La baisse substantielle des prix de l'essence en juillet a procuré un peu plus d'argent de poche aux Canadiens qui en ont profité pour dépenser un peu plus ailleurs que dans les stations-service.

Ce sont avant tout les marchands de matériaux de construction et les magasins de vêtements et d'accessoires qui ont profité de cette petite manne.

Au total, la valeur des ventes des détaillants a diminué de 0,1 %, a indiqué hier Statistique Canada. Elle était au même niveau qu'en avril.

Le portrait change du tout au tout cependant quand on examine les volumes de ventes. On assiste alors à une augmentation appréciable de 0,3 %, la première en cinq mois. C'est ce chiffre qui compte quand vient le temps de calculer la variation mensuelle de la taille de l'économie mesurée par industrie (le produit intérieur brut réel).

Étant donné que les volumes du commerce de gros ont stagné et que ceux des livraisons manufacturières ont bondi de 0,6 %, on doit s'attendre à apprendre vendredi prochain que le PIB réel a augmenté d'environ 0,3 % en juillet. Cela viendrait confirmer que le rebond de l'activité économique aux environs de 3 % à 3,5 % en rythme annuel au troisième trimestre reste une estimation plausible.

L'augmentation des ventes en juillet a varié beaucoup selon les régions. Elles ont plongé de plus de 6 % au Nouveau-Brunswick et à Terre-Neuve-et-Labrador. Ce n'est pas une surprise dans la mesure où une augmentation de la taxe de vente harmonisée entrée en vigueur le 1er juillet a sans aucun doute incité les consommateurs à avancer certains gros achats, comme un nouveau véhicule, pour échapper à la hausse.

En fait, la valeur des ventes a progressé dans quatre provinces seulement : Nouvelle-Écosse, Québec, Ontario et Colombie-Britannique.

Depuis un an, la valeur des ventes des détaillants a augmenté de 2,3 % d'un océan à l'autre, mais de 3,8 % au Québec.

Après sept mois cette année, la valeur des ventes est en croissance de 2,8 %, ce qui est appréciable. Pour l'ensemble de 2015, elles avaient augmenté de 1,2 % seulement.

Il serait étonnant toutefois que l'engouement des ménages pour les magasins persiste. Un premier coup de sonde fait par l'agence Bloomberg indique que l'argent reçu fin juillet avec la bonification de l'Allocation canadienne pour enfants a servi en bonne partie à réduire le niveau sans précédent de leur endettement.

En outre, le marché du travail vivote depuis le début de l'année. Moins de 40 000 emplois ont été créés en huit mois cette année, d'un océan à l'autre, tous à temps partiel de surcroît.

Les détaillants font aussi face à un autre défi : les pressions inflationnistes s'estompent, ce qui réduit davantage leur capacité d'augmenter, voire de maintenir leurs prix dans certains segments.

Au mois d'août, le taux annuel d'inflation n'était plus que de 1,1 %, soit deux dixièmes de moins qu'en juillet, a aussi indiqué Statistique Canada. Au Québec, c'est à peine 0,1 %, soit le taux le plus faible au pays.

La hausse des prix avait été nourrie par la faiblesse du dollar canadien tout au long de l'an dernier. Depuis janvier, où il est passé sous les 70 cents américains d'équivalence, le huard a repris un peu d'altitude. Hier, on obtenait près de 76 cents américains en l'échangeant.

Les prix des biens ont reculé en général de 0,3 % durant le mois. D'août à août, l'augmentation des prix n'est plus que de 0,3 %.

L'inflation qui perdure est celle dans les services, peu touchée par les variations du taux de change.