Quelqu'un devrait rappeler à Mike Gillis qu'il n'est plus agent de joueurs. Le directeur général des Canucks de Vancouver a rendu plusieurs hockeyeurs très riches à l'époque où il était leur négociateur. Il semble déterminé à faire la même chose même s'il est passé du côté patronal.

Quand l'information a filtré hier que Gillis avait offert un contrat de 20 millions pour deux ans à Mats Sundin, je me suis rappelé un épisode vieux de sept ans.

C'était le 1er juillet 2002. Gillis était alors l'agent de Bobby Holik, qui venait de récolter 54 points en 81 matchs avec les Devils du New Jersey. Au terme d'une dure journée de négos, brillamment racontée par le journaliste Bruce Dowbiggin dans le livre Money Players, Gillis avait réussi à soutirer la somme phénoménale de 45 millions pour cinq ans aux Rangers de New York, certainement l'un des contrats les plus obscènes jamais signés par un joueur de la LNH. Au lendemain du lock-out, les Rangers avaient d'ailleurs racheté les trois dernières années du contrat de Holik (qui a signé une entente nettement plus raisonnable de 2,5 millions pour un an avec les Devils, hier).

«Maximiser le salaire est la plus importante partie de mon travail», expliquait à l'époque Gillis, dont la liste de clients comprenait des joueurs tels Pavel Bure, Mike Richter, Mathieu Dandenault, Tony Amonte et Markus Naslund. Il n'a manifestement pas changé son fusil d'épaule depuis qu'il a sauté la clôture!

Il est loin d'être certain que Sundin, dont on ignore toujours s'il poursuivra sa carrière la saison prochaine, acceptera l'offre des Canucks. Il pourrait très bien s'entendre pour une somme plus modeste avec une équipe dont les chances de gagner la Coupe Stanley sont meilleures, comme les Rangers ou les Red Wings de Detroit.

Mais l'offre est sur la table. Et elle est franchement démesurée. Mats Sundin est un authentique leader, un joueur toujours aussi habile et productif malgré son âge avancé, capable de transformer n'importe quelle équipe à part bien sûr les Maple Leafs de Toronto, exclus des séries lors des trois dernières saisons.

Mais 10 millions par année? Si c'est le genre de contexte débile dans lequel Bob Gainey doit travailler, il est parfaitement compréhensible qu'il n'ait pas fait d'offre à Sundin, comme le voulaient les rumeurs qui circulaient hier.

Gillis ne s'est par ailleurs sûrement pas fait trop d'amis chez ses homologues en présentant une offre de 7,5 millions pour trois ans au joueur autonome avec compensation David Backes, des Blues de St. Louis. L'offre n'a rien donné - les Blues l'ont égalée - si ce n'est de contribuer à l'effervescence d'un marché ridiculement inflationniste. Le genre de marché où Jeff Finger empochera 3,5 millions par saison pendant quatre ans (les Maple Leafs ne cesseront jamais de nous étonner) et où saint-Cristo, que j'aime beaucoup par ailleurs, convainc les Blackhawks de Chicago de lui donner un contrat de quatre ans à 5,6 millions par année.

C'est du bidou, ça, monsieur.

Bob Gainey n'est quand même pas resté inactif. Il a même conclu une très bonne affaire en faisant signer un contrat de trois ans qui rapportera un total de 9,75 millions à Andrei Kostitsyn.

Aux côtés de Tomas Plekanec et Alex Kovalev, le jeune Biélorusse a finalement justifié la foi qu'avaient placée en lui les recruteurs du Canadien quand ils en ont fait leur premier choix au repêchage de 2003. Pour un gars qui a marqué 26 buts la saison dernière et risque d'en marquer au moins une trentaine par année pendant longtemps, Kostitsyn ne coûte pas cher. Surtout quand on songe que Jeff Carter, qui ne compte qu'une année d'ancienneté de plus, a obtenu 15 millions pour trois ans des Flyers de Philadelphie.

Répétons-le: la décision de repêcher le frère de Kostitsyn, Sergei, au septième tour du repêchage de 2005, a été un trait de génie. Non seulement Sergei a-t-il démontré l'hiver dernier qu'il avait l'étoffe d'un (très bon) joueur de la LNH, sa présence à Montréal a constitué un argument de vente important pour le Canadien dans les négociations avec Andrei, qui était courtisé par la nouvelle Ligue de hockey continentale, en Russie.

Une dernière question: si Mats Sundin vaut 10 millions par année, combien vaut Marian Hossa?