a fonctionné ailleurs, n'a pas donné les résultats escomptés aux États-Unis. Est-ce dû à un échec des politiques de Barack Obama? Plutôt au fait qu'il a hérité d'une économie particulièrement mal en point. Sans ces mesures, la situation économique serait probablement plus catastrophique.

Dorénavant, la Maison-Blanche, affaiblie, devra composer avec une Chambre des représentants qu'elle ne contrôle plus. Les mécanismes de marchandage propres au système politique américain fonctionneront mal, parce qu'il sera difficile de concilier des philosophies économiques mutuellement incompatibles, relance d'un côté et rigueur extrême et baisses d'impôt de l'autre. Le résultat le plus prévisible, ce sont des compromis sans cohérence et sans direction.

On ne doit cependant pas oublier que le vrai test, ce ne sont pas ces élections de mi-mandat aux allures référendaires, mais les présidentielles de 2012. Deux ans, c'est long, et d'autres éléments pourraient alors jouer en faveur des démocrates, comme la reprise économique ou les excès de la radicalisation républicaine.