Hon! La Chinoise a dépassé sa verticale. C'est, hmm, autour de 8,0. Houla! Émilie Heymans a ouvert trop rapidement dans sa rotation. Oubliez les 9,0. Et attention aux éclaboussures lors de l'entrée à l'eau.

Tendez l'oreille. Ou, encore mieux, ouvrez les deux. Depuis deux semaines, nous sommes devenus collectivement des experts dans des disciplines sportives qui, en temps normal, nous intéressent autant qu'une infopub pour la colle du Pharaon. Le Richard Garneau qui sommeille en nous se réveille aux deux ans, se synchronisant, à quelques heures près, au cycle des Jeux olympiques d'hiver et d'été.

Depuis deux semaines, je m'empiffre de télé olympique, pigeant avec appétit dans les buffets mitonnés par NBC et Radio-Canada. Un peu plus et, tel un Adam van Koeverden ou une Céline Dion en larmes, je saute dans un kayak au beau milieu du fleuve Saint-Laurent en espérant que Daniel Aucoin et Maxime Boileau décrivent ma performance avec un trémolo dans la voix.

Plus sérieusement, je ne raflerai jamais de médaille, mais j'en décernerais bien une à Annie Pelletier, qui a été impeccable dans son rôle d'analyste en plongeon. Voix posée, débit agréable et commentaires d'une précision chirurgicale, ses estimations de notes visaient quasiment toujours dans le mille. Et sans plonger dans l'excès, l'ex-championne a habilement trempé ses commentaires dans l'émotion, notamment pendant les victoires d'Alexandre Despatie et d'Émilie Heymans, ce qui injectait une belle dose d'humanité à ses interventions.

Chapeau aussi aux trois chefs d'antenne (Marie-José Turcotte, Guy D'Aoust et François Faucher), très solides derrière leur pupitre, de même qu'à Jean-Marie De Koninck, Jean-Paul Baert, Claude Quenneville et René Pothier, qui ont su nous captiver grâce à leurs propos justes et pertinents.

En excluant quelques ratés, du genre Lyne Bessette à La zone olympique, l'équipe de la SRC, autant à la télé qu'à la radio, a assuré une couverture de qualité et a exploité à fond la puissance de son impressionnante machine. J'ai notamment craqué pour les capsules de Découverte, hyper-instructives, ainsi que pour les reportages fouillés d'À l'heure de la Chine. Je doute fort que RDS et TQS, qui ont décroché les droits pour les Jeux de Vancouver 2010 et ceux de Londres 2012, aient les ressources et le talent pour concocter un menu aussi riche.

Côté sportif, oui, les caméras ont beaucoup été braquées sur les athlètes d'ici, ce qui n'a heureusement pas empêché Radio-Canada de diffuser - en direct - toutes les victoires de Michael Phelps au Cube d'eau, ainsi que celles d'Usain Bolt au Nid d'oiseau.

Côté BBM, la première semaine a été couci-couça, car le Canada mordait systématiquement la poussière dans toutes les disciplines. Les chiffres ont cependant connu une embellie le soir du vendredi 15 août, où Phelps accrochait une septième médaille d'or à son cou. «C'est clair, l'intérêt montait encore plus lorsque du talent local s'exprimait», note le directeur des sports des services français de Radio-Canada, Luc Grenier, que j'ai joint à Pékin jeudi.

Le matin du dimanche 17 août, l'audience a frôlé les 784 000 téléspectateurs, alors que la SRC retransmettait des images de nos avironneurs, de la plongeuse Blythe Hartley ainsi que la victoire de Rafael Nadal en tennis. Le lendemain soir, pour les demi-finales de plongeon et le triathlon, mettant en vedette Alexandre Despatie et Simon Whitfield, l'audimètre a grésillé à 884 000 fidèles.

Le meilleur restait à venir. Mardi, entre 9h30 et 10h, environ 886 000 personnes ont assisté aux plongeons d'argent d'Alexandre Despatie. Au total, 56% des Québécois qui regardaient la télé à ce moment précis avaient syntonisé Radio-Canada. Gigantesque.

Et à tous ceux qui râlent contre La zone olympique de Michel Villeneuve, je réponds: attendez maintenant de voir ce que le tandem RDS/TQS vous proposera pour Vancouver 2010. Pensez-vous vraiment que les conversations s'y élèveront dans les hautes sphères de l'analyse philosophico-sportive?

«Avec une moyenne de 557 000 téléspectateurs, le public a été fidèle à La zone olympique. Des critiques, il y en aura toujours. Il faut vivre avec», souligne Luc Grenier, peu ébranlé par la virulence des attaques qu'a suscitées cette table ronde.

Demain, entre 8h et 10h30, Richard Garneau, Alain Goldberg et Céline Galipeau, qui commenteront la cérémonie de clôture des Jeux de Pékin, écriront la dernière page du grand bouquin olympique radio-canadien. Après? La SRC pourra rappliquer pour décrocher les olympiades de Sotchi 2014, en Russie.

Dans mon livre à moi, les Jeux sont faits pour Radio-Canada. Comme dans: les Jeux sont taillés sur mesure pour Radio-Canada.

Je lévite

Avec Paper Planes de M.I.A. Oui, bien sûr, cette chanson extraite de l'album Kala date de plus d'un an. Mais c'est le film Pineapple Express, en l'incluant dans sa bande-annonce, qui l'a propulsée au sommet des palmarès cet été. Pow, pow, pow, pow!

Je l'évite

Pineapple Express. Un «ananavet» sans saveur, bourré de violence gratuite et de gags débiles, pas du tout comparable à Knocked Up ou Superbad, que j'ai savourés. De la purée cinématographique que même des bébés affamés recracheraient. Burp!

COURRIEL

Pour joindre notre chroniqueur: hdumas@lapresse.ca