Vous arrivez au petit Hippodrome de Trois-Rivières et, surprise, le stationnement est presque plein. Et moi qui croyais que les courses de chevaux, c'était terminé au Québec. (Les activités sont suspendues à Montréal.)

Nous étions bien 500 dans le Grand Stand - c'est ainsi qu'on dit quand on est un habitué, ce que je ne suis pas -, mardi, par un soir de pluie, pour l'unique programme de la semaine. Mais 500 personnes visiblement heureuses. (À Québec, pendant ce temps, il y a deux séances par semaine et la piste de Gatineau fonctionne encore elle aussi.)

Les gens d'Attractions Québec, l'entreprise qui a acheté les quatre pistes québécoises, Alain Gingras et Suzanne Émond, ont tenté de m'expliquer dans quel dédale politico-financier l'avenir des courses sous harnais se trouvait présentement, mais je n'ai rien compris. Trop compliqué pour moi et ennuyant pour vous

Mme Émond a bien résumé.

- Est-ce que vous passez une belle soirée?

- Tout à fait.

- Aimez-vous l'ambiance?

- Beaucoup.

- Alors, voilà pourquoi nous pensons qu'il y a de l'avenir pour les courses de chevaux au Québec. Nous avons un grand défi, mais c'est un beau défi.

Je n'ai pas du tout la piqûre du gambling, mais j'aime bien voir les chevaux, j'aime le son de leurs sabots sur la piste, j'aime l'air de trompette qui annonce le départ, la voix de l'annonceur, les noms des chevaux, Harem Queen, Mamzele Leopold, Bambilou, Runformoney (Ce dernier m'a rapporté 10,80$ pour un p'tit deux.)

"La barrière est en mouvement! A-a-a-and they're off! Soft Note est à l'extérieur! Charron est toujours là! Charron est toujours là!" Il y a quelque chose de magique là-dedans.

Je n'ai pas la piqûre du gambling, alors je parie un p'tit deux, parfois cinq quand je me sens fou, des quinielas, des exactas J'ai choisi deux winners sur le nez, comme on dit, et après les 12 courses, je devais avoir perdu 10$ ou 12$. Les Bloody Ceasar m'ont coûté beaucoup cher.

Question d'espace

Au parc Laviolette - il y a toutes sortes de choses qui portent le nom du Sieur de Laviolette à T.-R., un pont, un boulevard, des écoles, des édifices - au parc donc, environ 200 petits et petites de 7 à 14 ans disputaient des matchs de soccer endiablés.

Vous savez peut-être qu'à Montréal, il y a une petite guerre entre la Fédération de baseball, celle de soccer et les propriétaires de chiens pour les trop rares terrains de jeu.

Trois-Rivières a toujours été une bonne ville de baseball. Souvenez-vous des Reds, de niveau professionnel AA, une filiale des Reds de Cincinnati. Ken Griffey père a joué à Trois-Rivières et Ken Griffey fils y est né. Le grand Johnny Bench est aussi passé par là, je pense. On voit encore des jeunes baseballeurs, mais aussi des mini-joueurs de soccer.

Y a-t-il une guerre de terrains de jeu à T.-R., une ville de 150 000 personnes?

Shany Black, un pur Trifluvien, est directeur du club Albatros, qui compte environ 1000 joueurs de 5 à 25 ans. Deux autres clubs de même dimension existent dans la ville.

«Non, il n'y a pas de tensions. Les joueurs de baebeball ont tous les terrains qu'il leur faut et nous, on aménage continuellement des nouveaux terrains de soccer. Il y a de l'espace pour tout le monde.»

L'Attak de Trois-Rivières, la filiale de l'Impact de Montréal, dispute ses matchs au stade de l'UQTR. «Ça nous aide beaucoup à motiver les jeunes. Il y a trois gars de Trois-Rivières avec l'Attak. C'est l'objectif de nos jeunes.»

Quant aux parcs à chiens, Shany n'en connaît pas. «Je sais que ça existe à Montréal, mais pas ici.»

Question d'espace, encore.

Mais il y a beaucoup de maringouins, n'est-ce pas, Shany?

«Ça, oui. Si ça vous incommode, vous feriez mieux de partir avant la noirceur. Ça peut devenir terrible»

Le charme discret de T.-R.

Je n'étais pas allé à Trois-Rivières depuis une vingtaine d'années. Je me souvenais d'une petite ville grise, un peu triste et pas très jolie.

Mais tout ça a bien changé. La ville bouge de toutes sortes d'énergies. Le boulevard des Forges n'a rien à envier à la rue Saint-Denis. On mange, boit et on s'amuse bien, en toute civilité. Je vous recommande fortement un soir de week-end au centre-ville de Trois-Rivières.

Ce que je préfère dans une ville, ce sont ses habitants. Voilà pourquoi j'adore Montréal et que j'ai un peu de difficultés avec Québec.

À mi-chemin entre les deux grandes villes, on dirait que les gens de Trois-Rivières sont dans un monde à part, indifférents aux chicanes de clochers. On entend rarement parler de Montréal ou de Québec. On est bien à Trois-Rivières. Les Trifluviens sont relaxes, souriants, allumés

Les chanceux.