La neige qui doit s'abattre aujourd'hui sur la métropole fera maugréer bien des gens. Personne n'ira croire cependant qu'elle marque le retour de l'hiver. Ce sera perçu à juste titre comme son baroud d'honneur, comme il en existe presque tous les ans.

Sans en avoir la certitude, on peut penser qu'il en va de même avec la baisse des exportations canadiennes en février.

Après avoir atteint un sommet en janvier qui couronnait trois fortes hausses d'affilée, la valeur des exportations canadiennes de marchandises a reculé de 5,4 % en février. Il s'agit du repli mensuel le plus important depuis 2009, selon les données de Statistique Canada, publiées hier.

La valeur des importations a aussi fléchi, mais moins. Voilà pourquoi le déficit est passé de 628 millions en décembre à 1,9 milliard en janvier.

Une bonne partie de la baisse est attribuable aux prix. Ainsi, celui du baril de pétrole a atteint en février son cours le plus faible en 13 ans. La baisse des exportations de 14,4 % des hydrocarbures est la combinaison d'une baisse de 10 % des prix et de 4 % des volumes.

Les États-Unis ont moins acheté de pétrole des sables bitumineux. En fait, leurs importations d'or noir ont été les plus faibles depuis 2002, selon le département américain du Commerce. Pour les sociétés pétrolières canadiennes, cela représente la huitième baisse mensuelle d'affilée de leurs livraisons internationales.

Au chapitre des importations d'hydrocarbures, le Canada n'est pas en reste : ses achats de pétrole étranger en janvier ont plongé de plus de 29 % et constituent les plus faibles depuis 2003. Les raffineries du Québec et du Nouveau-Brunswick s'approvisionnent de plus en plus dans l'Ouest canadien, comme en font foi les longs convois de wagons-citernes qui transforment un peu plus chaque jour les voies ferrées en oléoduc roulant.

La détérioration du solde commercial canadien aurait pu être plus grande, si la valeur des importations n'avait pas aussi diminué. En fait, on a observé une baisse généralisée des importations. Le repli de 2,6 % est aussi la combinaison d'une baisse des prix et des volumes.

Outre la chute brutale des livraisons de produits énergétiques, on pourra regretter les diminutions des machines et des pièces industrielles ainsi que du matériel électrique et électronique. Bien que modestes, ces replis reflètent la faible volonté des entreprises d'investir dans leurs capacités de production.

Du côté des exportations, la chute de 14 % des livraisons de biens de consommation a de quoi surprendre puisque ce segment est en forte hausse depuis un an. L'agence fédérale souligne qu'elle efface une hausse du même ordre observée en janvier. Dans les deux cas, les mêmes produits sont en cause : les ouvrages en métaux précieux.

Fait à signaler, les ventes d'aéronefs et de matériel aéronautique ont bondi de 400 millions. Ce segment est parmi les plus volatils. Cette hausse mensuelle de 25 % doit être mise en perspective : en un an, ce segment affiche un repli de 12 %. Seuls les produits énergétiques ont reculé davantage.

Les ventes à l'étranger de véhicules ont fléchi après trois hausses d'affilée, mais elles restent en hausse de plus de 45 % sur une base annuelle.

Pétrole et véhicules prennent avant tout la route des États-Unis. On ne sera pas surpris dès lors que la balance commerciale avec notre grand voisin soit passée de 3,8 à 2,7 milliards.

Le reste de la détérioration vient de nos échanges avec le reste du monde, à l'exception du Mexique et du Japon où on observe de modestes améliorations.

Ce mauvais mois de février ne compromet pas la contribution positive du commerce international à la croissance du premier trimestre, tant les résultats de janvier et l'élan donné par décembre ont été robustes.

Ils indiquent cependant que les ventes des manufacturiers ont sans doute diminué en février elles aussi, après deux robustes augmentations mensuelles.