Montréal vit une sorte d'âge d'or de la boxe grâce aux PME InterBox et Gym. Avant, nous avions tout de même une boxe locale fort colorée et appréciée avec le promoteur, genre PE, Régis Lévesque. Pour ces quelques 40 années de boxe montréalaise, nous avons une dette importante envers un monsieur de Trois-Rivières, Jim Girard.

C'est lui qui a initié à la boxe Lévesque, Yvon Michel, fondateur d'InterBox puis de Gym, et Bernard Barré, directeur technique et recruteur de GYM.

À «70 ans et demi», Jim Girard est une légende à Trois-Rivières où il est né et a passé toute sa vie. Boxeur, entraîneur, juge et promoteur, dirigeant de l'équipe du Québec de boxe amateur, Jim Girard a consacré sa vie à son sport.

«J'étais un p'tit criss, je me battais tout le temps, alors mon père m'a amené à l'abbé Soucy, qui s'occupait des enfants à problèmes et qui m'a traîné au Centre Landry pour faire de la boxe. Je dirige des gymnase de boxe depuis 55 ans...»

Dans une autre vie...

Dans les années 1950, la boxe était un univers particulier... «J'étais un amateur, mais, parfois, quand il manquait un pro pour un gala, on m'appelait. Je boxais sous des faux noms. Je me suis appelé Eddie Young, Jerry Clavet, Larry King, Jean Godin... J'ai fait huit combats professionnels, j'en ai gagné quatre.

«Je recevais environ 100$ par combat, mais ma plus grosse bourse fut de 500$. J'étais, à 139 livres, le partenaire d'entraînement de Joey Durelle, le petit frère d'Yvon. Un jour, Joey m'a téléphoné du Nouveau-Brunswick. Il avait besoin de remplacer un boxeur qui ne s'était pas présenté, son adversaire! Joey m'a offert 500$ pour un 10 rounds. Je n'avais jamais fait plus de quatre rounds. J'y suis allé, j'ai fait quatre rounds et j'ai dit à Joey que je me coucherais au cinquième. Il était fâché, mais je me suis couché quand même. J'ai été hué, mais je suis sorti du ring pas trop magané et avec 500$ dans mes poches. Joey essayait toujours de me passer le K.O., même à l'entraînement.

«Durelle était venu à Trois-Rivières parce que le maire Mongrain de l'époque aimait la boxe et voulait une vedette. Il a offert à Joey une job à la Wabasso, à ne rien faire. Il n'y allait même pas et m'envoyait chercher son chèque de paye. Joey était un gars de party, toujours sur le party...»

Jim Girard s'est entraîné à Montréal aux célèbres Loisirs Saint-Jean-Baptiste, du Plateau Mont-Royal, le gymnase des meilleurs boxeurs et lutteurs du temps. Puis au Club White Owl - une marque de cigares - dans le Vieux-Montréal. C'était dans une autre vie, comme on dit.

Régis et les autres

«Régis Lévesque habitait près de mon gym de Trois-Rivières et je l'ai entraîné. Il a gagné deux combats, mais le perdant du deuxième combat voulait se venger et Régis ne voulait plus l'affronter. C'était un boxeur ordinaire et pas sérieux du tout. Il ne voulait pas s'entraîner.

«Régis a hypothéqué sa maison pour organiser un gala de boxe et il a tout perdu. Puis il s'est repris et il a regagné sa maison. C'était un vrai gambler... Il est allé à Montréal quand le promoteur Eddie Quinn est mort et il a commencé à travailler pour Johnny Rougeau.

«Yvon Michel était étudiant à l'UQTR. J'avais monté une école pour entraîneurs et promoteurs, une affaire sérieuse avec des professeurs d'éducation physique. Yvon était un bon boxeur, très tough et très courageux. Il avait même affronté Gaston Bérubé, un poids lourd. Yvon était un mi-lourd et il en avait mangé une cette fois-là.

«Mais c'était un excellent assistant pour moi. Il voulait tout apprendre. Puis il a amené son chum de l'université, Bernard Barré. Bernard était un boxeur moyen. Aujourd'hui, Yvon me dit que c'est moi qui lui a appris à faire des galas de boxe en plein air. On en faisait sur le quai, au bord du fleuve, à Trois-Rivières...»

L'entrevue avec Jim Girard a eu lieu dans son gymnase au Parc de l'Exposition de Trois-Rivières, entre le Colisée, la piste de Grand Prix et la piste de courses de chevaux. Il a de sérieux problèmes de santé et a fermé son gym pour l'été. Une trentaine de boxeurs s'y entraînent, dont le poids lourd de Shawinigan Patrice L'Heureux.

Jim Girard est veuf de sa première épouse et séparé de sa deuxième. «Je m'ennuie un peu parce que je suis toujours fatigué. J'ai un fils qui habite à Trois-Rivières et quatre frères qui sont toujours ici. Nous n'avons jamais quitté Trois-Rivières. Pour nous, ce sera toujours Trois-Rivières.

«J'espère seulement être en forme pour la réouverture du gym le 10 septembre.»

Pour The Happy Few

Les Québécois se considèrent comme des connaisseurs de hockey, mais il s'agit d'une légende. Les Québécois sont de grands amateurs de hockey, mais les vrais connaisseurs forment une minorité, y compris dans nos médias sportifs.

Pour ceux-là, pour le Happy Few qui aime et comprend le jeu, la nomination de Benoit Brunet comme analyste des matchs du Canadien est une excellente nouvelle. Le bonhomme va nous parler de la game et rien que de la game. Pas fort sur les potins de coulisses, comme il se doit. On n'est pas obligés de partager ses opinions, mais elles ont le mérite d'être celles d'un vrai sportif avant tout.

La décision du réalisateur Dominic Vanelli est brillante. Il a laissé Brunet s'habituer au micro, il l'a laissé améliorer son français - les débuts ont été difficiles -, mais son homme est maintenant prêt.

Et Brunet a un bon sens de l'humour, c'est-à-dire qu'il va rire seulement lorsque ça sera drôle.

Sa nomination est aussi une bonne nouvelle pour le descripteur Pierre Houde, qui parle beaucoup et, selon plusieurs, bien, mais dont les connaissances de sport sont limitées. Si Houde se contente de décrire ce qui se passe et laisse Brunet nous expliquer, le public de RDS sera bien servi. Bravo.