C'en est trop! C'est la nième fois - en deux mois - qu'une femme se lève pour me laisser sa place dans le métro alors qu'elle est entourée de trois ou quatre messieurs assis. Bien sûr, ceux-ci sont trop occupés. Ils regardent leurs belles chaussures cirées du matin, écoutent leur musique avec concentration afin de bien mémoriser les notes, ou encore ils rêvassent, les yeux légèrement fermés - c'est plus pratique quand on ne veut pas être dérangés.

C'en est trop! C'est la nième fois - en deux mois - qu'une femme se lève pour me laisser sa place dans le métro alors qu'elle est entourée de trois ou quatre messieurs assis. Bien sûr, ceux-ci sont trop occupés. Ils regardent leurs belles chaussures cirées du matin, écoutent leur musique avec concentration afin de bien mémoriser les notes, ou encore ils rêvassent, les yeux légèrement fermés - c'est plus pratique quand on ne veut pas être dérangés.

Si vous ne l'aviez pas encore deviné, je suis enceinte de sept mois. Mais je pense que ce billet aurait pu être écrit par la vieille dame qui prend également les transports en commun tous les jours.

À celui ou celle qui oserait me mettre ce comportement de l'homo sapiens montréalais sur le compte de l'égalité des sexes, je dis baliverne! «Vous avez voulu l'égalité, vous serez traitées comme des hommes.» Laissez-moi rire. Aujourd'hui, ce ne sont plus des hommes que je vois promener dans les rues de Montréal, ce sont des mauviettes sans éducation. Tenir une porte, laisser passer une dame devant soi, aider une jeune mère à porter une poussette... Je pensais que c'était inscrit dans le code génétique des mâles, mais non. Il devient urgent d'instaurer des cours de galanterie - des cours de propreté pourraient aussi servir à certains, mais ceci n'est pas le sujet de mon billet.

Aujourd'hui, je suis inquiète. Et avec raison. J'attends une petite fille. La question qui me hante jour et nuit, c'est de savoir ce qu'elle va bien pouvoir se mettre sous la dent ici. Très vite, il va falloir l'envoyer dans des colonies de vacances à l'étranger pour qu'elle se rende compte que ce manque de civilité des messieurs n'est pas une normalité. En tout cas, je sais qu'il faudra que je l'éduque.

Eh oui, mesdames - et messieurs -, les filles aussi, il faut les éduquer. Dans le métro, il arrive régulièrement que personne ne m'offre son siège; et rester debout n'est plus une option pour moi, alors je demande. Il y a trois semaines, la dame était si peu enchantée de me laisser sa place, que j'ai eu droit, pendant trois stations, à un échange très intime avec son derrière qui s'appuyait sur mon épaule droite à chaque fois que la rame freinait...

Les transports en commun, ça vous endurcit dit-on.