C'est une histoire comme une autre. C'est une histoire qui, croit-on souvent, n'arrive qu'aux autres. Le 11 janvier dernier, mon fils Charles a reçu un diagnostic de cancer. Un lymphome hodgkinien. Un sournois intrus qui s'est installé un peu partout dans son corps.

C'est une histoire comme une autre. C'est une histoire qui, croit-on souvent, n'arrive qu'aux autres. Le 11 janvier dernier, mon fils Charles a reçu un diagnostic de cancer. Un lymphome hodgkinien. Un sournois intrus qui s'est installé un peu partout dans son corps.

La veille encore, il jouait au soccer, au basketball, plus énergique que jamais. Je me rappelle avec émotion être assis dans un minuscule bureau de l'hôpital Sainte-Justine, écoutant en tremblant les propos du médecin me disant que Charles avait des tumeurs, beaucoup de tumeurs, et qu'il en aurait pour des mois de traitements de chimio, de radio, et de tous ces maux se rattachant à son état.

C'est une histoire comme une autre, mais c'est celle de Charles et de tous ceux qui l'aiment. Charles a 12 ans. Quelques jours après l'annonce du diagnostic, en attente du début des traitements, il a demandé à l'oncologue: «Est-ce que ça se guérit?» Elle a dit: «Oui, mais...» Dès lors, Charles a supprimé le «mais» dans son esprit et n'a jamais douté de sa guérison! Il a foncé tête première, comme il le fait lorsqu'il s'échappe vers le but avec le ballon, et n'a plus regardé en arrière.

Il est 19h, on est mardi. On regarde l'infirmière installer la première de cinq poches de médicaments faisant partie du protocole de chimio. Fébrile, anxieux et rempli d'espoir à la fois, je regarde la première goutte, toute rouge, descendre dans la tubulure et suivre son chemin jusqu'à disparaître sous la peau de son bras, en route vers le coeur.

Quant à moi, ma tubulure d'eau salée fonctionne à plein... Mais le processus est enfin inversé, me dis-je. Des poches comme celle-là, Charles en aura vu près d'une centaine accrochées à «Gérald» (c'est ainsi qu'il a baptisé son poteau sur lequel on installe les différents médicaments et solutés).

Ce fut un parcours serein. Difficile par moments, épuisant souvent, mais serein et lumineux. Charles a grandi, et avec lui nous avons tous grandi aussi. Sa soeur Charlotte, 13 ans, qui n'a jamais cessé d'encourager son petit frère, sa mère, effondrée au diagnostic, mais battante dès le lendemain, ses grands-parents, oncles et tantes, cousins et cousines, amis et professeurs. Toute l'extraordinaire équipe de l'hôpital Sainte-Justine, ces gens ont été des phares dans ce brouillard qui nous entourait.

Un parcours lumineux dont les rayons irradieront sur nous tous pour le reste de nos vies. Une leçon de courage, d'humilité et de foi.

Il y a quelques jours, Charles a reçu son dernier traitement de radiothérapie. L'intrus a battu en retraite... mais il n'est pas venu pour rien. Il était porteur d'un message important. Que chaque seconde de cette vie doit être vécu intensément, que ça se passe dans l'ici, maintenant, et que la vie et la mort marchent toujours main dans la main...