Alors que s’amorce la nouvelle année, notre équipe éditoriale formule trois souhaits qu’elle aimerait voir se réaliser en 2021

Un vaccin distribué dans l’ordre

L’année 2020 aura vu le développement de plusieurs vaccins contre la COVID-19, une prouesse scientifique qu’on ne soulignera jamais assez. Mais l’histoire est loin d’être terminée. Il faudra maintenant fabriquer, puis distribuer ces vaccins. Souhaitons que cela se fasse dans l’ordre, sans chicane. Il faut du temps pour fabriquer les doses et ce n’est pas tout le monde qui pourra être vacciné aussi rapidement qu’il le voudra. La patience et la discipline seront donc de mise. Des experts prévoient déjà un marché noir de vaccins contre la COVID-19, ce qui est vraiment décourageant. Les athlètes professionnels et autres mieux nantis résisteront-ils à la tentation de se servir en premier ? C’est à surveiller. Au Canada, l’opposition et plusieurs commentateurs ont déjà poussé les hauts cris en dénonçant un prétendu retard du pays dans la réception des doses… ce qui ne s’est pas avéré. Comparer les taux de vaccination des Canadiens avec ceux des Américains ou des Britanniques afin de compter des points politiques, de toute façon, n’aidera en rien la population. Souhaitons par ailleurs que les pays moins riches, qui n’ont pu signer d’ententes commerciales avec les grands fabricants de vaccin, ne soient pas relégués à la fin de la file. S’il y a une chose que nous aura montrée cette pandémie, c’est que les problèmes sont aujourd’hui globaux et que les virus ne connaissent pas de frontières.

– Philippe Mercure

Réparer les failles

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

La pandémie a mis en lumière les failles de notre système de santé, notamment dans les CHSLD, écrit Agnès Gruda.

La pandémie de COVID-19 a éclairé d’une lumière crue toutes les failles de nos sociétés. Les inégalités face à la maladie, bien sûr : une maison à la campagne dotée d’une bonne connexion internet, ça change tout, en temps de confinement. Mais il y a aussi toutes les défaillances systémiques. Les pénuries de personnel qui affectent le réseau de la santé et qui n’avaient jamais été exposées aussi crûment. Pénuries de personnel aussi dans le système scolaire. Ou dans le secteur de la santé mentale. La concentration nocive dans la gestion de nos CHSLD et de nos hôpitaux. Etc. Combien de fois, durant cette période difficile, nous nous sommes dits : une fois qu’on en sera sortis, plus rien ne sera comme avant. Sous-entendu : ces failles abyssales, on s’y attaquera dès que nous aurons émergé de l’urgence. Facile à dire, moins facile à faire. S’il y a un vœu que l’on puisse formuler en cette fin de 2020, c’est bien celui de ne pas oublier ces constats et de remettre effectivement en état notre réseau public déficient. Question de ne pas oublier ce que nous aurons appris durant ces mois de noirceur.

– Agnès Gruda

Des victoires pour la démocratie

PHOTO BRENDAN SMIALOWSKI, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Joe Biden, président désigné des États-Unis

Au cours des dernières années, l’expression « régression démocratique » a été utilisée pour décrire le recul, dans le monde, de la démocratie et des valeurs libérales qui l’accompagnent. C’est une tendance lourde qui dure depuis plus d’une décennie, selon l’organisme américain Freedom House. Le magazine The Economist, qui cherche aussi à évaluer chaque année l’État de la démocratie mondiale, a vu chuter son indice à son plus bas niveau depuis 2006 (5,44 sur 10), a-t-il annoncé en janvier 2020. Et que dire de la situation depuis mars dernier ! Inde, Égypte, Biélorussie… On a assisté à la détérioration de la démocratie et des droits de la personne dans pas moins de 80 pays depuis le début de la pandémie, a estimé Freedom House. Mais ce n’est pas tout. La COVID-19 a permis à la Chine de tirer son épingle du jeu, tout particulièrement face à son rival américain, et de vanter la supériorité de son modèle. Il faut dire qu’après avoir vu naître ce virus, elle a su l’éradiquer d’une façon particulièrement efficace alors qu’il se propageait ailleurs dans le monde, mettant plusieurs démocraties occidentales à genoux et révélant leurs faiblesses. Et la Chine n’a pas seulement bombé le torse, elle en a profité pour accroître la répression, notamment au Xinjiang, contre les Ouïghours, ou encore à Hong Kong. Mais en 2021, la donne pourrait changer. Un peu. En grande partie parce que la démocratie la plus puissante de la planète devrait recommencer à faire preuve de leadership en la matière sur la scène internationale. La tendance s’inversera-t-elle ? Sans faire preuve d’un optimisme démesuré, on se permet de l’espérer.

– Alexandre Sirois