Fin novembre, à l'angle de Plaza St-Hubert et Beaubien. Je marche vers le métro, comme des milliers de personnes le font tous les matins, pour me rendre au travail. Un policier m'arrête parce que j'ai traversé la rue à l'intersection alors que le feu de circulation était rouge. Résultat: contravention de 41$.

Pendant que j'attends patiemment que l'un des patrouilleurs remplisse le constat d'infraction, nous sommes plus d'une dizaine à avoir été interpelés pour la même raison. Systématiquement, un policier arrête les piétons en infraction alors que l'autre imprime des contraventions, une à toutes les une ou deux minutes.

Je suis bien d'accord, j'ai commis une infraction. Qui n'en commet pas? Traverser la rue entre deux intersections si les coins de rue sont distancés, rouler à vélo sur un trottoir inoccupé, omettre son clignotant lors d'un virage, rouler avec un phare brûlé, pour n'en nommer que quelques-uns. Infraction, oui. Mais d'une gravité bien faible.

Pour qu'une situation ne s'aggrave ou ne perdure pas, il faut agir, je l'admets. Se taire, c'est aussi consentir. Par contre, je ne comprends pas pourquoi ces officiers ont décidé de systématiquement donner des dizaines, probablement même des centaines de contraventions ce matin-là. Afin de corriger la situation? De passer un message clair aux piétons du quartier que traverser sur un feu rouge est une infraction? Est-ce qu'un constat d'infraction aurait eu le même effet que la contravention? À mon sens, probablement.

Le sentiment qui me reste, malheureusement, est l'impression d'un acte de coercition que je trouve difficile à expliquer par un autre raisonnement qu'un quota de contraventions à atteindre ou un manque de jugement face au choix des méthodes pour corriger certaines infractions mineures.

Personnellement, je vis à Montréal depuis plus de 15 ans. Je marche, je conduis un vélo et aussi une voiture, sans jamais avoir eu de contravention jusqu'à aujourd'hui. Par contre, j'ai eu le déplaisir d'avoir vécu deux violations de domicile.

Je reste encore un peu bouche bée à regarder ce bout de papier qui me réclame 41$.