De nombreux politiciens républicains ont joué les vierges offensées depuis la diffusion des propos dégradants de Donald Trump à l'égard des femmes.

Plusieurs ont même décidé de retirer leur soutien au candidat républicain. On s'en réjouit. Mais on a aussi le goût de leur demander : pourquoi avoir attendu si longtemps ?

Des idées et des déclarations immorales, Donald Trump en a offert une pelletée au peuple américain au cours des dernières années. Ses nombreuses turpitudes ont fait couler beaucoup d'encre.

Personne ne peut, aujourd'hui, prétendre tomber des nues.

En tant que candidat du Parti républicain, Donald Trump a rapidement annoncé ses couleurs. Il est toxique depuis sa toute première conférence de presse, en juin 2015. Il avait notamment dit que les immigrants mexicains en sol américain « apportent de la drogue, apportent de la délinquance, ce sont des violeurs ».

Il faudrait écrire un livre si on voulait recenser tous ses propos obscènes ! Qu'on ne vienne donc pas prétendre que ses déclarations grossières sur les femmes dévoilées vendredi (dans une vidéo qui date de 2005) sont étonnantes.

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Une bonne façon de prendre la mesure des dégâts faits par cet agitateur, c'est de constater l'impact de ses déclarations pleines de fiel sur les adultes de demain aux États-Unis. Ça, les républicains ont eu amplement le temps de le faire au cours de la dernière année.

En février, lors d'un match de basketball entre deux écoles secondaires de l'Indiana, des élèves ont crié : « Construisez un mur ! » Plusieurs joueurs de l'équipe adverse, vous l'aurez deviné, étaient issus de la communauté hispanique. Ce scénario s'est ensuite répété ailleurs sur le sol américain.

Ces incidents publics reflètent ce à quoi assistent trop souvent les professeurs en privé depuis l'ascension de Donald Trump : une multiplication de gestes et de paroles qui ne font pas la manchette, mais qui intimident et blessent les jeunes.

Tout ça a été documenté dans un rapport publié en avril par une organisation américaine (le Southern Poverty Law Center) et confirmé par des journalistes qui ont enquêté dans les écoles.

L'un d'eux, un employé du quotidien britannique The Guardian, a cité une enseignante californienne qui a noté un changement de ton chez ses élèves du primaire. « Tu vas être déporté », a-t-elle, entre autres, entendu. Ou encore : « T'es né dans un Taco Bell. »

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Avant vendredi dernier, les politiciens républicains qui s'étaient dissociés de Donald Trump représentaient l'exception plutôt que la règle. La majorité a serré les rangs.

Quelques jours avant qu'on ne fasse circuler la vidéo embarrassante, le candidat avait même été qualifié d'« exemple à suivre » pour les enfants par le président du Comité national républicain, Reince Priebus.

La bonne nouvelle, c'est que le point de bascule semble avoir été atteint.

Le plus récent scandale a atteint une telle ampleur que les républicains ne peuvent plus vivre dans le déni au sujet de la toxicité de Donald Trump. D'où la guerre civile en cours au sein du parti d'Abraham Lincoln.

La mauvaise nouvelle, c'est que ça aura pris 18 mois pour qu'une masse critique de ténors de ce parti cessent de jouer à l'autruche.