Cet ouvrage aborde les différentes facettes du phénomène de l’achat local au Québec. L’auteur tente de répondre aux questions que soulève la mise en application des principes mis de l’avant pour encourager l’économie d’ici.

Premier constat : Pour assurer la vitalité du secteur manufacturier, il faut de la main-d’œuvre. Inutile de se mettre des œillères et de glorifier le passé. Aujourd’hui, les Québécoises et Québécois ne sont pas nécessairement intéressés par des emplois manuels et répétitifs, d’autant plus que notre économie tourne autour du secteur tertiaire. Pour beaucoup d’entreprises, les options envisageables sont de délocaliser la production hors de nos frontières ou de faire venir de l’étranger des travailleurs, ou encore d’aller vers une plus grande autonomisation.

Deuxième constat : Le Made in Québec n’est pas toujours là où on pense, ou du moins pas nécessairement visible à la surface des biens et services qu’on consomme. Autant nos industries dépendent de composants étrangers, autant on conçoit et fabrique ici des pièces et des logiciels qui se retrouvent dans des produits assemblés partout sur la planète, au bout d’une chaîne de production internationale, complexe et on ne peut plus intégrée.

Troisième constat : Nos entreprises, qu’il s’agisse d’une production artisanale, d’une PME transmise de génération en génération ou d’une grande société cotée en Bourse, n’ont pas toutes la même capacité de croissance. Il faut en tenir compte.

On doit également reconnaître que notre bassin de consommateurs est limité et que l’accès aux marchés étrangers est nécessaire pour permettre le développement et la rentabilité de plusieurs joueurs du Québec inc.

Ce quatrième constat devrait nous garder du protectionnisme dogmatique, car si tous les pays appliquent une vision de l’achat local aussi extrême, ça risque de pénaliser notre économie.

Cinquième et dernier constat, pour la route (numérique). Alors qu’une part grandissante de nos activités quotidiennes migre vers l’univers numérique, rappelons-nous qu’il y a de la place pour des joueurs locaux sur ce terrain de jeu qui semble monopolisé par les GAFAM. Les mécanismes de consommation et de transactions en ligne offrent à nos entreprises une flexibilité et une proximité qui permettent de répondre de mieux en mieux aux besoins des clients, peu importe où ils se trouvent sur le territoire, tant que la connexion tient bon.

Le marketing du « fait au Québec » va bon train. Mais la découvrabilité reste un enjeu majeur, tant pour les consommateurs que pour les entreprises et les détaillants. Pour passer à la vitesse ou au volume d’achat local supérieur, il faut nécessairement un engagement des gouvernements et des institutions publiques pour que l’approvisionnement local devienne aussi une habitude, d’une manière qui ne nuit pas trop aux exportations lucratives ni ne contrevient aux accords déjà signés. Cela dit, c’est un bon rappel que nos prochaines négociations commerciales doivent tenir compte des meilleures pratiques qui permettent à nos entrepreneures, à nos artisans et à nos détaillants de s’épanouir à leur plein potentiel.

J’espère que l’achat local ne sera pas, comme les enjeux environnementaux, sujet à un effet de yoyo où l’attention du public, des médias et des décideurs va et vient dans le temps. En fait, ce sera peut-être la crise climatique qui finira par altérer de manière significative nos habitudes de consommation. Le modèle actuel qui nous permet d’acheter tout et surtout n’importe quoi, venant de l’autre bout de la planète et atterrissant à notre porte en un temps record, n’est possible que parce que le prix du transport ne reflète pas encore son réel coût environnemental. La taxation du carbone est en train de changer cela.

L’achat local n’est peut-être pas la solution à tout. Mais c’est une option accessible à tous, pour plusieurs catégories de produits et services.

L’achat local – Réflexions et conseils pour voir la vie en bleu

L’achat local – Réflexions et conseils pour voir la vie en bleu

Les Éditions de l’Homme

224 pages