Il faut retourner plus de 20 ans en arrière, plus précisément à l'automne 1987. À cette époque, ma soeur habitait avec sa famille un petit village pittoresque sur la Rive-Sud de Montréal. Vous savez, le genre d'endroit où il fait bon vivre, où tout le monde se connaît par son prénom. Pourquoi se questionner? Inutile de se méfier, ici rien ne peut arriver...

Il faut retourner plus de 20 ans en arrière, plus précisément à l'automne 1987. À cette époque, ma soeur habitait avec sa famille un petit village pittoresque sur la Rive-Sud de Montréal. Vous savez, le genre d'endroit où il fait bon vivre, où tout le monde se connaît par son prénom. Pourquoi se questionner? Inutile de se méfier, ici rien ne peut arriver...

C'était le jeune voisin d'en face, gentil, avenant, toujours prêt à rendre service, sortir les poubelles, déneiger l'entrée, amuser les enfants. Surtout amuser les enfants.

À chacune de mes visites, je me méfiais de ce jeune adulte parfait, j'épiais le moindre de ses gestes, je soutenais son regard et je n'arrivais pas à éliminer le doute que j'avais dans la tête. À cette époque, j'étais étudiante en criminologie à l'Université de Montréal. Peut-être que mes études me faisaient voir des crimes partout... Pourtant, mon septième sens me disait que quelque chose n'allait pas.

Et un bon jour, en croisant le regard de mon petit neveu de 4 ans, j'ai eu la certitude que mes craintes étaient fondées. Ses yeux avaient perdu tout éclat... Ce gentil voisin était en réalité un prédateur et il avait choisi le plus fragile des trois enfants comme proie.

Mon sang s'est glacé dans mes veines, j'ai vu du feu et dès cet instant, j'ai informé ma soeur et son mari de ma certitude. Ombre de choc, coup de poing sanglant. Avec tout l'amour du monde, ma soeur a questionné son jeune fils et le verdict est tombé... J'avais malheureusement vu juste.

Branle-bas de combat, dénonciation, accusation, sentence ridicule et traumatisme à vie chez l'enfant et sa famille. Mon neveu n'a plus jamais été le même. Un mal de vivre l'a envahi et à l'automne 2006, il est décédé d'un accident d'auto. Nous n'avons jamais vraiment compris le sens de sa mort, mais ce que nous savons, c'est que ce prédateur a détruit sa vie. Ça, nous en sommes persuadés.

Nous avons crié haut et fort, nous avons dénoncé, mais cet individu a poursuivi sa route. Nous l'avions perdu de vue, mais nous venons d'apprendre récemment qu'il occupait un poste de gardien de sécurité dans l'un des plus grands terrains de camping du Québec. Le loup dans la bergerie...

Encore une fois, nous avons avisé les dirigeants, qui ont heureusement réagi de façon responsable en le remerciant de ses services. Mais dites-moi combien de victimes comme mon neveu cet ignoble individu a-t-il faites dans les 23 dernières années?

Il n'y a pas cent mille solutions. Non, les thérapies ne fonctionnent pas. Non, il n'y a pas de deuxième chance possible. La pédophilie est une déviance et le déviant ne devrait plus avoir aucun droit civil. Il faut les identifier de façon flagrante, il faut les marquer au fer rouge, leur tatouer en haut du sourcil le pseudonyme «pédo» avec l'année de la condamnation.

Quand allons-nous nous tenir debout en tant que société? On ne touche pas à nos enfants, sous aucune considération. Tu es condamné, donc tu es tatoué. Point à la ligne.

Et surtout, ne me parlez pas de droits humains. Mon neveu a perdu sa vie. Qui s'est préoccupé de ses droits à lui...