La bonne nouvelle pour Jacques Villeneuve, c'est qu'il participera à la course de Nationwide de Montréal, le 2 août. La moins bonne, c'est que ses démarches en vue de se trouver des commanditaires et un volant à plein temps dans la série Sprint l'an prochain avancent, de son propre aveu, «à pas de fourmis».

En conférence de presse dans son restaurant de la rue Crescent, hier, l'ancien champion du monde de F1 a confirmé qu'il piloterait la Toyota Camry numéro 32 de l'équipe Braun Racing lors du NAPÀ Pièces d'auto 200 de Montréal. (Qui a dit que la course automobile n'était pas poétique?)

Villeneuve aurait pu plus mal tomber: Kyle Busch et Denny Hamlin, deux des cinq pilotes qui se sont glissés derrière le volant de cette voiture cette année, sont montés un total de cinq fois sur le podium.

Autrement dit, le Montréalais ne pilotera pas un citron.

Villeneuve est conscient du risque qu'il court en participant à cette épreuve, disputée sur le circuit qui porte le nom de son père. «C'est un circuit routier que je connais bien et je suis donc censé être rapide. Même une deuxième place serait perçue comme décevante et ça pourrait être dangereux», dit-il.

À l'entendre, sa familiarité avec le circuit Gilles-Villeneuve, acquise en Formule 1, dont les monoplaces agiles n'ont rien à voir avec les lourdes bagnoles du NASCAR, pourrait même jouer contre lui. «Ça va être tellement différent de ce que je connais sur ce circuit, ça pourrait être un peu une surprise», fait valoir Villeneuve, qui pourra s'acclimater à la voiture lors d'essais en Caroline du Nord, mardi et mercredi prochains.

Il nie toutefois que la course de Montréal soit pour lui celle de la dernière chance dans sa tentative jusqu'ici infructueuse de se dénicher un volant en Sprint, la série reine du NASCAR. «Les courses sur circuit routier ne changent pas la perception des équipes NASCAR, soutient-il. En Sprint, il n'y a que deux courses sur ce type de circuit et plusieurs pilotes en profitent pour se faire remplacer. L'important, ce sont les performances sur ovale.»

Il reconnaît néanmoins que courir à Montréal lui donnera l'occasion de «démontrer aux commanditaires le potentiel d'engouement des fans». Une démonstration qui semble, étonnamment, ne pas encore avoir été faite.

Cinq mois se sont écoulés depuis qu'il a appelé à la rescousse son ancien patron en Indy, Barry Green, après qu'il se fut séparé de son manageur, Craig Pollock. Cinq mois depuis qu'il a perdu sa place chez Bill Davis Racing. Cinq mois au cours desquels Normand Legault, promoteur du Grand Prix du Canada et de la course Nationwide, a accepté de lui donner un coup de main dans ses démarches auprès du Québec Inc.

Malgré tout, le commanditaire qui pourrait lui ouvrir les portes de la série Sprint tarde à se manifester.

«On aimerait bien être plus avancés, admet Villeneuve. Ça avance à petits pas de fourmis. Mais au moins les fourmis ne se fatiguent pas. On verra jusqu'où ça va aller, mais un bon week-end à Montréal aiderait.»

Pour la course de Nationwide, Villeneuve a obtenu l'appui financier de la division montréalaise du fabricant de jeux vidéo Electronic Arts, de Via Rail, de la chaîne de L'Équipeur et d'autres entreprises dont l'identité devrait être annoncée la semaine prochaine.

Le tout a apparemment été ficelé au cours des derniers jours. «De voir la quantité de commanditaires qui veulent se lier à l'aventure à Montréal me donne des pensées un peu plus positives qu'avant», indique Villeneuve.

Pour lui, le problème reste toutefois le même que l'hiver dernier: il y a un monde de différence entre commanditer un pilote pour une course et le faire pour une saison entière. On souhaite la meilleure des chances à Villeneuve, mais dans le contexte économique actuel, trouver entre 15 et 25 millions de dollars est une mission pour le moins difficile.