Un lecteur m'assure que sur les forums de discussion anglophones du Québec, à la radio comme sur le Web, il se fait passablement de «Québec bashing» ces jours-ci, du cassage de sucre sur le dos des chroniqueurs de La Presse qui, semble-t-il, poussent un peu fort pour que le futur entraîneur du Canadien soit un pure laine ou à tout le moins un entraîneur capable de s'exprimer correctement en français.

Les dernières chroniques de mes collègues Jean-François Bégin (Les fans ont droit à plus qu'un bonjour et un merci) et Réjean Tremblay (Le bon citoyen), pourtant écrites dans les règles de l'art, ne faisaient que refléter le gros bon sens et exprimer l'opinion de la grande majorité de la clientèle du Canadien composée, ne l'oublions pas, de 80 pour cent de francophones.

Nécessité oblige, mettons tout de suite les choses au clair, je suis ce que les «red necks» du Haut Canada surnomment un «maudit séparatisse».

Ils ont raison, je suis effectivement un maudit séparatiste.

J'ai voté oui aux deux référendums.

Et encore aujourd'hui, je discute férocement avec mes amis italiens, français et portugais qui sont en très grande partie contre l'idée d'un Québec souverain. C'est leur droit. Comme c'est mon droit de tenter de leur faire comprendre qu'il n'est pas dans l'ordre normal des choses qu'au sein du Canada la nation anglophone ait un pays alors que la nation francophone doive se contenter du statut de province.

À mes rares amis français venus s'installer au Québec qui me disent qu'en arrivant chez nous ils ont d'abord et avant tout immigré au Canada, je leur réponds, mi-blagueur, qu'ils se sont trompés, que le Canada ce n'est pas ici, que le Canada commence à la frontière qui nous permet de passer en Ontario. Les discussions durent parfois des nuits entières. Si les échanges sont corsés et le ton parfois élevé, le respect de l'opinion de l'autre demeure toujours une priorité.

À mes amis italiens, je me pourfends à leur dire que si j'avais immigré en Sicile, si ma femme était Sicilienne, mes enfants Siciliens, par solidarité et par respect pour les gens qui m'accueillent dans leur si beau coin de terre, j'épouserais illico leur cause si un jour ils leur venaient à l'idée de se séparer.

À un ami économiste qui me casse les oreilles depuis des années en me disant qu'en cette ère de mondialisation, se séparer, économiquement parlant s'entend, ce serait une très mauvaise idée, je lui réponds «Aie! baquet, économiquement parlant comme tu dis, penses-tu vraiment que dans un Québec souverain on serait encore plus dans la <i>marde</i> qu'on l'est aujourd'hui?»

Vous voyez un peu le portrait.

Maintenant, à ceux qui prétendent que mes collègues des sports à La Presse jouent les purs et durs et se comportent en maudits séparatistes, je leur suggère fortement d'aller prendre une bouffée d'air frais et de respirer profondément par le nez.

Bob Gainey a lui-même avoué que le prochain entraîneur du Canadien devra d'abord et avant tout posséder dans sa besace «un minimum d'expérience de la Ligue nationale et qu'il devra préférablement être bilingue», précisant que l'expérience sera le critère inscrit au sommet de sa liste.

Ce qui écarte pour le moment Don Lever puisque malgré ses 14 saisons passées derrière le banc d'une équipe de la Ligue nationale, malgré la grande admiration que semble lui vouer Bob Gainey, l'homme aujourd'hui âgé de 56 ans n'a jamais occupé le rôle d'entraîneur-chef.

De tous les candidats en lice à la succession de Carbo, Bob Hartley est celui qui actuellement présente le meilleur C.V. Mais encore faut-il que Gainey soit convaincu que Hartley est l'homme de la situation. Et surtout qu'il se sente confortable à l'idée de l'embaucher.

De toute façon, il est encore un peu tôt pour spéculer. On ne sait même pas si la décision finale sera celle de Gainey puisque le travail du DG du Canadien devra être réévalué à la fin de la présente saison. À la lumière des deux derniers matches du Canadien - victoire peu convaincante contre les Oilers et défaite minable à domicile hier contre les miteux Islanders, la pire équipe de la Ligue nationale à l'étranger- rien n'est aujourd'hui effectivement moins sûr.

Gainey, hier, selon les commentaires recueillis par La Presse, a avoué mieux comprendre la frustration qui animait Guy Carbonneau.

«On est embouteillés dans notre zone et les joueurs se fatiguent. On ressemble parfois à des chevreuils effrayés par des phares.»

Gainey a aussi avoué que la tâche de mener le Canadien à bon port sera plus ardue que prévu.

Pas mal, non?

Mais que les amateurs du Canadien qui ont le CH tatoué sur le coeur se consolent. Ironie du sort bien sûr, hier, à Dallas, Steve Bégin, son septième et Mike Ribeiro, son 19e, ont permis aux Stars de battre les Hurricanes 3-2, empêchant du même coup ces derniers de rejoindre le Canadien au cinquième rang de la conférence de l'Est.

Essayez maintenant de me faire avaler l'idée que Gainey n'a jamais fait de bons échanges...