Au début de ma retraite, j'ai réalisé un projet qui me tenait à coeur : je suis allé remercier deux professeurs, qui avaient été significatifs pour moi lorsque j'avais 15 ans, et que je n'avais pas revus depuis 45 ans.

Au début de ma retraite, j'ai réalisé un projet qui me tenait à coeur : je suis allé remercier deux professeurs, qui avaient été significatifs pour moi lorsque j'avais 15 ans, et que je n'avais pas revus depuis 45 ans.

Le premier est un Jésuite. En 1963, il avait été mon « père spirituel » comme on disait alors dans les collèges classiques. Il n'a pas été difficile à retrouver : il suffit d'appeler dans n'importe quelle maison des Jésuites pour avoir les coordonnées d'un membre de la communauté. Par chance, il était toujours bien vivant à 87 ans. Quand je lui ai dit au téléphone : « Je veux vous rencontrer pour vous remercier de ce que vous avez été pour moi il y a 45 ans », il a été surpris mais bien content de cette reconnaissance tardive. Je suis allé lui rendre visite à sa résidence. Nous avons passé un moment très agréable ensemble, nous rappelant tel ou tel élève ou professeur et nous donnant des nouvelles de l'un ou de l'autre collègue, quand nous en avions. Je lui ai dit qu'il m'avait aidé à m'ouvrir l'esprit et à élargir mes horizons au début de mon adolescence.

Le second est un laïc dont je n'arrivais pas à retrouver les coordonnées dans le bottin téléphonique. Par chance, il a écrit un article d'opinion dans un quotidien. Espérant que ce soit la bonne personne, j'ai demandé au quotidien en question de faire suivre un courriel à leur correspondant. Deux jours plus tard, cet ancien professeur, qui m'avait enseigné en 1962, m'appelle : « Je ne me souvenais pas de toi, mais je suis allé voir mes vieillies photos de groupes d'étudiants et je t'ai replacé. » Il a maintenant 78 ans. Nous sommes allés dîner ensemble dans un restaurant tout près de chez lui : c'était bien normal que je me déplace. Ce furent de belles retrouvailles. Nous avons échangé chacun un livre que nous avons publié. Je lui ai dédicacé l'unique livre que j'ai écrit : « Vous avez joué un rôle dans l'écriture de ce livre. Je vous en remercie. » Il était ému, je crois. Nous sommes restés en contact par courriel.

Épilogue : ma fille aînée enseigne les sciences au secondaire. Quand je lui ai raconté cela, elle m'a dit : « J'aimerais ça que, dans 45 ans, un de mes anciens élèves me courrielle pour me dire que je l'ai aidé à ce moment-là de sa vie. »

Et vous, vous souvenez-vous d'un professeur qui a joué un rôle important dans votre jeunesse ? Peut-être n'est-il pas trop tard pour le remercier... avec un peu de chance dans vos recherches.