La plus grave tuerie perpétrée aux États-Unis a eu lieu dans un club gai en fin de semaine. Un tel constat, en 2016, laisse sans voix. La cible, pourtant, n'est pas aussi distinctive que le meurtrier et le groupe État islamique (EI) voudraient le faire croire.

En effet, ce n'est pas seulement cette communauté qui a été attaquée dans la nuit de samedi à dimanche. Ce sont tous ceux qui, comme nous, considèrent un tel club comme une composante on ne peut plus normale de la vie nocturne. Encore une fois, c'est l'Occident qui est pris à partie dans ses valeurs et son mode de vie.

Il ne s'agit pas de minimiser l'horreur de cette soirée pour les gais et lesbiennes. Cinquante personnes sont mortes, cinquante-trois ont été blessées. Et au-delà de ce bilan effarant, la fusillade ravive de bien mauvais souvenirs pour cette communauté qui a gagné de haute lutte le droit de danser en paix dans un endroit bien en vue comme le Pulse.

Sauf que parler de cet événement comme d'un cas à part, c'est déjà un peu s'en dissocier et entrer dans la logique morbide de l'islamisme radical. C'est aussi se donner un sentiment de fausse sécurité.

Après avoir frappé des cibles idéologiquement neutres en apparence (transport aérien et ferroviaire, marathon, centre de services sociaux, etc.), le terrorisme islamique s'est attaqué aux soirées parisiennes (salle de concert du Bataclan, terrasses de cafés et de restaurants, abords du Stade de France). Aujourd'hui, c'est la clientèle gaie qui est visée. Qui seront les prochains ? La liste des aversions d'un groupe comme l'EI est si longue qu'on ne sait pas par où commencer. Les femmes ? Les pacifistes ? Les athées ? Les gens qui ont une tête sur les épaules ?

On sait encore peu de choses sur les affiliations du meurtrier, un homme de 29 ans, né aux États-Unis de parents afghans. Cependant, on sent plus d'opportunisme que de commandite de la part de l'EI. Le tireur a appelé le 911 pour se réclamer du groupe avant de passer aux actes, et une agence de nouvelles de l'EI a revendiqué le geste hier. Ces circonstances nous rappellent que le groupe se nourrit aussi des gestes isolés inspirés par sa propagande haineuse. Et que ces combattants de pacotille peuvent s'en prendre à n'importe qui.

C'est d'autant plus vrai aux États-Unis, où les armes à feu sont si faciles à se procurer. Apparemment, le tueur avait acheté son fusil semi-automatique AR-15 légalement en Floride la semaine précédente. C'est le même type d'arme qui a été utilisé dans les tueries de Sandy Hook, de San Bernardino et d'Aurora, pour ne nommer que les plus connues.

Tant que les Américains qui réclament un meilleur contrôle des armes à feu ne s'organiseront pas pour avoir le dernier mot, les épisodes de ce genre continueront à se succéder, avec ou sans les encouragements de l'EI.