Un bilan de l'été? Je veux bien. Sauf qu'il y a un problème: il n'a pas encore eu lieu. Il vient de commencer.

René Héroux, météorologue à Environnement Canada, me l'a confirmé hier matin. «Il fait beau aujourd'hui, il va faire beau en fin de semaine, ça va rafraîchir à peine et devenir chaud de nouveau. Le voilà, votre été. En fait, il a débuté cette semaine.»

M. Héroux ne l'a pas dit en ces mots, mais j'ai eu l'impression qu'il m'invitait à un peu d'ouverture d'esprit. C'est vrai dans le fond. Pourquoi nous sommes-nous mis dans la tête que l'été devait avoir lieu de la mi-juin à la mi-août?

J'appelais M. Héroux pour parler de ces mois justement, juillet surtout, où les journées défilaient comme des athlètes chinois, parfaitement synchronisées: pluie, pluie, pluie, pluie. Je me disais que peut-être qu'il m'aiderait à trouver un coupable. Le changement climatique par exemple, et donc tous ceux qui conduisent des VUS et toutes ces boutiques qui laissent la porte ouverte même si elles climatisent à fond.

Mais le météorologue n'était pas là dans son analyse.

D'abord, il a tenu à préciser que, oui, nous avons raison de trouver cet été exceptionnel: nous avons battu un record, celui de la fréquence des précipitations.

Alors même si nous avons vu quelques beaux sprints en Montérégie, en Beauce, à Anjou quand des trombes d'eau folles nous sont tombées sur la tête en très peu de temps, nous n'avons pas gagné dans la discipline «déluge», mais nous avons gagné le marathon. Nous avons fait dans l'endurance. Pluie, pluie, pluie, pluie.

Selon M. Héroux, le changement climatique n'a rien à voir avec tout ça.

«Notre climat est variable, c'est une de ses principales caractéristiques», dit-il. Parfois il fait beau et chaud, parfois il pleut et il fait froid. Oui l'été a été maussade, mais ça fait absolument partie de son caractère.

C'est probablement d'ailleurs pour cela, à cause de ces sautes d'humeur imprévisibles, que la météo nous fascine tant, nous, les Québécois, du moins tellement plus que les Danois, par exemple.

Pour les Danois, il est normal qu'il fasse froid l'été. Température moyenne: 17 degrés. Le mois où il pleut le plus? Juillet. À la place de rouspéter, donc, ils font un feu dans la cheminée et s'ouvrent une Carlsberg. Et cela ne les empêche pas d'être les gens les plus heureux du monde. Et ce n'est pas une formule creuse. C'est prouvé par des études universitaires. Leurs étés sont froids et pluvieux et ils sont heureux.

Nous, comme nous savons que nous sommes capables d'avoir de magnifiques été chauds et ensoleillés, nous vivons de l'espoir qu'un jour le Québec devienne la Provence. Nous sommes convaincus qu'à force d'en rêver, il se mettra un jour à pousser des glycines et des lauriers-roses sur les terre-pleins de la 20.

Sauf que, pour paraphraser Dr. Phil, il faut se poser la question: Veut-on avoir chaud et être bronzé ou veut-on être heureux?