C'est lui qui est parti, mais au fond, c'est la politique qui a rejeté Pierre Karl Péladeau.

Ce qui étonne dans sa démission, c'est probablement le moment choisi, quelques jours avant son premier anniversaire comme chef du Parti québécois, donnant l'impression que la décision a été prise sur un coup de tête.

Après tout, Pierre Karl Péladeau a remanié en profondeur son équipe il y a quelques jours à peine, rétrogradant son chef de cabinet et recrutant du nouveau personnel.

Il a aussi signé un texte dans lequel il ouvrait grands les bras, appelant à la « convergence des souverainistes » et reconnaissant publiquement que le Parti québécois n'a pas le « monopole de la souveraineté », ce que les chefs avant lui ont toujours refusé de faire.

Mais rallier les diverses forces du mouvement indépendantiste s'est avéré un plan bien ambitieux et rempli d'écueils. À preuve, dès les jours suivants, le Parti québécois a refusé de donner son appui à Québec solidaire qui réclamait une hausse du salaire minimum à 15 $.

Tout de même, pourquoi démissionner maintenant ?

En le voyant hier, tête baissée, visiblement ébranlé, personne ne pouvait nier la tristesse dans la courte déclaration de M. Péladeau. Au lendemain du passage médiatisé de Julie Snyder, mère de ses deux jeunes enfants, à la grand-messe dominicale de Radio-Canada, il a invoqué des raisons familiales que personne ne peut remettre en doute pour expliquer sa démission soudaine et immédiate.

C'est effectivement un élément déclencheur qui a dû peser lourd, vu le processus de séparation en cours.

On a beaucoup parlé ces derniers mois de la difficulté à concilier la vie familiale et la vie politique, particulièrement pour les femmes.

La façon de faire de la politique aujourd'hui n'a assurément plus rien à voir avec celle d'il y a 20 ans. Force est d'admettre que les pères de jeunes enfants en subissent aussi les affres.

Mais la famille reste un élément d'un tableau plus complexe. M. Péladeau est d'abord et avant tout un homme d'affaires qui a été à la tête d'un puissant empire où il imposait sa vision et ses décisions avec autorité, voire intransigeance. Actionnaire de contrôle de Québecor, le chef de l'opposition a toujours refusé de se défaire de ses actions, se plaçant dans une situation insoutenable face aux critiques.

Même s'il a appris à naviguer dans l'univers de l'Assemblée nationale, M. Péladeau n'a pas démontré un flair politique des plus aiguisés. Cette image de lui à l'annonce de sa candidature en 2014, le poing levé, l'a d'ailleurs suivi comme une tache indélébile.

Il ne suffit pas d'améliorer ses qualités d'orateur et de débatteur pour devenir un bon politicien. Il faut se faire rassembleur. Malheureusement, M. Péladeau a plutôt adopté une attitude belliqueuse et vindicative en plusieurs occasions, ce qui ne sied pas à un chef de parti qui aspire à devenir le premier ministre de tous les Québécois.

Faire de la politique demande de l'ouverture et de l'écoute. Pour diriger le Parti québécois, il faut en outre savoir naviguer dans une mer de compromis. Manifestement, Pierre Karl Péladeau n'avait pas encore fait cet apprentissage.