Malgré un redressement bienvenu en décembre, l'économie du Québec s'est contractée durant l'automne.

Le produit intérieur brut réel a reculé de 0,3 % d'octobre à décembre, en rythme annualisé, alors qu'il a plutôt progressé de 0,8 % d'un océan à l'autre, selon l'Institut de la statistique du Québec (IST).

Singularité peu cocasse, même si l'économie canadienne a connu une récession technique au premier semestre, elle a terminé 2015 avec une croissance de 1,2 %, soit un dixième de mieux que celle du Québec qui n'a reculé que durant l'automne.

En début d'année dernière, la quasi-totalité des économistes avait prédit que les provinces non pétrolières allaient tirer leur épingle du jeu.

La Banque du Canada avait même osé noter en avril que le choc pétrolier allait toucher toutes les provinces de façon inégale, le Québec étant néanmoins la plus favorisée par la situation nouvelle.

Certes, la Colombie-Britannique et l'Ontario ont plutôt brillé l'an dernier. Force est de constater toutefois que ce n'est pas le cas ici.

Si bien que la longue série annuelle de croissance québécoise inférieure à la moyenne canadienne s'est poursuivie. En fait, depuis le début du millénaire, c'est seulement en 2008 et 2009, marquées par la Grande Récession, que le Québec a moins mal fait.

Depuis 2000, la taille réelle de l'économie canadienne a gonflé de 29,7 %, celle du Québec, de 23,4 % seulement.

La contre-performance automnale a pour grand coupable la baisse des investissements, tant privés que publics, dans les machines, le matériel et les produits de propriété intellectuelle.

Cela a de quoi inquiéter, mais s'explique facilement. Du côté des entreprises, le troisième recul annuel d'affilée reflète la diminution répétée des bénéfices des sociétés. Il a pour corollaire qu'elles ne sont pas toutes prêtes à tirer parti de l'accélération de l'économie américaine.

Le contrôle serré des dépenses a pour sa part ralenti les dépenses du secteur public, même si celles de l'administration fédérale ont tout de même augmenté de 1,8 % en 2015, précise l'ISQ: «Celles de l'administration provinciale se replient de 0,2 %, après avoir crû de 0,3 % en 2014, en raison des baisses de 1,9 % en éducation et de 0,4 % de celles du gouvernement.»

En plus, pour la première fois en cinq ans, les entreprises ont choisi de diminuer quelque peu leurs stocks pour remplir leurs commandes. Reste à voir si ce déstockage sera suffisant pour relancer la production. Pour l'ensemble de 2015, les stocks ont néanmoins gonflé par rapport à 2014.

La consommation des ménages a ralenti et s'est davantage concentrée dans les services. Le temps clément a certainement limité les besoins de chauffage.

Les exportations internationales auront permis de limiter les dégâts d'une demande finale anémique. Pour l'ensemble de 2015, elles ont progressé de 2,4 %, contre 4,5 % en 2014. En revanche, celles destinées aux autres provinces ont glissé légèrement, malgré des progrès dans le secteur des services.

Finalement, le déficit extérieur du Québec a diminué tant au quatrième trimestre que pour l'ensemble de 2015. Il représente néanmoins encore 3,1 % de la taille de l'économie.

Tout n'est pas noir pour autant. En décembre, la production mesurée par industrie s'est redressée après deux reculs mensuels d'affilée. La hausse mensuelle de 0,2 % est la même que celle observée par Statistique Canada, d'un océan à l'autre. En décembre, le secteur des biens a profité des progrès dans l'extraction minière, l'exploitation en carrière et de la fabrication, mais a été ralenti par l'agriculture et les services publics (l'électricité).

Du côté des services, des gains ont été observés dans le commerce de gros, le transport, l'entreposage, les services financiers, immobiliers, d'enseignement et les administrations publiques (l'ISQ ne précise pas lesquelles).

Des replis ont toutefois été observés dans le commerce de détail, les services scientifiques et techniques de même que dans la santé et l'assistance sociale.

En somme, la croissance de 0,2 % a permis d'amorcer 2016 avec un certain élan. Les données canadiennes de janvier sont publiées ce matin. On s'attend à une deuxième hausse d'activité d'affilée de 0,2 %. On saura dans un mois si le Québec est encore à la traîne.

Infographie La Presse