On doit espérer que l'été qui s'étire reflète le regain d'activité économique escompté après le passage à vide du printemps, aggravé par les incendies de forêt dans la région de Fort McMurray.

Les données publiées hier par Statistique Canada permettent de nourrir un certain optimisme à cet égard.

Mesuré par industrie, le produit intérieur brut (PIB) réel a bondi de 0,6 % en juin, effaçant du coup le recul équivalent observé en mai, à cause de la chute brutale de la production de pétrole synthétique à partir des sables bitumineux.

Cela n'aura pas sauvé le trimestre, mais aura donné un solide élan pour la production estivale. C'est d'autant plus vrai que l'activité à Fort McMurray n'était pas entièrement revenue à la normale en juin, précise l'agence fédérale.

Pour la période d'avril à juin, le PIB réel, calculé selon les revenus et les dépenses des comptes nationaux, a reculé de 1,6 % en rythme annuel. Il s'agit de la pire contre-performance depuis la récession de 2008-2009.

Exprimée en dollars d'aujourd'hui, la taille de l'économie a reculé de 0,2 % en rythme annuel : elle est estimée à 1996,8 milliards. Cela signifie que l'assiette fiscale d'Ottawa n'a pas vraiment changé au cours du trimestre.

Si on fait abstraction de la baisse de la production de pétrole due aux incendies de Fort McMurray, le PIB réel a augmenté d'à peine 0,1 % (0,4 % en rythme annuel). C'est comme si l'activité économique hors pétrole avait figé au printemps.

Au premier trimestre, le PIB réel avait progressé de 2,5 %. Au 30 juin, la croissance réelle annuelle a atteint tout juste 0,9 %.

Le passage à vide du printemps est manifeste quand on regarde la chute de 16,9 % des exportations. Elle était généralisée dans le secteur des biens. Il s'agit de la plongée la plus profonde depuis 2009.

Il y a eu reculs dans les expéditions d'automobiles et de camions légers, un segment qui s'est vraisemblablement redressé durant l'été, si on se fie du moins au bond des ventes des concessionnaires américains. La débandade de plus de 27 % des exportations de biens de consommation, la pire en 13 ans, est garante d'un certain redressement estival qui irait de pair avec la confiance en hausse des ménages américains.

En revanche, les livraisons internationales de services ont modestement progressé.

La volonté des entreprises d'améliorer ou d'accroître leurs capacités de production manquait d'aplomb au printemps. S'il est vrai que leurs dépenses en équipement et matériel ont augmenté légèrement après cinq baisses trimestrielles d'affilée, les entreprises ont de nouveau diminué leurs dépenses en recherche et développement. Cela s'est reflété dans une baisse de leurs achats de logiciels et d'éléments de propriété intellectuelle.

Certains pourront voir avec un certain réconfort l'augmentation des dépenses des gouvernements, mais l'agence fédérale précise que l'essentiel est attribuable à l'effort consenti pour maîtriser la catastrophe de Fort McMurray. Les dépenses accrues en infrastructures annoncées l'hiver dernier dans le budget du ministre Bill Morneau prendront progressivement le relais, mais beaucoup de provinces sont encore en période d'austérité.

La construction, tant résidentielle que commerciale ou industrielle, a été moins intense que durant l'hiver, sur une base désaisonnalisée, faut-il préciser.

Bref, c'est grâce à la résilience de la consommation des ménages si la situation ne s'est pas davantage détériorée. À 2,2 %, elle conserve son rôle de moteur de l'activité économique. Fait à signaler, les ménages ont surtout augmenté leurs dépenses dans les biens non durables et les services.

À ceux qui craignent que la consommation s'essouffle, Statistique Canada avait peut-être une bonne nouvelle : le taux d'épargne des ménages a légèrement augmenté, malgré une hausse tout aussi légère du service de leur dette.

En juin, les signes de réanimation de la production étaient convaincants. Le rebond de 1,6 % de la production de biens représente la progression mensuelle la plus forte du présent cycle. Seules la construction et l'agriculture se sont repliées quelque peu. La fabrication a avancé de 1,8 %, tandis que l'extraction minière a bondi du double. Le temps doux a activé prématurément les climatiseurs, pour le plus grand bonheur des sociétés de services publics (électricité, gazoduc).

Du côté des services, la hausse de 0,2 % est la troisième d'affilée. Si les ventes des détaillants ont déçu les activités de commerce de gros, de transport et d'entreposage, les services financiers enregistrent tous des gains, tout comme la restauration, l'hôtellerie, les arts et les spectacles.

L'affluence des touristes permet de présumer que cette fébrilité bienvenue s'est poursuivie durant l'été. Voilà entre autres pourquoi tous les observateurs s'attendent à un retour à l'expansion à un rythme annualisé aux environs de 3 % pour la période de juillet à septembre. Après, c'est une autre histoire...

Infographie La Presse

Source : Statistique Canada