Une phobie de la fièvre?

Une phobie de la fièvre?

Jade Bérubé, Montréal

Récemment, ma fille de deux ans faisait, depuis trois jours, 39 degrés de fièvre et se tordait de douleur au ventre. Soucieuse de ne pas engorger les urgences - ma fille a séjourné à l'hôpital assez assidûment pour que j'en comprenne les conséquences -, j'ai fait la file dehors pour une place à la clinique de mon quartier. Après quelques heures, nous voyons un premier médecin qui songe à la scarlatine. On fait une culture de gorge et on nous retourne à la maison en nous promettant de nous rappeler pour nous informer des résultats. Le lendemain matin, la fièvre de la petite grimpe encore et je ne parviens pas à la faire descendre. C'est la quatrième journée. Je retourne faire la file au même endroit. Nous voyons un deuxième médecin. On attend toujours les résultats et on nous retourne à la maison, alors que ma fille ne marche plus et ne se tient plus debout tellement elle a mal. Le cinquième matin, j'appelle à la clinique. J'apprends alors qu'on a perdu la culture de gorge de ma fille. Je ne tiens plus en place. On me recommande, sur un ton agressif, de foncer aux urgences. J'attends 10 heures à l'hôpital. On lui fait une deuxième culture de gorge et on me dit qu'on me rappellera, mais on doute que ce soit la scarlatine. Je suis un parent qui ne veut pas engorger les urgences. Autour de moi, dans la salle d'attente, je fais la triste connaissance de plusieurs parents qui ne veulent pas, eux non plus, engorger les urgences. J'entends partout: «On m'a envoyé ici». Un bébé fiévreux, les pieds bleutés. Là, une fillette qui fait des convulsions. On nous dit d'attendre trois jours de fièvre avant de consulter. Le lendemain, d'attendre quatre jours. Le délai change au gré de l'engorgement des hôpitaux. Un jour, ça sera peut-être une semaine? Les médecins oublient-ils que nous ne sommes pas médecins? Pour évaluer l'état de mon enfant après des jours de fièvre, je me fie aux médecins. Me juge-t-on de cela? J'ai lu dans les journaux que les hôpitaux déplorent une «phobie de la fièvre» inexpliquée chez les parents. Après des campagnes de vaccination comme celles de la A (H1N1) et moult campagnes de peur, je trouve déjà l'énoncé scandaleux. Mais à la lumière de ce que je viens de décrire, c'est carrément une gifle dont nous n'avions pas vraiment besoin.

Les vautours

Jean-François Boisvert, Montréal

En parcourant récemment un site internet d'actualité économique, mon attention a été attirée par la publicité d'une lettre financière qui offrait des moyens de tirer profit d'un éventuel effondrement de l'euro. Je ne suis pas allé plus loin, me doutant bien que cette entreprise proposerait, moyennant des frais d'abonnement, des stratégies de ventes à découvert ou d'options permettant effectivement de faire des profits intéressants. Si l'économie européenne s'écroulait ou, du moins, connaissait une sévère récession; le titre m'avait suffi. À mes yeux, il résumait bien les problèmes que nos économies rencontrent présentement et en identifiait du même coup la source. Des gens perdent leur emploi, leur maison, d'autres voient leur salaire ou leur pension de retraite diminuée, se retrouvent dans des situations précaires et doivent se débattre pour tenter de survivre face à des conditions de plus en plus difficiles. Pendant ce temps, insensibles à ces problèmes, des rapaces s'enrichissent en spéculant sur les mouvements des économies, sans se soucier que ces transactions amplifient les crises et aggravent les peines de millions de personnes. Les titres d'entreprises, les devises, les aliments, le pétrole, tout devient désormais objet de spéculation, dans un vaste jeu dont les perdants involontaires sont de plus en plus nombreux et les gagnants, inversement plus rares. Nous ne verrons pas de solutions économiques réelles et durables tant que nous permettrons de telles activités et que nous tolérerons que des vautours se repaissent, souvent avec un froid cynisme, de la misère d'une portion importante et croissante de la population.

Les vignettes de la colère

J.M. Cloutier

Je suis un résidant du faubourg des Récollets de Montréal et je n'ai pas à payer pour stationner ma voiture sur ma rue. Toutefois, si j'habitais dans le Plateau, ce privilège, si on peut appeler ça ainsi, me coûterait 140$. Je serais alors non seulement en colère, mais je contesterais cette pratique injuste. Pourquoi devrais-je payer pour une vignette me permettant de stationner ma voiture dans ma rue, tandis que l'individu qui demeure sur la rue François-Prévost à Montréal s'en tire gratuitement? La vignette devrait être émise sans frais aux résidants qui peuvent prouver que leur domicile est dans le secteur visé par ce règlement. On sait très bien que sans vignette, ces pauvres résidants seraient incapables de trouver un endroit où garer leur voiture. Les espaces disponibles deviendraient la proie des résidants de l'extérieur, qui prendraient avantage de se garer près d'un métro pour filer vers le centre-ville. Je ne crois pas que ce soit aux résidants qui demeurent près d'une station de métro de payer. Ils devraient plutôt être félicités pour leur sens écologique, évitant de prendre leur voiture pour simplement se rendre à l'épicerie, par exemple. Quant à l'administration municipale, non seulement elle rendrait un service à ses résidents, mais réaliserait des revenus.

Administration stérile

Michel Frankland, Montréal

Chaque année, depuis que j'ai subi une opération pour le cancer de la prostate il y a huit ans, je passe au prélèvement pour le test APS. Le résultat est négatif année après année. Puisque le test est négatif, en quoi est-ce utile que le spécialiste me convoque? On peut inférer qu'un grand nombre se font dire la même chose. Cette méthode administrative stérile enlève un temps précieux à un spécialiste que nous payons fort cher et qui serait plus utile à raccourcir la liste dangereusement longue des actes chirurgicaux en attente. Un courriel ou un téléphone de la secrétaire du spécialiste prendrait moins de temps, serait moins coûteux et tout aussi utile. Relions ce constat aux nombreux secteurs administratifs de la santé, manifestation d'une incompétence grave dans la gestion.

Comme au temps des bûchers

Geneviève Lacasse, Outaouais

Autrefois, on les menait au bûcher, comme s'ils étaient possédés du démon. Plus récemment, on les enfermait dans les asiles de fous, où ils étaient maltraités et subissaient des électrochocs, par des êtres censés bienveillants. Maintenant, depuis le virage ambulatoire et autres inepties, on les renvoie dans la rue en leur souhaitant parfois bonne chance et ils risquent de se faire descendre, parce qu'ils ont un air bizarre. Mon petit frère, schizophrène et victime du virage ambulatoire, jeté dehors avec ses prescriptions de pilules, a préféré sauter du haut du mystique pont Jacques-Cartier, directement sur les rochers, pour ne pas se manquer et en finir, en avril 2003. Et je le pleure depuis, lui et tous ses semblables: les bizarres, les apeurés, infiniment vulnérables et sans autre recours que la fuite, car ils vivent dans la terreur.... Repose en paix, mon cher petit frère Guillaume. Car très peu est encore réalisé pour aider les gens souffrant de maladie mentale. Ils sont encore considérés comme des parias, comme au temps des bûchers.

Le germe de l'intimidation

France Houle, résidante de Sherbrooke, mère de trois enfants et enseignante au secondaire.

Observez bien dans quel environnement baignent nos jeunes depuis qu'ils sont tout petits. On les branche sur des films qu'ils regardent bien passivement, pendant qu'on essaie de reprendre notre souffle en revenant de travailler. Ils passent ensuite naturellement aux petits jeux éducatifs sur l'ordinateur, puis aux jeux vidéo. Avec le temps, ça devient une habitude parce que ça nous arrange de ne pas nous taper le terrain de jeux et les parties de cache-cache. Aller jouer dehors, ça finit par être une corvée pour eux aussi. Le temps passe et on relâche de plus en plus notre vigilance parentale sur les émissions qu'ils regardent, sur les jeux vidéo qu'ils choisissent. Ils finissent par avoir leur propre adresse courriel, puis leur page Facebook, quand ce n'est pas leur site personnel. Il leur faut aussi un téléphone, c'est si pratique pour les joindre n'importe où, n'importe quand. Et tout ça, c'est quand on se mêle un peu de leur vie. Nous, on regarde Occupation double, Qui perd gagne, et autres téléréalités et l'on s'époumone à critiquer les uns et les autres, sans la moindre censure. On invite des amis à souper et après, on en a pour des heures à parler dans leur dos. On se permet n'importe quel commentaire sur l'internet, sans le moindre scrupule. Au cinéma, à la bibliothèque, aux rencontres de parents, les gens ne savent plus chuchoter et parlent au téléphone sans gêne. Des animateurs jurent en ondes, se permettent n'importe quelle vulgarité. Sur l'internet, on peut regarder des gens se planter et s'humilier et ensuite, partager nos découvertes avec la planète. Avez-vous déjà entendu les paroles des chansons que nos enfants écoutent? Avez-vous vu les vidéos des vedettes qu'ils aiment? Tout est permis. On peut devenir célèbre tellement facilement! Comment voulez-vous qu'un jeune, qui baigne là-dedans depuis toujours, comprenne qu'on doit traiter les autres avec respect? Traiter son ami de con, ce n'est pas grave. Rater un examen de maths? Ce n'est pas grave, elle veut devenir chanteuse! Nommez-moi des modèles inspirants pour nos jeunes. Vite, comme ça, sans y réfléchir... Le voilà, votre germe.

LES BONS SAMARITAINS



Louanges
à un policier

Germaine Lemieux, 90 ans

Un vendredi de la fin décembre, je décide de sortir avec mon déambulateur marchette que l'on dit «d'excursion», donc apte à m'aider à déambuler dans cette première neige. Je suis sur la rue Saint-Laurent, au sud de l'avenue des Pins. Le feu est vert, je peux donc traverser. Un policier m'ayant vue sort de son auto-patrouille en coup de vent afin de me venir en aide. Puis il m'ouvre la porte du café où je me rendais. Cessons de critiquer nos policiers. Nous avons besoin d'eux.



Redonner foi en la nature humaine

Louise Loubert, femme d'affaires de Sainte-Marthe-sur-le-Lac.

La veille de Noël, pendant que nous fêtions en famille, à Montréal, ma voiture étant stationnée sur la rue De Lorimier, un conducteur a fracassé mon rétroviseur gauche. Quelle désagréable surprise à 3h du matin! Toutefois, je tiens à féliciter cet homme pour sa conscience sociale, car il a laissé une note sur mon pare-brise pour nous signaler qu'il était responsable de ce malheureux incident. Nous l'avons joint et il s'est confondu en excuses et s'est porté volontaire pour défrayer le coût de la réparation. Que c'est réconfortant de constater qu'il existe encore des gentilshommes en ce monde où tout semble déséquilibré! Merci Monsieur de me rendre ma foi en la nature humaine!