Le Canadien a été vendu aux trois frères Molson et c'est une très bonne nouvelle. Je ne sais pas pour vous, mais je tenais à ce que cette grande institution québécoise redevienne une propriété québécoise.

Les frères Molson sont de Montréal, ils ont grandi et ont vécu à Montréal, ils ont adopté un mode de vie montréalais et ils se sont intégrés avec respect à la majorité en parlant français tout en préservant leur culture et leur identité.

En plus, les gamins que je voyais s'amuser au Forum dans les belles années du Canadien sont devenus des hommes d'affaires et des citoyens respectés qui ont gardé leur amour de l'équipe. Ils feront de bons propriétaires et ils sauront ramener cette présence québécoise qui manque tant à l'équipe et à l'organisation. C'est normal, ils ont grandi et appris dans une organisation pour laquelle le lien avec les partisans dans tout le Québec et le reste du Canada était sacré. Ils vont exiger qu'on retisse ce lien, j'en suis convaincu.

L'ignorance et le mépris ont fait leur temps.

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Je suis content pour les Molson, mais je l'aurais été tout autant si Quebecor et René Angélil avaient pu acheter l'équipe. C'est certain que les relations de travail auraient été compliquées dans l'entourage de l'organisation, mais on ne pouvait souhaiter l'échec pour un groupe qui avait la chance de rapatrier l'équipe qui avait été fondée pour servir les Canadiens français, comme on appelait les Québécois à l'époque.

Par ailleurs, on aurait pu se réjouir de la même façon si Steven Bronfman avait réussi à remporter les enchères. Lui aussi est un Montréalais modèle. Comme dirait Pauline, mon oui est inclusif.

Et en passant, il ne faut pas oublier de souligner le travail impeccable de Jacques Ménard et de la BMO dans cette histoire. Quant à Pierre Boivin, inutile d'en ajouter, un président qui met 300 millions dans les poches d'un propriétaire n'a pas besoin qu'on souligne son mérite. Les faits parlent.

Et que dire de mes confrères de La Presse! Ces deux mois entre la primeur que le Canadien était en vente en avril et l'annonce d'hier ont été des mois stressants et très difficiles sur le plan professionnel. L'équipe a réussi à couvrir le processus sans se tromper sur les grands enjeux.

Disons que Sophie Cousineau aura attaché le grelot en décembre, qu'on aura eu la primeur du mandat de Jacques Ménard de vendre l'équipe et le reste en avril et que Jean-François Bégin a conclu le tour du chapeau dans l'édition d'hier.

Je le souligne parce que parfois, on a trop tendance à se flageller quand on commet une erreur ou qu'on manque une nouvelle.

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Quand même étrange, George Gillett aura passé sa dernière soirée à titre de propriétaire de son Centre Bell assis près de ma blonde. Gillett a fait la navette entre ses bureaux et le ringside une bonne partie de la soirée. Je suis allé m'asseoir près de lui, nous avons discuté de ce qui se passait mais il ne voulait pas commenter. Quand j'ai posé une question précise, il m'a offert une gorgée de vin blanc de son verre à bière en plastique. À une autre question plus précise d'un confrère à propos de la vente à Molson, il a seulement répondu que c'était de la boulechite.

Effectivement, à 10 heures vendredi soir, ce n'était pas encore réglé. Mais ce n'était quand même pas de la boulechite. Des dizaines et des dizaines d'avocats, de comptables et de fiscalistes enfermés avec les gens de BMO poursuivaient une ronde infernale de négociations.

Sur le plancher, George Gillett était joyeux et souriant. Assis près d'une belle blonde, ça doit aider. Mais l'idée d'empocher bientôt plus de 500 millions devait aussi le rendre de belle humeur. Il aurait les fonds nécessaires pour tenter d'éviter la faillite de son empire.

C'est dans la nuit que les poignées de main ont été échangées. Dans la journée, on a préparé un communiqué de presse émis vers 18h. Ça s'est fait tellement vite que la conférence de presse n'aura pas lieu avant une semaine ou deux. Le temps de bien préparer tout le monde.

"Il fallait agir comme ils l'ont fait. Il devait y avoir 1000 avocats et comptables engagés dans toutes les négociations", m'expliquait Serge Savard hier après-midi. "Une fois que tu as prévenu les candidats malheureux qu'ils n'auront pas le marché, le secret professionnel tombe. Ce fut une belle lutte. Dès le début, on savait que ça grimperait jusqu'à 500 millions. On était prêts et curieusement, le financement a été assez facile à mettre en place. On savait que BCE serait dans le décor. Je suis très heureux que ce soit les jeunes Molson. Ce sont de bons petits gars", de souligner le Sénateur.

Je lui ai posé la question. Et non, il n'a pas le goût d'être directeur général du Canadien: "Je ne me cherche pas un job, j'ai ce qu'il faut dans la vie. Quand j'ai appuyé la famille Molson, je l'ai fait sans condition. Mais s'ils ont besoin de moi, s'ils sont intéressés à ce que je m'engage, ils vont me le faire savoir. Je les ai vus grandir", de dire Savard qui était fort serein.

En tous les cas, il n'avait pas l'air d'un gars qui venait de perdre...

DANS LE CALEPIN - J'ai reçu des photos du party des Penguins à la résidence de Mario Lemieux. Certains fans ont la peau sensible. Ils invoquent le souvenir de Maurice Richard pour mieux s'indigner. Primo, la Coupe dans la piscine est une copie. Et deuzio, ce n'est quand même pas un calice sacré...

Le hockey est un sport, un jeu, un divertissement. Pas une religion. Ils peuvent pisser dans la Coupe (et certains l'ont fait), ce n'est pas un sacrilège. Au pire, c'est une faute de goût.