La grâce du métier de maire m’a permis pendant 14 ans d’avoir l’arrière-train bien imprimé sur le siège arrière d’un véhicule de fonction, avec chauffeur et gardien de mon gros corps.

Je l’ai déjà écrit, et j’espère que mon assureur ne me lit pas, je pense avoir perdu la twist au volant, et mon véhicule, qui fête son premier anniversaire ces jours-ci, est déjà dû pour un premier séjour chez le débosseleur pour blessures multiples au haut et au bas du corps.

Je réussis des cabrioles incroyables. Je m’attends à une offre du Cirque du Soleil…

Aussi, je cherche une alternative pour me déplacer sur le plus long cours. Et ça pour votre propre sécurité m’sieurs dames !

Et c’est là que je redécouvre comment Ottawa est à côté de la track.

On oublie l’avion. L’autobus ?

Je suis devenu sauvage et claustrophobe, et je ne souhaite pas devoir discuter avec un voisin collé sur moi tout le long de la traversée. Donc, au lieu d’empirer ma réputation d’air bête, j’évite.

Il me reste le train.

L’aller-retour entre Québec et Montréal prend environ sept heures, pas mal plus lent qu’avec mon véhicule. En espérant encore là que la SQ ne lit pas cette chronique…

Et la fréquence, on n’en parle même pas. Le premier départ est au milieu de la nuit.

Mais si un TGV existait, avec vitesse et fréquence à la clé, je crois que je ne prendrais plus jamais mon véhicule ou l’avion pour me rendre à Montréal, ou au bout de cette ligne Québec-Windsor.

Et on est combien à penser la même chose, vous croyez ?

J’ai baigné dans ce dossier et milité pour un TGV pendant 14 ans. Je m’y connais pas pire. J’avais à défendre ma ville parce que des beaux génies à Ottawa préféraient un parcours Montréal-Windsor, ou Toronto.

Pas besoin de vous dire que je me suis couché sur le rail, et qu’ils devaient me passer sur le corps. J’ai averti tout le monde qu’ils deviendraient célèbres s’ils tentaient d’éliminer Québec du projet. Réglé.

Mais froussard, Ottawa n’a toujours planifié qu’un TGF. J’ai même déjà accepté, à reculons, de participer à une annonce sur le TGF à Québec, parce que je voulais protéger la présence de notre ville dans ce projet, ou celui d’un TGV éventuellement.

Je pense que ce pays manque d’ambition !

Le Canada est un des derniers pays occidentaux à ne pas posséder de moyen de transport à grande vitesse. Nous sommes franchement arriérés.

Même les États-Unis, dont les habitants ont du pétrole dans les veines, travaillent sur plusieurs projets de lignes à grande vitesse. C’est tout dire.

En plus, nous avons la source d’énergie propre et renouvelable pour le faire fonctionner.

Oui, le projet coûte cher à construire, mais la ligne Québec-Windsor est près de 150 fois plus longue que le tracé du projet de troisième lien à Québec. Comparez les coûts et demandez-vous où est la priorité.

Le TGV Québec-Windsor couvrirait des régions où habite 60 % de la population canadienne et qui produisent également 60 % des emplois et du PIB du pays.

VIA Rail prétend qu’on gagnerait 25 % de temps avec un TGF entre Québec et Montréal. Selon un article de Julien Arsenault, de La Presse1, sur un trajet qui dure actuellement 3 h 24, il nous ferait gagner 24 minutes. Des miettes et toujours plus long qu’un trajet en voiture.

Grosso modo, un TGV, lui, couperait le temps du trajet d’une couple d’heures. Toute la différence du monde.

Le TGF ne suscitera pas de transfert modal majeur important selon moi, mais le TGV y parviendrait de façon spectaculaire, et additionnez l’impact environnemental.

Le projet de TGF était estimé entre 6 à 12 milliards de dollars, mais maintenant, on ne sait plus…

Le ministre fédéral des Transports a dit la semaine dernière qu’il considérerait que des portions du TGF permettent de rouler plus rapidement.

Des petits bouts plus rapides ! Wowww !

Des petits bouts rapides pour un projet petite vie ! Pôôôvres nous autres !

Comme le dirait Môman, le ministre s’est mis « la tête dans un moule à Jell-O » politique, pour jouer sur les deux tableaux.

Et voilà que le gouvernement du Québec déclare vouloir plutôt un TGV. On fait la vague !

Bien sûr, la perspective de soutenir et développer une industrie ferroviaire chez nous le motive.

Il veut l’argent d’Ottawa pour un troisième lien, et un TGV en plus. Le beurre, l’argent du beurre et… et j’arrête ici pour ne pas être grossier.

Il ne se souvient déjà plus comment s’est terminé le dossier du financement des services de santé au fédéral, où il n’a obtenu que des petits-beurre secs.

Mais quand même, si j’étais M. Legault, je ne lâcherais pas le morceau sur le TGV et je pousserais dans le dos d’Ottawa au coton !

On l’inciterait même à brasser Justin là-dessus, ça devrait lui faire plaisir. Allez, gâtez-vous, Monsieur le premier ministre !

Ça nous changerait du gossage Québec-Ottawa habituel. Et il n’aura jamais une cent pour le troisième lien de toute façon.

Le président Eisenhower a dû, lui aussi, avoir la trouille lorsqu’il a démarré son projet de construction de 65 000 kilomètres d’autoroutes aux États-Unis, à la fin des années 1950. Mais il avait une vision, et a eu raison.

Je rappelle que le Canada s’est vraiment bâti à la suite de la construction d’un chemin de fer transnational, fin XIXe siècle.

Mais je suppose que M. Poilievre sauterait au cou d’un tel projet pour l’égorger et s’aider à gagner les prochaines élections.

En fait, c’est probablement nous, les habitants de ce pays, qui manquons d’ambition.

Misère !

1. Lisez l’article « Train à grande fréquence : porte ouverte à la grande vitesse, sans garantie »

Entre nous

De belles émotions à Québec dans les derniers jours avec la présence quasi miraculeuse des jeunes joueurs ukrainiens au Tournoi interntional de hockey pee-wee de Québec.

Déjà un an de cette guerre cruelle.