Le règne de Justin Trudeau s’étire, et il accumule les cernes de fatigue. Ses décisions sur certains dossiers désarçonnent. Tout va tout croche en cette année du Lapin d’eau. On peine à se dépatouiller avec les conneries autoritaires des sbires du général Tao. Pas brillant, et la solution ne se trouve pas dans un biscuit chinois.

S’il n’était pas si jeune, on aurait le goût de conseiller à Justin de laisser sa place et de partir pour de longues vacances à Tofino.

Il est chanceux d’avoir comme adversaire l’inquiétant Pierre Poilievre, autrement le point de bascule aurait déjà été franchi par les Canadiens.

Mais le fait est qu’au Canada, vous pouvez former le gouvernement en obtenant seulement le tiers, ou un peu plus, des votes aux élections. Ainsi, il ne faut pas décompter Justin trop rapidement.

Oui, bien sûr, la population souhaite du changement. En est-on surpris ?

Dans les circonstances, on s’étonne que les conservateurs n’aient pas complètement déclassé les libéraux dans les sondages. Ils auraient dû, avec un gouvernement vieillissant aussi malhabile.

Il est clair que monsieur Poilievre effarouche une majorité de Canadiens.

Comment ne pas être débiné avec le gars, quand il déclare sans rire que la cryptomonnaie pourrait servir à combattre l’inflation… Je suis encore sous le choc !

Tant qu’à y être, aussi bien faire sortir de prison Sam Bankman-Fried, fondateur de FTX et jusqu’à récemment grand mollah de la foi crypto, et le nommer à la tête de la Banque du Canada.

Aux prochaines élections, ça ne prendrait pas un gros braquage contre le chef conservateur pour que du vote NPD se tasse vers les libéraux, par défaut, et leur donne un nouveau gouvernement.

Comme on ne peut rejeter l’hypothèse d’un gouvernement de coalition libéral-NPD.

Mais bon, comme le disait le fils du grand commentateur : on verra !

Tout ça pour vous entretenir du Justin Trudeau que j’ai connu.

Comme beaucoup, j’ai très souvent de la misère à l’écouter quand il est dans ses habits officiels. Il est tellement formaté, il m’énerve plus souvent qu’autrement. Où est la clé pour le débarrer ?

On aurait le goût de lui taper entre les omoplates pour qu’il expulse le bouchon qui l’empêche de parler avec ses tripes.

Comme maire, j’ai eu le plaisir de le rencontrer quelques fois en tête à tête. Un gars le fun ! Mais comme on sait, un gars le fun, ça n’apporte pas à manger.

Bien sûr, au début, après nos premières conversations, j’avoue que je trouvais étonnant qu’il puisse devenir premier ministre de notre pays…

Mais élu, avec les années, j’ai senti le gars prendre du coffre, de la hauteur et de l’estomac. On sentait que l’expérience construisait le chef d’État.

Mais ça, c’était dans les rencontres privées, et l’écouter publiquement m’asticotait toujours autant.

Notre dernière rencontre a eu lieu dans les derniers jours des élections fédérales de septembre 2021, à l’hôtel de ville de Québec, deux mois avant que je ne quitte moi-même la mairie. Amène comme toujours, il m’avait surtout parlé de ma retraite, beaucoup même.

Je me suis dit qu’il était normal qu’à la veille d’un vote, l’idée d’une retraite politique fasse partie des hypothèses envisagées.

Quelques mois auparavant, à une nouvelle rencontre de la vingtaine de maires des plus grandes villes canadiennes, à Ottawa, un forum privilégié, il est venu s’asseoir avec nous, comme il le faisait presque chaque fois, accompagné cette fois de Chrystia Freeland.

Il n’avait pas que des amis autour de la table, dont le maire conservateur de Brampton, Patrick Brown, qui rêvait déjà de prendre sa place.

Nous avons eu un échange exceptionnel avec lui. Jamais je ne l’avais entendu parler de grands enjeux politiques avec autant de clairvoyance et de sincérité.

Avais-je écouté le vrai Justin Trudeau ? Pas stagé une seconde, le gars ! La jonction heureuse de l’intelligence et du cœur.

Il est venu me saluer avant de partir, et là je vis un autre épisode de cette affection qu’on appelle le syndrome Gilles de la Tourette…

En résumé, je lui ai dit quelque chose comme : « Maudite marde, Justin, t’étais donc ben bon aujourd’hui ! Pourquoi ce Justin-là que je viens d’entendre, c’est pas le Justin qu’on devrait toujours entendre publiquement. Come on ! Lâche-toé lousse un peu ! » Je résume évidement, et sa réponse lui appartient.

Je ne sais pas si le gars restera pour les prochaines élections. Comme je ne suis pas sûr qu’il soit la meilleure personne.

Mais je suis certain d’une chose, s’il revient, je souhaiterais que nous ayons droit à l’homme que j’ai entendu à cette rencontre-là, ou en partie à celui que je rencontrais privément, cela pourrait étonner beaucoup de Canadiens. Parce qu’actuellement, ça ne sent pas l’authenticité à plein nez.

Jagmeet Singh et Yves-François Blanchet ont généralement cette qualité-là du parler vrai, monsieur Blanchet étant le meilleur. Elizabeth May peut-être, si on pouvait comprendre ce qu’elle veut dire en français…

Monsieur Poilievre, je ne sais pas. Il semble avoir été préfabriqué aux États-Unis, sorti directement d’une usine politique républicaine.

En tout cas, il n’aide pas à penser le contraire.

Entre nous

Quelle magnifique victoire des Remparts de Québec et de Patrick Roy à la Coupe Memorial. Bravo, Pat et les garçons, et merci, Jacques Tanguay.

Parlant d’athlètes, j’ai trouvé le moyen de m’installer sur la liste des blessés à long terme, en me fracturant le poignet à mon deuxième match de balle-molle… Mais la maudite balle n’est pas passée au moins !

Ça libérera de l’espace sous le plafond salarial…