Après la stagnation de juin et des pertes considérables en juillet, le marché du travail canadien a redonné signe de vie le mois dernier, mais pas assez cependant pour compenser ses faiblesses antérieures.

Les données de l'Enquête sur la population active (EPA) de Statistique Canada font état de 26 200 emplois nets de plus d'un océan à l'autre, dont 21 900 au Québec. Dans ce dernier cas, il s'agit du gain le plus élevé en presque trois ans.

À l'échelle canadienne, c'est le troisième mois de gain seulement cette année et le deuxième à l'intérieur de l'erreur type de l'EPA. Cela signifie que cet ajout d'emplois doit être jugé avec prudence.

À cause d'une augmentation plus grande de participants à la population active, c'est-à-dire celle qui détient ou se cherche un emploi, le taux de chômage augmente d'un dixième dans les deux régions à 7,0 et 7,1 % respectivement.

Les gains d'emplois en août ne compensent pas toutefois les pertes canadiennes des deux mois précédents, mais ils améliorent sensiblement le portrait québécois.

Au cours des trois derniers mois, le Canada a perdu 1200 emplois en moyenne alors que le Québec en a plutôt ajouté 2233, si bien qu'il en compte presque autant de plus que l'Ontario depuis un an. Malgré le repli mensuel, la Colombie-Britannique reste, et de loin, la région où le nombre d'emplois a le plus augmenté depuis un an.

Le marché du travail canadien reste bien mou depuis un an. Même si l'ajout net de 26 200 emplois est le solde de 52 200 emplois à temps plein en plus de 26 000 à temps partiel en moins, les 77 400 que l'économie canadienne compte de plus depuis un an sont tous à temps partiel. En fait, on en compte 35 700 à temps plein de moins, si bien que le nombre d'heures travaillées le mois dernier était inférieur de 0,4 % à celui d'août 2015. Il faut remonter à la récession de 2008-2009 pour trouver pareil repli.

Cette tendance s'est alourdie au cours des récents mois : on comptait 0,6 % d'heures de moins en août qu'en février. Cela reflète bien le recul de l'activité économique au printemps, qui n'avait sans doute pas été entièrement regagné le mois dernier. À 7,0 %, le taux de chômage est le même qu'il y a un an.

Au Québec, on assiste au mouvement inverse. S'il est vrai que la création d'emplois reprend vie depuis six mois, elle est concentrée dans les postes à temps plein. Voilà sans doute pourquoi on n'a pas assisté à une détérioration des finances publiques.

Le nouvel Indice de l'emploi lancé par l'Institut du Québec (IdQ) confirme ces observations.

À partir de six indicateurs, l'indice montre une vigueur accrue du marché du travail depuis un an. On y relève notamment la diminution de neuf dixièmes du taux de chômage, l'amélioration légère du taux d'emploi et du nombre d'emplois dans le secteur privé. En revanche, le taux d'activité diminue, reflétant en partie le vieillissement de la population.

Tout n'est pas rose pour autant sur le marché du travail. L'autre composante de l'Indice du Québec montre une baisse de la qualité des emplois. Les emplois bien rémunérés diminuent, la croissance de l'emploi à temps plein reste faible et on compte beaucoup de travailleurs temporaires.

On doit noter que, sur les 33 600 emplois de plus en un an, 19 500 se retrouvent dans les services d'hébergement et de restauration. En contrepartie, 23 900 emplois ont disparu dans le commerce de gros et de détail.

Depuis un an, le marché du travail canadien paraît anémique, si on le compare à celui des États-Unis. En adoptant la méthodologie américaine, le taux de chômage canadien diminue à 5,9 %, ce qui reste un point de pourcentage de plus que l'américain.

Le taux d'emploi canadien reste plus élevé : 61,5 % contre 59,7 %. Par contre, il progresse de 0,3 point chez nos voisins, alors qu'il est en recul de 0,3 % chez nous depuis un an.

Infographie La Presse

PHOTO FRANÇOIS ROY, archives LA PRESSE

Au cours des trois derniers mois, le Québec a ajouté en moyenne 2233 emplois.