Le Petit Robert défini le couac, dans son sens figuré ou familier, comme une maladresse, un incident qui rompt l’harmonie d’un processus. Il en donne comme synonymes : fausse note

Plus simplement, les couacs remarqués sont ceux sortis de la bouche d’un personnage public, quand la langue lui fourche, ou qu’il commet une bourde remarquable.

Les plus grands générateurs de couacs sont sans contredit les politiciens.

Pendant 14 ans à la mairie de Québec, je considère avoir été responsable d’un solide pourcentage de la production annuelle de ces bizarreries.

Un de mes plus célèbres est probablement quand j’ai mélangé les nids-de-poule… avec les trous de poule. Ou quand j’ai annoncé qu’il n’existerait plus à Québec de pitbulls, ou de leurs cousins germains, au 31 décembre qui suivait.

Seigneur ! La volée que j’ai mangée. Et méritée. Vous ne croiriez pas ça. Une connerie historique. L’Internationale du bouledogue au cul, toé !

Et je vous épargne Clotaire Rapaille…

Je demeure convaincu qu’Infoman est la seule personne au Québec qui regrette que j’aie pris ma retraite. Ce qui lui a peut-être occasionné une petite surcharge de travail pour remplir son créneau.

Une campagne électorale est aussi une période privilégiée pour l’éclosion de bêtises.

Mais ne vous méprenez pas. Le couac peut également être utilisé à bon escient. Calculé et contrôlé. Et pour garantir son efficacité, le couac doit être suivi rapidement, mais pas absolument, d’excuses contrites.

Genre, m’essscuseee, j’ai parlé trop vite, ou sur l’émotion. Très utile, l’émotion.

Ainsi, quelques pièces récentes de cet art de se mêler, ou pas, dans ses lacets.

Je vous l’ai déjà mentionné, j’ai l’esprit tordu, et donc l’analyse est à l’avenant. Une malformation de mes années en politique. Alors, lisez ce qui suit au travers de cette grille.

Un premier couac catégorie, « tous des ben Laden »

Le lien qu’a fait le premier ministre entre l’immigration et la violence. Suivi d’excuses, comme il se doit.

Les analyses ont toutes été faites à ce sujet. Mais une mention spéciale à la chronique de Patrick Lagacé1, où il explique les messages qu’il a reçus, à l’appui des propos de M. Legault.

Si vous croyez que ce dernier s’est échappé, ou aurait encore gaffé, ben pas moi !

Il savait très bien ce qu’il faisait. Dans sa quête de nationalistes crinqués et croustillants, et se faisant chauffer le derrière par M. Duhaime, le ballet verbal du premier ministre a réussi ce qu’il voulait réussir : cliver, braquer de part et d’autre.

Dans la même veine que son refus de ne pas participer au débat des chefs en anglais. Ce que les anglos ont dénoncé, il va de soi, à la grande satisfaction du chef de la CAQ, j’en suis convaincu.

Deuxième couac, catégorie « en-dessous ou au-dessus, mon coquin ! »

Je ne crois pas être de ceux qui lèvent, ou ont jamais levé le nez sur Québec. Mais la définition semble s’être élargie.

Mais permettez-moi, encore une fois, de le lever, mon gros nez, sur un dossier.

La semaine dernière, M. Legault a chuchoté l’hypothèse du choix à faire, éventuellement, entre un tunnel et un pont, comme lien routier entre les deux rives à Québec.

Ouppelaille !

Propos suivis un peu plus tard de la précision d’un adjoint, que si la CAQ était réélue, ce serait un tunnel. Ouf !

Comme il a expliqué, dans la même semaine, que les études d’achalandage du troisième lien devaient être mises à jour, en fonction de cette nouvelle réalité qu’est le travail à domicile.

Comme si on venait de découvrir le phénomène, après deux ans et demi de pandémie…

Come on, François !

Compréhension poétique de la situation : aurores d’un recul annoncé.

PHOTO PAUL CHIASSON, LA PRESSE CANADIENNE

Éric Duhaime

Troisième couac, catégorie « je ne suis pas un guichet automatique »

Le gagnant est… j’ouvre l’enveloppe… Éric Duhaime !

Toute une salade qu’il nous a servie, le conservateur, sur ses comptes de taxes municipales.

Je vous fais grâce de l’ensemble des élucubrations du cas, parce que c’est mauditement difficile à suivre.

Mais le tout m’a rappelé une vieille toune de Sacha Distel, que mes cousines plus âgées écoutaient à l’époque. Un petit couplet disait ceci : « Ton père n’est pas ton père, mais ton père ne le sait pas. »

M. Duhaime a aussi cette mauvaise habitude de laisser traîner les factures de taxes scolaires, d’Hydro-Québec, et de se coltailler avec son plombier.

En définitive, ça sent le gros gros mensonge, et potentiellement l’illégalité.

Si on tourne une suite au film québécois Menteur, M. Duhaime ne devrait pas hésiter à auditionner, le talent, on a ça en soi…

Et un dernier, dans la catégorie « lâche-la tranquille, la vieille madame »

Le chef du PQ qui s’opposait, à la suite du décès de la reine Élisabeth, à ce que le drapeau de Québec soit mis en berne.

Le jugement dans les talons. Ça fait décroché pas ordinaire.

Moi aussi, j’en ai rien à cirer de la royauté, monsieur PSPP. Mais la dame était très respectable, et c’est le sentiment populaire au Québec, selon moi.

Ah oui ! J’oubliais. Le trou de 12 milliards dans le cadre financier du PLQ. Rien à ajouter, je manque de qualificatifs…

Entre nous

Deux mots sur la décision du député fédéral Alain Rayes de quitter le Parti conservateur du Canada, et de siéger dorénavant comme indépendant. Ça peut paraître banal, mais ça ne l’est pas. Un saut dans le vide courageux. Un exemple utile de politicien qui assume, et souhaite vivre en paix avec ses convictions. Rarissime.

Lisez la chronique de Patrick Lagacé du 9 septembre, « Populismes »