Un chauffeur de taxi qui roule à tombeau ouvert sur l'accotement. Un autre conducteur qui hésite perpétuellement entre deux voies. Des cyclistes et des piétons qui tentent de se frayer un chemin parmi les véhicules qui ne leur laissent aucune chance. Bienvenue dans le réseau routier de Pékin!

Attention, ce pourrait être pire. Dans les régions rurales, le Xinjiang par exemple, vous pourrez voir encore beaucoup d'ânes, et même quelques chameaux, qui tirent des charrettes. Ajoutez quelques tracteurs. N'oubliez pas non plus les mobylettes qui font voler la poussière du désert tout proche.

Ouf!

Ce mélange de différents moyens de transport s'avère un cocktail dangereux pour les Chinois. Et les étrangers qui osent prendre le volant.

Planté à l'intersection de deux rues de Pékin, l'Américain Kelly Brant raconte ses aventures sur les routes de la capitale qu'il habite depuis 12 ans. «Partout où vous allez, vous devez regarder parce que, même s'il n'est pas censé y avoir de voitures de tel côté, il se peut bien qu'il y en ait une quand même.»

À l'heure de pointe, explique-t-il avec à-propos, les voies changent de direction selon l'heure de la journée, sans que personne n'ait à l'indiquer à l'aide de pancartes. Tout ça se fait naturellement. «Pour les étrangers, ça a l'air chaotique. Pour les Chinois, c'est comme une rivière qui trouve son chemin en contournant les obstacles.»

Sauf que la «rivière» sort de son lit plus souvent qu'à son tour et fait de nombreuses victimes au passage. Selon les dernières données de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), la route a tué 250 007 personnes en Chine en 2002.

C'est trois fois plus que le nombre de victimes du tremblement de terre du Sichuan le mois dernier. En termes relatifs, la Chine a deux fois plus de morts sur ses routes que le Canada, selon l'OMS.

La Chine, qui a une façon différente de compter ses morts, soutient que le taux de mortalité sur les routes a diminué ces dernières années. N'empêche que le test qu'elle fait passer aux étrangers pour l'obtention du permis de conduire ne laisse pas de doute sur les risques routiers.

«Si vous arrivez sur les lieux d'un accident et constatez qu'une personne est inconsciente sur la route, vous devez la secouer énergiquement pour la ranimer. Vrai ou faux?», demande-t-on.

Il y a aussi celle-ci, encore plus, disons, imagée: «Si vous arrivez sur les lieux d'un accident et constatez qu'une personne est inconsciente sur la route et que ses organes internes sont éparpillés sur le sol, vous devez immédiatement les remettre dans le corps de la victime. Vrai ou faux?»

Étrangement, ce sont peut-être les problèmes de congestion dans les grandes villes de la côte Ouest qui ont aidé à réduire le fléau.

«Il y a plus de voitures, il y en a trop, explique Zhu Xiuzhi, qui conduit un taxi depuis 10 ans à Pékin. On ne peut pas conduire vite.» Et comme on conduit moins vite, la mort est plus souvent évitée.

Le Canadien Richard Liu - qui a obtenu son permis de conduire chinois l'an dernier, 14 ans après son arrivée à Pékin - reconnaît que la conduite à Pékin «constitue un défi au début».

Mais il dit avoir vu une amélioration dans la conduite des Pékinois, fruit de campagnes de sensibilisation. «Les gens sont plus courtois, dit-il. Les conducteurs sont aussi plus expérimentés qu'à l'époque.»

Donc, des as de la route, les Chinois? Ceux qui ont survécu, sans doute.

Sur mon blogue cette semaine

Samedi - Censure à la chinoise

Je vois, à la une de l'Economist, un article sur le populisme en Chine. Le sommaire: «Même s'il n'a pas à affronter l'électorat, le parti communiste chinois veut être aimé. Il n'y a rien de mal à ça, même s'il y a aussi des dangers au populisme, page 35.» Je tourne les pages: 31, 33, une pub, 39. Oups! La page 35 n'existe pas.

En fait oui, elle existait, mais en regardant bien, on voit qu'elle a été... déchirée!

Mardi - Un navire nommé Japon

La Chine a reçu en cette journée de la Saint-Jean la visite d'un navire de guerre japonais. C'était la première depuis la Seconde Guerre mondiale et le souvenir qu'ont gardé les Chinois des Japonais est celui d'un peuple barbare prêt aux pires atrocités pour les humilier.

Mercredi - Les cactus mexicains menacés

La Chine a reçu en cette journée de la Saint-Jean la visite d'un navire de guerre japonais. C'était la première depuis la Seconde Guerre mondiale et le souvenir qu'ont gardé les Chinois des Japonais est celui d'un peuple barbare prêt aux pires atrocités pour les humilier.

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