Avez-vous déjà pensé visiter la tour Cinzano (Pise), la Via Barilla (Appia) à Rome, ou encore la tour Perrier (Eiffel) à Paris, ou le Taj Tata (Mahal) en Inde? Ce serait un grand dommage pour la culture, le tourisme et l'histoire si les pays qui abritent ces splendeurs décidaient de les commanditer!

Avez-vous déjà pensé visiter la tour Cinzano (Pise), la Via Barilla (Appia) à Rome, ou encore la tour Perrier (Eiffel) à Paris, ou le Taj Tata (Mahal) en Inde? Ce serait un grand dommage pour la culture, le tourisme et l'histoire si les pays qui abritent ces splendeurs décidaient de les commanditer!

Les commandites et la publicité envahissent de plus en plus nos vies comme si nous n'étions que des consommateurs: les panneaux urbains ou routiers, tous nos écrans, les salles de concert et de théâtre, les vêtements que nous portons. Sans compter les infrastructures de nos villes et villages: arénas, centres sportifs, pavillons universitaires et centres culturels portent les enseignes de multinationales ou d'entreprises locales florissantes qui, un jour, seront peut-être offertes à des investisseurs étrangers avides.

Dommage pour la continuité d'abord. On a vu comment le stade Jarry est devenu Du Maurier puis Uniprix... Comment s'y retrouver dans une ville dont le nom des lieux change constamment? Puis lorsqu'un lieu aura été identifié au nom d'une entreprise qui tombera en faillite ou en mauvaises affaires? Imaginez une ligne de métro ou un large boulevard nommé Norbourg? Faudra-t-il faire comme dans les anciens pays de l'Est et les «dénommer» comme on le faisait lorsqu'un personnage tombait en disgrâce? 

Régulièrement, des citoyens s'inquiètent du manque de culture historique des jeunes. Dans les villes et villages, les lieux, les places et les édifices publics peuvent façonner cette culture. Ils peuvent constituer en quelque sorte le dernier retranchement des identités culturelles et historiques puisque tout le reste porte l'empreinte de la publicité et du commerce d'une planète mondialisée.

Un jour, chacun d'entre nous deviendra-t-il une sorte d'homme ou de femme-sandwich qui déambulera dans une tenue de ville aux couleurs de l'entreprise qui nous commanditera? Nous promènerons-nous encore dans les rues de Genève, Montréal ou Tokyo, mais plutôt dans celles de Swatch, Bombardier ou Seiko?

Pourquoi offrir à nos jeunes la consommation comme seule valeur? Plutôt garder ce qui reste de l'espace public pour l'inscrire dans le durable, la culture et l'histoire.