Pour la deuxième année d'affilée, Québec entend boucler son budget avec un surplus qui sera entièrement affecté à la réduction de la dette. La Colombie-Britannique vise, quant à elle, son quatrième surplus d'affilée.

À l'opposé, la Saskatchewan et l'Alberta, qui avaient toutes deux renoué avec les surplus plus tôt durant la décennie, replongent dans l'encre rouge.

Terre-Neuve-et-Labrador (T.-N.-L.), l'autre province pétrolière, est bien plus mal prise : son déficit pourrait atteindre les abysses observés aux États-Unis et au Royaume-Uni quand la Grande Récession a fait rage.

Dans les trois provinces, le produit intérieur brut (PIB) nominal, qui mesure la valeur annuelle de leur production de biens et services, va diminuer en 2016. Comme le PIB nominal est la meilleure approximation de la taille de l'assiette fiscale, on comprend vite les difficultés de leurs ministres des Finances.

Le cas albertain est moins problématique dans la mesure où la province exerce la ponction fiscale la plus faible au pays, en dépit des hausses de l'impôt sur les revenus des particuliers et des sociétés annoncées l'an dernier. Elle se refuse ainsi toujours à mettre en place une taxe de vente.

Le cas de T.-N-L. est beaucoup plus troublant. Durant la mise à jour automnale, la province a tablé sur un déficit de 2,4 milliards pour l'exercice en cours, soit 8 % de la taille de l'économie. À titre de comparaison, le déficit fédéral projeté de 29,4 milliards correspond à 1,5 % du PIB nominal canadien.

À ce rythme, le poids de la dette terre-neuvienne représentera près de 60 % du PIB nominal dans deux ans. C'est au moins 10 points de pourcentage de plus que celle projetée par Québec, qui a la dette nette la plus lourde au pays, cette année encore.

Depuis la réforme de 2007, T.-N.-L. ne touche plus de paiements de péréquation en raison de ses ressources pétrolières qui entrent à 50 % dans le calcul de ses capacités fiscales. La province atlantique, tout comme la Saskatchewan, n'a jamais accepté cet aspect de la réforme.

De son côté, Québec conteste toujours le plafonnement de l'augmentation du budget de la péréquation à celle de la taille de l'économie canadienne. À ses yeux, l'augmentation doit refléter la variation de la capacité fiscale réelle des provinces bénéficiaires.

Le plafonnement sera particulièrement irritant en 2017-2018. Québec a prévu dans son budget déposé le mois dernier une augmentation d'un demi-milliard (ou 5 %) des transferts fédéraux en péréquation pour le prochain exercice. Pour cette année-là, la formule de calcul de la péréquation tiendra compte à 50 % de l'année 2015 (dont l'augmentation du PIB nominal a été de seulement 0,7 %), 25 % de 2014 (4,3 %) et 25 % de 2013 (3,8 %). Cela semble plutôt indiquer une hausse des paiements au Québec de 2,375 %, soit moins de la moitié que ce qui est prévu dans le Plan budgétaire du ministre Carlos Leitao.

On peut donc s'attendre à ce que Québec se défende bec et ongles si, d'aventure, Ottawa décidait de réviser la formule sous la pression de T.-N.-L. ou de la Saskatchewan.

Même si la situation budgétaire de la province aux cieux infinis n'a rien de dramatique si on la compare à celle qu'elle a vécue au cours de la récession de 1990-1991, elle vient de réélire facilement Brad Wall.

Ce nouveau porte-étendard des conservateurs des Prairies est parti en guerre contre le Québec devant ses hésitations à avaliser l'inversion du pipeline Énergie Est.

Jusqu'ici, les libéraux de Justin Trudeau se sont uniquement engagés à revoir à la hausse les transferts fédéraux en santé. À ce chapitre, Québec réclame que l'âge des citoyens entre dans la formule de calcul puisqu'il coûte plus cher de soigner les personnes âgées. La formule actuelle est basée uniquement sur le nombre d'habitants.

Avaliser la demande de Québec pénaliserait la Saskatchewan, qui compte une proportion plus faible de citoyens âgés de 65 ans et plus que la plupart des provinces.

Sans aborder le thème de la péréquation, la première ministre albertaine Rachel Notley insiste pour que le pétrole des sables bitumineux ait accès à la mer (tidewater). Ottawa semble plus porté à favoriser l'Atlantique, où un pipeline existe déjà, que le Pacifique. Le réchauffement climatique ne rend pas encore possible une route par l'Arctique...