La dernière semaine a mis à rude épreuve la confiance des citoyens envers les institutions politiques.

Le scandale des Panama Papers a levé le voile sur l'utilisation de refuges fiscaux par des milliardaires, des sportifs, des criminels... et des chefs d'État. Près de nous, le ministre déchu Sam Hamad s'est poussé en Floride sous le coup de la colère au lieu de braver la tempête, une histoire qui a monopolisé l'attention à l'Assemblée nationale.

Ces événements s'ajoutent à une longue liste : de nombreuses histoires de corruption, le rapport Charbonneau - qui a déçu ceux qui espéraient des noms et des blâmes -  et les suites qui se font attendre, des avantages douteux versés à des dirigeants d'établissements publics ou de sociétés d'État, des indemnités de départ accordées à des députés qui ont quitté volontairement leurs fonctions en cours de mandat.

On peut comprendre le sentiment de méfiance. Après l'arrestation de sept personnes, dont Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté, par l'Unité permanente anticorruption (UPAC), un sondage Léger a révélé que 72 % des répondants croyaient que ces arrestations cachaient un phénomène répandu. Près d'un répondant sur trois se disait convaincu « qu'une majorité de politiciens » est corrompue.

Chaque nouvel épisode accentue la désillusion et le « cynisme » - comme on l'appelle souvent - à l'égard de la classe politique.

Ça ne date pas d'hier. Professeur à l'Université de Montréal au début des années 90, le ministre des Affaires étrangères Stéphane Dion écrivait sur la « montée du cynisme » et sur le fait qu'une « proportion croissante de la population pense que les politiciens leur mentent, manquent de probité et dilapident leur argent ». Il retraçait des sondages montrant, depuis les années 60, une augmentation de la proportion de Canadiens estimant que les gouvernements ne se soucient pas de l'opinion des gens.

En 2011, un rapport de l'organisme canadien Samara rapportait que le « mépris » des citoyens est étroitement lié au fait qu'ils ont l'impression que les politiciens ne représentent pas leurs besoins et ne travaillent pas pour eux.

Pourtant, malgré les soubresauts ponctuels, le degré de confiance fluctue peu sur une longue période, constate l'Indice citoyen des institutions politiques de l'Université Laval. Depuis quelques années, il se situe autour de 50, sur une échelle de 1 à 100. Quel constat faut-il en tirer ?

D'abord, que les politiciens font certains gestes dans l'espoir de limiter l'effritement de la confiance des citoyens. Pensons à l'instauration d'un code d'éthique, à la révision du mode de financement des partis politiques ou aux tentatives pour rendre les joutes moins partisanes et plus civilisées à l'Assemblée nationale.

Mais on constate aussi qu'il est difficile de rompre avec le « cynisme » ambiant. La confiance prend du temps à bâtir, mais peut s'effondrer comme un château de cartes.

Rallumer l'étincelle prend du talent et des politiciens exceptionnels.

Entre-temps, le résultat est navrant et peut mener à un désintérêt de la politique et à un désengagement du rôle de citoyen. Dans une démocratie, il n'y a pas de quoi s'en réjouir.