L'emploi baisse, mais il baisse moins qu'au début de l'année. Cette décélération du rythme des pertes d'emplois est un signe positif, quand on sait que l'évolution de l'emploi reste le baromètre le plus fidèle de l'état de l'économie en période de récession.

L'atténuation de la détérioration du marché, qui s'ajoute à d'autres signes encourageants, semble indiquer que la récession s'adoucit, comme le disait hier le président de la Réserve fédérale, Ben Bernanke, et que nous nous rapprochons du moment où nous atteindrons le creux. Cela rend plausible le scénario proposé par la plupart des spécialistes, et auquel on n'osait plus croire, celui d'une récession qui se termine au troisième trimestre, suivie d'une reprise en fin d'année.

 

Au mois de mars, selon les données de Statistique Canada, il s'est perdu 4600 emplois au Québec. C'est 4600 de trop. La dégringolade de l'emploi se poursuit et le chômage continue de grimper. Mais il faut regarder le pattern. Après un recul de 7400 postes en décembre, le Québec a été frappé par une perte majeure de 25 800 emplois en janvier. La baisse a été de 18 400 en février et de 4600 en mars. La courbe s'aplatit.

On assiste au même cycle d'atténuation pour l'ensemble canadien: une perte de 129 000 emplois en janvier, de 82 000 en février, de 51 300 en mars. Mais le Québec s'en tire mieux que le Canada. L'emploi a reculé de 2% au Canada et de 1,4% au Québec, où le taux de chômage de 8,3% est le même qu'en mars 2006.

Cette atténuation de la courbe s'ajoute à d'autres éléments que l'on peut qualifier de positifs. Le fait que le Canada revienne à un surplus de sa balance des paiements en février. Que le salaire horaire ait augmenté de 4,3% en un an. La hausse des mises en chantier en mars. Tout comme certains signes positifs aux États-Unis: une reprise dans l'immobilier, ou les résultats financiers de certaines institutions financières, notamment Goldman Sachs. Le portrait est loin d'être clair, les signaux sont contradictoires, comme on l'a vu avec la baisse des ventes de détail en mars aux États-Unis. Mais à tout le moins, les nouvelles ne sont plus invariablement mauvaises.

Encore faut-il interpréter ces signes pour ce qu'ils sont. Ils annoncent qu'on se rapproche du moment où on ne s'enfoncera plus. Arrêter de reculer, ce n'est pas rien. Mais la fin de la récession ne signifie pas la fin des problèmes.

L'analogie de la pneumonie, que j'ai déjà utilisée, est sans doute la plus évocatrice. Cette maladie, autrefois mortelle, se soigne. Mais quand les antibiotiques ont vaincu la bactérie, on est peut-être guéri, mais la convalescence peut être longue. La reprise ne signifie pas un progrès, mais plutôt un rattrapage pour revenir là où on était avant la récession.

Par ailleurs, il faut se méfier des rechutes et des effets secondaires. Le choc d'une récession peut se faire sentir longtemps après qu'elle soit terminée. Parce que des entreprises qui ont vaillamment résisté finissent par succomber. Parce que la reprise de l'activité ne mène pas immédiatement en embauche. Tant et si bien que le chômage a tendance à augmenter même quand la reprise est officiellement là. C'est ce que l'on prévoit pour le Québec.

Enfin, la reprise n'éliminera pas les problèmes comme par magie. Il faudra du temps avant que le système financier retrouve sa santé, que le secteur manufacturier se stabilise, que les gouvernements éliminent leurs déficits ou que les ménages reprennent confiance. Le retour à la normale n'est pas pour demain. Mais on commence sans doute à voir la lumière au bout du tunnel.