Je ne sais pas si Dominique Anglade et les libéraux feront du chemin politique avec leur nouvelle proposition sur le transport collectif à Québec, mais elle a du mérite.

Si je résume, ils proposent une phase deux au projet de tramway de Québec. Les détails restent à venir, ce qui exige une certaine retenue, mais je connais le dossier pas pire.

C’est qu’à Québec, voyez-vous, dans les dernières années, l’intelligence et la science ont mauditement fait défaut dans les débats sur le transport des biens et des personnes. L’opportunisme politique étant la base d’évaluation principale des projets.

La déficience politique a pris le dessus sur la science de la mobilité.

Québec a élaboré trois différents projets de transport collectif dans les 15 dernières années.

Sam Hamad a tué le premier projet de tramway, avec la complicité des élus conservateurs fédéraux de la région, par pur opportunisme politique.

Le deuxième, celui de trambus avec un tracé sur les deux rives, a vu le Lévis politique devenir renégat et s’engouffrer dans le tunnel du projet de troisième lien, par le même opportunisme.

Et finalement, s’il n’en tenait qu’aux élus de la CAQ de la région de Québec, parti béni des périphéries, le projet bis de tramway actuel n’existerait pas, toujours pour les mêmes raisons.

Il faut donner crédit au premier ministre Philippe Couillard, qui lui, y croyait vraiment.

Les libéraux, dans le cas qui nous occupe actuellement, proposent une phase deux qui, dans l’élection actuelle, a du bon sens et apporte du concret.

Compliqué pour ceux qui ne connaissent pas Québec, mais les libéraux proposent, après le tracé est-ouest actuel dont les travaux préparatoires sont en cours, un nouveau tracé nord-sud.

Si on oublie l’idée de rejoindre l’aéroport de Québec, la qualité première de l’exercice est d’étendre le service de tramway au nord de la ville, dans les anciennes banlieues de Québec, encore plus que le fait le projet actuel.

Je me permets de rappeler qu’aux élections municipales de 2017, je m’étais opposé à un projet de tramway qui ne couvrait que le centre-ville de Québec. J’étais convaincu, et je le suis toujours, que la population se rebellerait face à un projet qui ne couvrirait que cette partie centrale du territoire.

Depuis, de chics personnes m’ont fait dire que j’étais contre tous les projets de tramway. Mais bon, rien à faire rendu là, faut lâcher prise.

Le PLQ va même encore plus loin, il croit que Lévis et Québec doivent être reliées par un tramway. Wow ! La science politique est ici kamikaze ! Mais il a raison.

Il se garde de se prononcer sur l’idée d’un lien sous-fluvial pour amener ce tramway sur la Rive-Sud, ce qui est sage.

Relier les deux rives par un moyen de transport structurant, nous y avons cru à Québec.

Jusqu’au moment où le maire de Lévis, Gilles Lehouillier, décide de renier simultanément sa parole et le projet qu’il avait contribué à élaborer, et trahisse Québec avec un magnifique salto arrière, se virant ainsi le derrière à la crèche !

Ce gentilhomme, tel Moïse au mont Sinaï, vécut la révélation et comprit que l’appui au troisième lien deviendrait plus payant pour sa réélection. Un grand leader.

Je cite un paragraphe de l’excellent article de Guillaume Bourgault-Côté sur le troisième lien, Le tunnel briseur de ponts⁠1 dans le numéro de septembre de L’Actualité : « Les études de circulation nous démontrent hors de tout doute que ce ne serait pas justifié d’investir 1,5 milliard de dollars pour un tunnel, a dit en 2011 le député libéral de Lévis. Ce dernier estimait que, pour régler les problèmes de congestion interrives, la région devait se doter de voies réservées au transport en commun. L’élu en question, Gilles Lehouillier, allait devenir maire de Lévis deux ans plus tard, et l’un des plus farouches partisans du troisième lien (il n’a pas répondu aux demandes d’entrevue pour ce reportage) ».

Rien à rajouter, sinon qu’il a déjà eu du bon sens, ce mec…

Je termine en vous informant que j’ai habité longtemps dans l’île d’Orléans, et que la proposition de M. Duhaime de construire un pont entre les deux rives, via l’Île, comme troisième lien, est folle braque.

C’était aussi l’idée de la CAQ il n’y a pas si longtemps, mais il ont laissé tomber, constatant l’imbécillité du projet.

L’Île est patrimoniale, et la moitié de sa population insulaire s’immolera avant qu’on prenne la décision d’en massacrer une partie. L’autre moitié se couchera devant le premier bulldozer qui se présentera à cette fin.

Cela importe peu pour M. Duhaime, comme son opposition au tramway, d’ailleurs.

L’objectif est d’entrer à l’Assemblée nationale coûte que coûte.

Sans foi ni loi, pourvu que ça paye.

1. Lisez le dossier dans L’actualité

Entre nous

J’ai toujours été un peu obsédé concernant l’environnement politique, social et économique en Allemagne qui a permis l’arrivée au pouvoir d’Adolf Hitler.

Pour ceux que ça intéresse, à lire : Comment meurt une démocratie, La fin de la république de Weimar et l’ascension d’Hitler, publié aux éditions L’Artilleur.

À partir de nouvelles informations déclassées, Benjamin Carter Hett nous fait un récit chronologique le plus minutieux que je connaisse de ces années, de la naissance à la fin de cette république de Weimar, avec l’arrivée au pouvoir du chancelier Hitler.

Je me suis dit qu’avec le zoo politique actuel, et à venir chez nos voisins américains, peut-être valait-il la peine de commencer à se documenter…

Comment meurt une démocratie

Comment meurt une démocratie

L’Artilleur