Le dernier trimestre qui s'amorce réserve beaucoup d'action aux prêteurs sur le marché obligataire.

Ottawa présentera le mois prochain sa mise à jour budgétaire qui, selon la rumeur, pourrait prévoir l'accélération de son programme de financement d'infrastructures et des emprunts conséquents.

Même si la mise à jour ne contient aucune nouvelle mesure, le calendrier d'emprunts obligataires fédéral totalise plus de 34 milliards. Cela en fera le plus gros trimestre d'émissions obligataires depuis que le Canada est gouverné par les libéraux de Justin Trudeau et le troisième d'affilée de plus de 30 milliards. Les besoins d'emprunts fédéraux totalisent 133 milliards en 2016-2017.

À titre de comparaison, durant les sept derniers trimestres du gouvernement de Stephen Harper, les emprunts fédéraux n'ont pas dépassé la barre des 25 milliards, selon la compilation de Warren Lovely, de la Banque Nationale.

En octobre, Ottawa sera très actif sur les marchés, après un mois de septembre plutôt tranquille durant lequel il a emprunté 4,3 milliards seulement. En septembre 2015, dernier mois complet du gouvernement Harper, le Canada avait emprunté 7 milliards.

Le peu d'émissions fédérales n'a pas été comblé par davantage d'activités des provinces. Elles ont emprunté 4,2 milliards, soit 1,6 milliard de moins qu'un an plus tôt.

De cette somme, 1 milliard a été émis par Québec. Les deux tranches de 500 millions ont été facilement écoulées, au point où le ministère des Finances a, en fait, récolté 86,7 millions de plus que la valeur faciale des émissions, selon ses données.

Son programme d'emprunts est au deuxième rang des plus avancés de toutes les provinces. Pour l'exercice financier 2016-2017, Québec a levé jusqu'ici 10,88 milliards. Cela équivaut à 80,7 % de ses besoins d'emprunts. La Colombie-Britannique est à 82 %, l'Ontario à 54 % et l'Alberta, à 47 % seulement.

La moyenne provinciale est de 59 %. Il reste environ 30 milliards à trouver par les provinces d'ici le 31 mars, dont 2,6 milliards par Québec. Cette faible somme le place en bonne position pour réaliser du préfinancement pour les besoins de l'année 2017-2018, estimés à 10,5 milliards dans le Plan budgétaire en mars, soit 2,8 milliards de moins que pour l'exercice en cours. L'an dernier, Québec est parvenu à ramasser près de 7,6 milliards en préfinancement.

En outre, Hydro-Québec a complété son programme d'emprunts de 2 milliards pour 2016.

Si la façon dont se concrétise le contrôle rigoureux des dépenses publiques a été dénoncée dernièrement par la protectrice du citoyen Raymonde St-Germain, le résultat est très sain sur le plan budgétaire.

Cette année, Québec prévoit dégager un surplus de 2,08 milliards, le troisième d'affilée, que la loi adoptée en 2011 oblige à déposer en entier dans le Fonds des générations dans le but de diminuer le poids de la dette, la plus lourde de toutes les provinces.

Les surplus à répétition vont diminuer les besoins d'emprunts limités au financement d'infrastructures et au refinancement de la dette.

En comparaison, l'Ontario s'achemine vers un déficit de 4,3 milliards, si on inclut la réserve de 1 milliard pour faire face à des en-cas. Ce n'est qu'en 2017-2018 que la province voisine prévoit rétablir l'équilibre de ses finances publiques.

Queen's Park est en désaccord avec le vérificateur général de la province sur le traitement comptable des régimes de retraite que l'Ontario parraine. Selon le VG, le déficit de 3,5 milliards déclaré par le ministère des Finances en 2015-2016 passe ainsi à 5 milliards, si on adopte ses conventions comptables.

Le désaccord excède le cadre du dernier exercice budgétaire. Le point de vue du VG entraîne l'augmentation de 10,7 milliards à sa dette nette, qui totalise ainsi 305 milliards. Cela équivaut à 40,9 % de la taille de son économie.

Celle du Québec s'élevait au 31 mars à 187,1 milliards, soit l'équivalent de 49,6 % de la taille de son économie. C'est la plus lourde de toutes les provinces.