On entend souvent qu’il y a trop d’opinions dans les médias. Mais est-ce bien le cas ? L’arrivée des réseaux sociaux, il y a une dizaine d’années, a bouleversé le paysage médiatique, ici comme ailleurs. Pendant un temps, on a annoncé pas moins que la mort des médias traditionnels, car on pouvait désormais trouver des reportages sur les blogues et, surtout, des opinions bien écrites sur Facebook et autres Twitter.

Dix ans plus tard, on se rend compte que seules les grandes salles d’information peuvent réellement garantir la qualité des reportages diffusés. La multiplication des opinions à gauche et à droite sur l’internet a surtout accentué la polarisation des idées, et les réseaux sociaux sont en quelque sorte devenus le far west de l’information, où il est possible de diffuser toutes sortes de fausses nouvelles, de rumeurs non vérifiées et d’opinions haineuses.

De notre côté, à La Presse, nous avons renforcé notre caractère journalistique, ces dernières années, en créant une véritable équipe d’enquête, laquelle vient en renfort à notre équipe de reporters pour nous permettre de débusquer chaque année des dizaines d’histoires exclusives. La vérification de ce que nous publions est devenue notre obsession.

Nos columnists, pour employer le terme habituellement utilisé dans les salles de rédaction pour décrire les chroniqueurs d’opinion, se sont aussi remis en question. À quoi cela sert-il de donner une opinion si tout le monde peut le faire sur son compte Facebook – parfois avec un certain talent ?

Les columnists de La Presse, aujourd’hui, font plus que du journalisme d’opinion : ils vont sur le terrain, multiplient les sources, cherchent et révèlent des histoires qui, sans leur travail, resteraient dans l’ombre. Surtout, ils pratiquent le métier de chroniqueur avec tout le professionnalisme auquel La Presse vous a habitués ; ils et elles donnent leur opinion en la basant sur des faits vérifiés, en respectant ceux et celles qui ne la partagent pas.

Isabelle Hachey et Chantal Guy

C’est dans ce contexte que j’ai le plaisir de vous annoncer que deux de nos journalistes les plus chevronnées, Isabelle Hachey et Chantal Guy, deviennent columnists, à compter d’aujourd’hui.

Isabelle sera chroniqueuse aux actualités générales. Arrivée à La Presse en 1997, elle a été correspondante à Londres, puis journaliste de guerre, rôle qui lui a permis de couvrir les conflits en Irak, en Libye et dans les territoires palestiniens. Experte du reportage international, elle vient d’ailleurs de remporter le prix Judith-Jasmin pour son dossier sur la région du Rojava, située en zone de guerre syrienne. Depuis sept ans, Isabelle mettait son talent et son expertise au service des enquêtes, où elle a pu si bien démasquer faussaires en tous genres.

Chantal Guy sera, pour sa part, columnist dans les sections Arts et être et Inspiration. Depuis son arrivée à La Presse, en 2001, elle a occupé divers postes, dont éditorialiste et correspondante à Paris, mais nos lecteurs ont tissé un lien particulier avec elle pour ses textes à la section des Arts où elle a la réputation de connaître à fond tous les sujets, de la littérature contemporaine aux films de série B. Elle a remporté un prix Judith-Jasmin en 2011 pour un reportage, réalisé en 2010, sur Dany Laferrière de retour en Haïti. Au lendemain de ce reportage est survenu le terrible tremblement de terre qui a dévasté une partie d’Haïti, dont l’hôtel dans lequel Chantal logeait encore ; elle a alors livré une série de textes magnifiques et émouvants sur cet événement.

Vous pouvez les lire toutes les deux dès ce matin.