Il est toujours possible que des balles du champ gauche atterrissent en plein milieu du terrain que se disputent les partis politiques dans ces élections.

Possible, mais à moins d’un superbe imprévu, la soirée électorale ne sera pas la conclusion du polar de l’année.

Les seuls petits frissons, et rien d’érotique, je vous jure, viendront probablement des réponses à deux questions :

Primo, le résultat du test de la force des trippeux d’Éric Duhaime à Québec ;

Deuzio, le nombre de circonscriptions que les libéraux réussiront à sauver à Montréal.

Mais là où ça sent le rififi en sous-main, c’est l’état des relations entre les candidats de la Coalition avenir Québec (CAQ) dans la région de Québec.

L’arrivée de Bernard Drainville et de Martine Biron au sein du parti a dû sonner d’aplomb, et déprimer leurs futurs collègues élus de la région.

Ils ont vite pigé que ces deux-là n’avaient pas quitté leurs places confortables dans les médias pour devenir les faire-valoir du whip en chef du gouvernement.

Non, ils se voient absolument ministres, autour de la grande table.

Surtout après avoir dû avaler, sans rechigner, l’oukase gouvernemental sur le troisième lien, comme on descend le premier shooter de la soirée en fermant les yeux et en grimaçant.

Un mauvais moment à passer pour des personnes intelligentes.

D’où l’anxiété des « collègues » avec l’arrivée de nouveaux amis.

Le premier niveau d’angoisse se vit chez les élus de la périphérie de Québec et de la Rive-Sud. Ils voient le parti de M. Duhaime évoluer et font dans leurs frocs, je vous en passe un papier.

Ils constituent à peu près les seuls élus de la CAQ au Québec à pouvoir sauter.

Ils ont beaucoup compté sur les radios toxiques lors des dernières élections, mais là, ils les ont au troufignon. Qui s’y frotte s’y pique.

Les simples députés de la région sont probablement convaincus qu’ils possèdent tout ce qu’il faut pour devenir ministres. Mais ils sont les seuls à le croire, les pauvres.

Par ailleurs, trois ministres, Geneviève Guilbault, Éric Caire et Jonatan Julien, ont sûrement vu leurs nuits de sommeil écourtées. Ça doit bouffer des médocs pour calmer la paranoïa !

On les comprend.

Au moins un d’entre eux devrait se faire signifier son avis d’éviction au lendemain de l’élection, si les deux nouveaux copains sont élus.

Mais celle qui doit chavirer le plus est la vice-première ministre, et entre autres choses ministre responsable de la région de la Capitale-Nationale, Geneviève Guilbault (GG).

GG ne les a pas vus venir, ces deux obus. Son pouvoir dans la principauté pourrait s’éroder comme les berges de la Gaspésie.

Sa place à elle au Conseil des ministres n’est absolument pas en jeu, pas une minute. Elle a acquis un statut spécial de vice-reine à la suite de sa victoire à la partielle dans Louis-Hébert.

Mais en sa qualité de ministre responsable de la région, GG a foiré.

Cela a déjà été dit, on ne se souvient pas à Québec d’un leadership régional aussi faible au gouvernement du Québec. Cela vaut pour le caucus régional des élus au grand complet, pour qui, à part le grand n’importe quoi sur le troisième lien, on ne reconnaît aucune réussite probante.

Même pas capables d’ajouter quelques millions pour refaire une beauté au pont de Québec et le rendre sécuritaire à long terme, alors que des milliards de dollars sont déjà prévus pour investir dans les infrastructures.

Médiocre et révoltant.

Ils se sont surtout illustrés par leurs tactiques d’opposition au projet de tramway de Québec.

D’ailleurs, la dernière tentative de sabotage du projet, il y a quelques mois, prétextant les voies partagées, était d’une mesquinerie désolante et souffrait d’un amateurisme lamentable.

Le résultat de cette méga-bulle au cerveau a d’ailleurs fini à la seule place prévisible : dans le mur.

Du stuff de junior.

Et donc, l’arrivée potentielle de deux adultes dans cette équipe, avec du contenu et du jugement, « ça va faire du bien ! », expression familière pour GG qu’on lui retourne amicalement.

Mais ça va brasser avec les deux nouveaux acolytes, qui découvriront in vivo la prétention de GG, qui la fait entre autres s’imaginer, prématurément, sur le trône du premier ministre, geste qui aurait déplu au patron.

Une grosse tête et une arrogante, selon les constatations de Mme Biron dans son ancienne vie.

Ils comprendront aussi que GG a peu d’inhibition, et n’est pas regardante sur le choix des moyens pour arriver à ses fins.

Et finalement, qu’ils ne se fassent pas d’illusion, les petits nouveaux : aucun de leurs collègues candidats de la CAQ dans la région ne souhaite leur élection.

Ils rêvent plutôt qu’ils mordent la poussière, même aux mains du Parti conservateur du Québec si nécessaire.

Ils ne pensent qu’a leur propre avenir à eux, et pourraient ne pas faire l’économie de jambettes fraternelles durant la campagne, si l’occasion se présente.

Entre nous

Imaginez-vous donc que, par un de ces maudits hasards, une plateforme de forage parade sur le fleuve, entre Québec et Lévis, de juillet à octobre.

Le ministère des Transports avait besoin de forages additionnels dans le fleuve, sur le tracé présumé du troisième lien, paraît-il.

Les élections, c’est toujours le 3 octobre, hein ?

Mon esprit tordu m’épuise !