Une des images les plus frappantes pour illustrer l'énorme différence entre Donald Trump et son prédécesseur à la Maison-Blanche, c'est la comparaison entre les deux premières dames, l'océan qui sépare Michelle Obama de Melania Trump.

Je dis l'océan, mais je pourrais dire le siècle.

Michelle Obama, 52 ans, première First Lady noire de l'histoire américaine, ancienne avocate diplômée de Harvard, charismatique, drôle, rassembleuse, authentique et engagée.

Melania Trump, 46 ans, ex-mannequin d'origine slovène, bling-bling, froide, effacée et docile.

La première, une femme de l'an 2000, que certains veulent comme présidente des États-Unis et qui a su jouer son rôle de première dame sans tomber dans les clichés.

La seconde, une femme des années 50, une partenaire silencieuse et discrète, plus remarquable pour son corps parfait que pour sa personnalité.

« Je serai très traditionnelle. Comme Betty Ford ou Jackie Kennedy. Je l'encouragerai », a répondu Melania Trump quand on lui a demandé quel serait son rôle si Trump devenait président.

Betty Ford ? Pourtant pas si traditionnelle. Née en 1918, elle a eu un grand impact sur la culture américaine, plus grand et plus durable que celui de son mari, qui a été président pendant 896 jours.

« Un produit et un symbole politique et culturel de son temps, une femme au foyer qui débat passionnément pour les droits des femmes, une mère de quatre enfants qui ne reste pas muette au sujet des drogues, de l'avortement et du sexe avant le mariage et qui ne regrette rien », a écrit à son sujet le New York Times.

Quant à Jackie Kennedy, elle a été la plus chic, la plus connue, la plus photographiée et la plus admirée des premières dames.

À certains égards, Melania sera aussi unique.

Voici, en cinq mots-clés, le portrait de l'épouse de 5 pieds 11 pouces du milliardaire fraîchement élu. Un homme grossier, ouvertement misogyne, de 24 ans son aîné, qui met en avant ses prouesses sexuelles, ses infidélités et ses conquêtes.

ATYPIQUE

Melania Trump est la première First Lady américaine d'origine étrangère depuis près de deux siècles. Elle est aussi la première dont l'anglais n'est pas la langue maternelle, la première à être une troisième épouse et la première à avoir posé nue pour un magazine.

En 2000, elle a posé nue sur un tapis de fourrure blanche à bord d'un jet privé pour GQ. La même année, elle a confié à l'animateur Howard Stern qu'elle et M. Trump jouissaient « au moins une fois par jour, parfois plus ».

Radicalement différente de celles qui l'ont précédée, elle n'a pas le profil type d'une femme de président. Et elle n'est pas beaucoup aimée. Selon un récent sondage Gallup sur la popularité des premières dames, elle obtient 28 % d'opinions favorables et 32 % d'opinions défavorables, les plus mauvais chiffres depuis les années 80.

TOP-MODÈLE

Née en 1970, Melania Knavs a grandi à Sevnica, petit village de la Slovénie, qui appartenait alors à la Yougoslavie. Son père, membre du Parti communiste, gérait un concessionnaire automobile. Sa mère travaillait dans le textile. Elle a quitté son pays à 16 ans pour Milan, puis Paris, où elle a travaillé comme mannequin.

Sur sa page Facebook, elle se décrit comme une ex-étudiante en architecture et design, « une présence qui captive l'objectif », une « beauté au regard aigue-marine », une femme, une mère, une philanthrope, une New-Yorkaise ayant participé à de nombreuses publicités à la télé.

ÉPOUSE

Arrivée aux États-Unis en 1996, elle a obtenu sa carte de résident permanent (la green card) en 2001. « Je suis venue ici pour ma carrière et j'ai eu tellement de succès que je suis restée », a-t-elle dit au Harper's Bazaar.

Elle a rencontré son mari en 1998, dans une boîte de Manhattan, à l'occasion d'une soirée organisée par un patron d'une agence de mannequins. Trump, qui avait 52 ans à l'époque, lui a demandé son numéro de téléphone. Melania, alors âgée de 28 ans, a d'abord refusé parce qu'il était avec une femme, puis lui a demandé le sien à son tour. « Je ne pouvais pas échapper à son charme, a-t-elle confié au réseau ABC. Il y avait des étincelles. »

MÈRE

Trump l'a demandée en mariage en 2004. L'union a été célébrée en janvier 2005 à Palm Beach, en Floride, au Mar-a-Lago Club, un des palaces du milliardaire. Melania portait une robe signée John Galliano de la maison Dior estimée à près de 100 000 $. Parmi les invités : Katie Couric, P. Diddy, Heidi Klum et... Hillary et Bill Clinton.

Un an plus tard, Melania obtenait la citoyenneté américaine et accouchait de Barron, leur fils aujourd'hui âgé de 10 ans, qui fréquente une école privée de Manhattan.

« Je n'ai pas de nounou », a-t-elle déclaré au Harper's Bazaar. « J'ai un chef et mon assistante, mais c'est tout. Je m'occupe de tout le reste moi-même. »

EFFACÉE

On l'a très peu vue faire campagne, mais elle a été mise à contribution au cours des dernières semaines dans l'espoir d'adoucir l'image de son mari auprès des femmes, après la diffusion d'une vidéo où on entendait Trump tenir des propos orduriers (54 % des femmes ont voté pour Clinton, contre 42 % pour Trump).

Son premier grand discours à la convention du Parti républicain, mi-juillet, a été un fiasco. Le speech s'est révélé être la copie conforme d'un discours de Michelle Obama datant de 2008. Melania s'est ensuite évaporée de la scène politique où elle était déjà peu présente. « Je profite de la vie et de ma famille et j'aime notre pays », a-t-elle fait savoir sur Twitter.