Quand un policier dégaine et fait feu, c'est qu'il croit que sa vie, ou celle d'autrui, est en danger. La vie n'étant pas un film de Bruce Willis, un policier ne tire pas de coup de semonce dans les airs.

Samedi, un policier a fait feu dans un parc de Montréal-Nord. Trois jeunes hommes ont été atteints. L'un d'eux, Fred Villanueva, 18 ans, est mort.

La défense du policier, assurément: sa partenaire était en danger.

Selon ce qu'on sait grâce à des témoins, c'est que Dany Villanueva, 22 ans, frère de Fred, a été interpellé par les deux policiers. Villanueva a déjà fait face à la justice pour vol dans le passé. Il doit encore y faire face, pour la même chose.

On ignore pourquoi il est interpellé, en ce samedi soir ensoleillé, au parc Henri-Bourassa. Infraction à un règlement municipal? Entorse à ses conditions de mise en liberté? Recherché en vertu d'un mandat?

Ce que l'on sait, c'est que Villanueva et le policier ont échangé des mots aigres-doux. Le ton a monté. Villanueva a été arrêté de façon musclée, refusant de collaborer.

Jusqu'ici, c'est un classique. Pas de quoi écrire à sa mère, je veux dire. Rien qui risque de finir à la une du journal. Ou à la morgue.

Sauf que Dany Villanueva est accompagné de quelques amis. Quelques-uns de ceux-ci, outrés de le voir en état d'arrestation, protestent. Les esprits s'échauffent.

Toujours selon des témoins, qui ont parlé à mes collègues Orfali et Croteau, c'est alors que la policière est prise à partie par quelques-uns des membres du groupe. Et la policière n'a pas le dessus dans l'échauffourée. Un des hommes l'empoigne à la gorge.

Et c'est ici que bang, bang, bang, bang, le policier tire quatre fois. Trois jeunes hommes sont atteints. L'un d'eux mourra dans la nuit à l'hôpital du Sacré-Coeur.

Hier, Montréal-Nord criait à la brutalité policière. Hier, Montréal-Nord criait à l'insensibilité culturelle, dénonçant les flics blancs qui emmerdent les citoyens portant des noms autres que Tremblay et Landry

Je ne sais pas si le policier a mal agi. Je ne sais pas s'il a joué au cow-boy. Au terme de l'enquête, la Couronne va décider si l'agent a eu raison de tirer pour sauver sa coéquipière. Si la réponse est oui, il n'y aura pas d'accusation. Si la réponse est non, l'agent fera face à la justice. On verra.

Ce que je sais, c'est que c'est toujours -TOUJOURS- une mauvaise idée de se ruer sur un flic. On s'engage alors dans une pente très, très glissante.

Et samedi soir, dans ce parc de Montréal-Nord, une policière s'est fait tabasser par quelques gars qui voulaient défendre Dany Villanueva.

Ton ami se fait arrêter par la police? Ferme ta gueule. Sors ton portable et filme la scène: s'il y a en effet brutalité policière, YouTube se chargera de faire de l'agent une «star» du web.

Mais la pire - LA PIRE- chose à faire, c'est de jouer à Rambo et d'essayer de planter le flic. Un flic tabassé, c'est un flic qui n'a plus la maîtrise de son arme.

Là, tu pousses les flics à prendre des décisions de vie ou de mort. Et il se peut que la décision ne soit pas tout à fait rationnelle. Que ce soit la mauvaise décision.

Il se peut alors que les choses finissent dans les journaux et devant les tribunaux. Et à la morgue, aussi.