Certains préjugés ne se déboulonnent pas facilement, comme celui voulant que les femmes maudissent les bidules électroniques de format VSD, ENP, DVD ou VHS.

Détrompez-vous, lecteurs mal informés (et misogynes!). Selon des données publiées cette semaine aux États-Unis, 85% des internautes qui visionnent des émissions sur le site web du réseau ABC sont de sexe féminin. Pour un feuilleton comme Private Practice, le dérivé de Grey's Anatomy, les femmes forment 90% de l'audience internet. Énorme. En comparaison, le bassin de fidèles qui suivent Private Practice en direct, devant leur bon vieux poste de télévision, se divise ainsi: 72% de femmes, pour 28% d'hommes.

Pour Grey's Anatomy, la proportion de téléspectatrices en ligne (89%) dépasse largement celle de la télé traditionnelle (71%). Même constat pour Desperate Housewives: l'audience web se compose à 85 % de femmes, contre 67% pour la diffusion traditionnelle.

Mais pourquoi? Parce qu'en grande majorité, les utilisateurs d'ABC.com constituent une «clientèle de rattrapage». Et selon la firme de consultation média Frank N. Magid Associates, les femmes, plus dévouées à leurs téléromans, s'organisent pour ne jamais les rater, tandis que les hommes s'en formalisent moins.

La lecture d'émissions en transit (le bon vieux streaming) bouscule de plus en plus nos habitudes de consommation de télévision. Aux États-Unis, les vendredis soir ne fracassent jamais de records d'audimat. Comprendre : calme plat sur les ondes. Pourtant, c'est la soirée où ABC.com, carrefour télévisuel de la mise à niveau, enregistre le plus de bourdonnement de toute la semaine.

Autre bribe d'info étonnante : les internautes retiennent deux fois plus une publicité vue dans une émission « en transit » qu'à la télé dite «normale». Le simple fait de s'asseoir sur une chaise droite devant son ordinateur, donc en position d'apprentissage, plutôt que de s'enfoncer dans un moelleux sofa, faciliterait l'absorption et la rétention des réclames.

Les recherches d'ABC ont également confirmé que les spectateurs web accumulent plus de diplômes universitaires et engrangent plus d'argent que leurs équivalents traditionnels. Environ 50% des téléspectateurs d'ABC.com n'ont pas encore soufflé leurs 30 bougies. Moyenne d'âge des fans de la chaîne conventionnelle ABC? Cinquante ans.

Reste que la lecture d'émissions en transit demeure marginale. En mai dernier, les Américains ont dévoré une moyenne de 127 heures de télévision traditionnelle, selon Nielsen, contre 2 heures 19 minutes sur le web. À titre comparatif, les téléspectateurs québécois se tapent plus d'une vingtaine d'heures de télé par semaine, un peu moins qu'une centaine d'heures par mois.

Et contrairement à ABC, les réseaux d'ici comme TVA et Radio-Canada n'offrent pas encore leurs séries dramatiques et téléromans en «streaming», car les négociations avec les organismes de l'audiovisuel –dont l'Union des artistes (UdA) et l'Association des producteurs de films et de télévision du Québec (APFTQ)– n'ont pas encore été bouclées.

J'ai très hâte que toutes ces tracasseries syndicales se règlent et que le Québec cesse de traîner la patte par rapport au reste de la planète. Imaginez avoir la possibilité de revoir, gratuitement et à n'importe quel moment, un épisode de Nos étés ou de C.A. avec deux fois moins de publicité. Et plus besoin de guetter la sortie des coffrets DVD pour assouvir notre boulimie télévisuelle. Génial, non? Bien sûr. Mais faisable? On est loin de la soupe aux lièvres, comme dirait l'autre.

Je lévite

Avec Funny Games, version américaine, de Michael Haneke. Pour les prestations époustouflantes de Naomi Watts, Tim Roth et Michael Pitt. Et pour le formidable exercice de manipulation et de provocation auquel se livre le cinéaste autrichien, qui a aussi signé le grinçant film Caché. Traumatisant.

Je l'évite

Funny Games, version américaine, de Michael Haneke. Ce huis clos pervers, cruel et insoutenable nous cloue pendant deux heures à notre sofa, qui a rarement été aussi inconfortable. Et jamais la violence n'a été présentée de façon aussi brutale –et perfide– au cinéma. Pétrifiant.