Il y a cinq ans, je n'aurais jamais pu imaginer ce que je suis aujourd'hui et ce que je célébrerai par un voyage de vélo en Europe ce printemps. Je venais de recevoir un diagnostic de leucémie aiguë, j'entrais dans la première ronde des traitements de chimiothérapie. Mes chances de survie étaient minces.

Il y a cinq ans, je n'aurais jamais pu imaginer ce que je suis aujourd'hui et ce que je célébrerai par un voyage de vélo en Europe ce printemps. Je venais de recevoir un diagnostic de leucémie aiguë, j'entrais dans la première ronde des traitements de chimiothérapie. Mes chances de survie étaient minces.

J'avais été diagnostiqué un 21 septembre, soit près de sept ans après que mon père eut reçu le même diagnostic. Mon père avait vécu seulement six semaines après cette date; tout semblait indiquer que mon destin allait être le même.

Le seul fait que je sois vivant aujourd'hui est un miracle. C'est un témoignage de la puissance de la science, de la compétence et des soins prodigués par les médecins et les infirmières, et de la chance d'avoir eu un frère compatible pour un don de moelle osseuse.

Au début de l'année 2005, après plusieurs mois de chimiothérapie, de soins et d'innombrables tests, j'ai été admis à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, un établissement affilié à l'Université de Montréal. C'est là qu'a débuté une chimiothérapie encore plus difficile. Finalement, le 17 février 2005, jour de la transplantation de moelle, a été mon jour zéro, le premier jour du reste de ma vie, ma seule chance.

Quand mes médecins m'ont dit qu'il me faudrait deux ans pour me rétablir, je me suis esclaffé. J'avais 49 ans, j'avais jusque-là été au sommet de la forme, j'avais toujours eu une forte personnalité et je n'étais certainement pas du genre à attendre deux ans. Je croyais qu'il suffirait de quelques mois pour que je puisse à nouveau me sentir frais et dispos, de retour dans mon ancienne vie. Évidemment, ça ne s'est pas passé comme ça.

Le chemin me ramenant à la santé a été long. Un jour à la fois, une petite victoire à la fois. D'abord, j'ai pu quitter l'hôpital. Puis, j'ai pu marcher quelques pas dans ma rue, pédaler quelques mètres sur un vélo, ou courir très lentement. Au début, chaque jour était une épreuve. Enfin, j'ai pu recommencer à travailler à temps partiel.

En fin de compte, l'espoir, l'effort et le soutien continu de ma famille ont eu le dessus! Je suis maintenant, cinq ans plus tard, plus fort que jamais, tant sur le plan physique que spirituel.

Je réalise à quel point je suis une exception. Les patients que j'ai côtoyés durant ma maladie n'ont pas tous eu ma chance. En fait, plus de la moitié des adultes souffrant de leucémie ou d'autres formes de cancers du sang en meurent, encore aujourd'hui.

Voilà pourquoi il faut, collectivement, se battre encore pour faire progresser la connaissance sur la leucémie et les autres formes de cancer. Plusieurs batailles ont été gagnées dans la lutte contre le cancer.

Récemment, La Presse faisait écho à une étude qui s'étonnait que les médias traitent le plus souvent du cancer sous l'angle de la rémission et des récits des survivants. Selon certains, ces «lunettes roses» seraient une source de pression supplémentaire pour les personnes qui souffrent du cancer et qui n'auront pas tous la chance d'en guérir.

Étant moi-même l'un des miraculés dont on célèbre la rémission, je me sens redevable envers les chercheurs et les médecins qui m'ont soigné. Avec tous ceux qui sont engagés dans ce combat, je me réjouis de chaque victoire, de chaque avancée des connaissances sur chacune des formes du cancer. J'estime aussi qu'il est de mon devoir de témoigner, en mon nom et au nom de tous ceux qui n'ont pas eu ma chance, précisément parce que mon histoire est encore aujourd'hui trop rare.

Depuis quelques années, on a assisté à une petite révolution dans le traitement de la maladie. Les nouvelles approches adoptées par l'hôpital Maisonneuve-Rosemont, l'Université de Montréal et son Institut de recherche en immunologie et en cancérologie font appel aux cellules souches ; cela a eu pour effet d'élargir l'éventail des traitements et a accru considérablement les chances de survie des patients.

Grâce à l'audace, à la vision et à la persévérance des scientifiques, de plus en plus de gens peuvent trouver la guérison - et un nouveau sens à leur vie.

*L'auteur entreprendra sous peu un voyage à vélo en Europe pour amasser des fonds pour la recherche sur le cancer menée à l'Université de Montréal et à l'hôpital Maisonneuve-Rosemont.