Quoi de neuf Andréanne? Il y a des questions comme ça qui, non seulement sont niaiseuses, mais sont aussi un peu gênantes. Pourquoi gênantes?

Parce que.

Parce que la dernière fois qu'on s'est parlé, c'était il y a quatre ans tout juste. Andréanne Morin s'apprêtait à partir pour Athènes. Andréanne est avironneuse, membre du huit de pointe canadien.

Parce que je fais un métier bête comme ça, qui nous fait retrouver tous les quatre ans - quel hasard! - le numéro d'athlètes dont on ne s'est pas soucié une seconde pendant quatre ans, même pas pour rapporter aux lecteurs leur classement aux grandes régates ou aux Championnats du monde, mais tout d'un coup ça nous prend: Allo Andréanne! Allo allo ma grande! Quoi de neuf?

Pour un peu on lui demanderait comment vont ses chiens, on se souvient que lors de l'entrevue d'il y a quatre ans, à la terrasse d'un café à Georgeville, au bord du lac Memphrémagog, elle était venue avec ses chiens dont elle avait attaché la laisse au pied de la table.

Alors voilà, pour les chiens je ne sais pas, mais elle est toujours citoyenne de la très très wealthy Georgeville. Elle a terminé ses études en économie politique à Princeton, pense y retourner faire son droit, peut-être à l'automne, pas mariée, pas d'enfant. Mais ce sont là des détails, l'essentiel c'est qu'elle passe encore sa vie à London Ontario, à la base d'entraînement de l'équipe féminine d'aviron, qu'elle est toujours membre du huit de pointe dont elle est une des deux survivantes. Six nouvelles filles s'y sont greffées, et une revenante: la barreuse fétiche Lesley Thompson, 48 ans (qui a mené le bateau à Sydney pour une médaille de bronze, et une d'argent à Atlanta).

Rappelons qu'à Athènes, le huit féminin dont on n'attendait rien n'a effectivement rien fait, comme ça on n'a été ni surpris ni déçu.

C'est tout changé. Le bateau canadien est attendu sur le podium à Pékin, les filles ont chauffé les Roumaines à la dernière régate en Pologne, cela se jouera entre les Américaines, les Allemandes, les Roumaines et les Canadiennes.

Et après les Jeux, Andréanne?

Après les Jeux, peut-être la retraite mais elle ne veut pas en parler, il y a déjà eu un «avant»: après Athènes, Andréannne a laissé l'aviron pendant huit mois pour aller travailler à Bruxelles, à la Belga qui est le Bell téléphone des Belges. Puis elle est allée à Lausanne au CIO, où elle a assuré le lien avec la Commission des athlètes.

Avez-vous changé d'idée sur le grosse machine olympique en en devenant un des rouages?

J'en ai découvert la complexité. Les choses ne sont pas aussi simples qu'on l'imagine.

Au fait, ça vous fait quel âge Andréanne?

Quel hasard encore! Ça lui fait quatre ans de plus que la dernière fois qu'on s'est parlé. Comme le temps passe.

Elle aura 27 ans le jour même de l'ouverture des Jeux, le 8 août. Pas mal comme «party» d'anniversaire.