Mercredi marquera l'ouverture officielle du Sommet mondial de l'intelligence artificielle à Montréal. Organisée pour la première fois en Amérique du Nord, cette conférence réunit des chefs de file mondiaux de la recherche et de l'industrie pour discuter des impacts économiques et sociétaux de l'intelligence artificielle (IA). 

Nous sommes heureux que les questions éthiques et sociétales soient mises de l'avant dans les discussions sur l'IA. Les universités les plus prestigieuses au monde organisent des séminaires sur ce sujet. Des conférences réunissant les dirigeants et les différentes parties prenantes sont organisées dans le monde entier afin de s'attaquer à ces problèmes éthiques complexes. Les gouvernements investissent des millions de dollars dans l'élaboration de cadres législatifs cohérents en matière d'IA. 

Les enjeux sont nombreux. Alors que les générations actuelles de travailleurs ont besoin de formation et de sensibilisation à l'IA dans un marché de l'emploi en pleine mutation, notons l'absence marquée dans la conversation de nos plus jeunes citoyens.

Or, nos enfants seront la première génération à vivre dans un monde entouré d'intelligence artificielle.

Ils sont exposés à cette technologie tous les jours, des assistants connectés aux jeux vidéo, sans en comprendre le fonctionnement, ou même en avoir conscience. Cette même génération devra faire des choix sociétaux dans les années à venir. Ces décisions toucheront des sujets aussi importants que les inégalités économiques, la santé et même la démocratie. 

En 2019, la Semaine de l'apprentissage mobile de l'UNESCO a mis l'accent sur l'IA et ses conséquences pour le développement durable, en raison de son potentiel de transformation de la société, de l'économie et, surtout, de l'éducation. C'est pourquoi Kids Code Jeunesse (KCJ) lance #jeunesse2030 : une initiative qui place l'IA et les objectifs mondiaux du développement durable de l'ONU au coeur de l'éducation des enfants. Nous souhaitons nous assurer que les enfants aient les compétences nécessaires pour prendre des décisions éclairées et éthiques dans le monde d'aujourd'hui et de demain. 

Une occasion à saisir 

Personne ne peut prédire l'avenir. Ce que nous savons cependant, c'est que l'intelligence artificielle a déclenché une révolution technologique déjà bien engagée. De nombreux défis nous attendent dans les domaines de l'éthique, de la responsabilité des entreprises dans leur utilisation de cette technologie, de la transparence, la confidentialité et la sécurité des données. 

Le discours actuel sur l'IA tend à présenter cette technologie comme une salvatrice, ou comme une menace pour la société telle que nous la connaissons. En réalité, cela dépendra de la manière dont nous déciderons collectivement de l'utiliser. C'est pourquoi le temps presse. 

Nous devons enseigner et démystifier l'IA dès maintenant.

Nous devrions non seulement nous concentrer sur l'éducation par l'intelligence artificielle, mais aussi sur l'éducation à l'intelligence artificielle : de quoi s'agit-il ? Comment ça marche ? Quels défis peut-elle résoudre ? Quelles sont ses limites ? KCJ veille à ce que les enfants et leurs enseignants comprennent ce qu'est l'IA et comment, grâce à elle, nous pouvons nous attaquer à des enjeux mondiaux, tout en restant conscients de ses limites. 

L'objectif n'est pas de transformer les enfants en scientifiques ou experts en IA, mais de veiller à ce que nos enfants soient éduqués, créatifs dans un monde numérique et développent un sens critique face à l'émergence de cette technologie. Il est essentiel que le gouvernement, le milieu de l'éducation, le milieu industriel et l'ensemble de la société se concertent pour garantir que l'éducation des enfants soit un enjeu majeur dans les discussions sur l'IA. Il est de notre devoir d'apprendre à nos enfants à travailler avec l'intelligence artificielle et non contre elle, pour bâtir un meilleur avenir. 

* Cosignataires : Yoshua Bengio, fondateur et directeur scientifique du Mila, professeur d'informatique et de recherche opérationnelle, Université de Montréal ; Rémi Quirion, scientifique en chef du Québec ; Lyse Langlois, directrice générale, Observatoire international sur les impacts sociétaux de l'IA et du numérique ; Hugo Larochelle, chercheur scientifique, membre du Mila ; Thierry Karsenti, chaire de recherche du Canada sur le numérique en éducation, Université de Montréal ; Sasha Luccioni, chercheure postdoctorale, IA pour l'humanité, à Mila ; Luce Beaulieu, directrice exécutive, CIRODD ; Joel Trudeau, professeur, Collège Dawson, coresponsable du projet DawsonAI, coordonnateur du projet SPACE ; Emma Frejinger, professeure associée à Université de Montréal, membre du Mila