Le premier ministre Justin Trudeau s'est engagé à ramener le Canada sur la scène internationale et, en ce sens, le tapis rouge déroulé en son honneur à la Maison-Blanche est de bon augure.

« Je n'ai jamais vu autant d'Américains excités de venir voir un premier ministre canadien », a même lancé Barack Obama.

Si l'organisation du dîner officiel, les blagues sur le hockey, le charme du petit Hadrien faisant un « high five » au président et l'aspect glamour de cette visite ont principalement retenu l'attention, il serait déloyal de réduire ce séjour de deux jours et demi bien remplis à un simple exercice de relations publiques. Ce serait nier la force des relations diplomatiques.

Il est évident que le courant passe. Quand deux personnalités influentes comme Justin Trudeau et Barack Obama se découvrent des affinités, une nouvelle impulsion est donnée aux relations entre leurs deux pays. Le président américain a d'ailleurs souligné « la nouvelle énergie et le nouveau dynamisme dans [la] relation » depuis l'élection d'octobre.

Après des années de relations polies, à la limite de l'indifférence, avec le gouvernement Harper, ce dégel est bienvenu.

Malheureusement, pourrait-on dire, Justin Trudeau est à l'aube de son mandat et Barack Obama au crépuscule du sien. Cette communion d'esprit entre les deux pays risque d'être de courte durée.

Tout de même, il reste 10 mois pour faire cheminer les ententes de principe conclues cette semaine, notamment en ce qui a trait au prédédouanement et à la réduction du méthane causé par les forages pétroliers et gaziers. On aurait souhaité que la délicate question du bois d'oeuvre récolte davantage qu'un vague engagement à régler rapidement cet « irritant majeur », mais au moins, le signal d'ensemble est clair. Et quand la volonté vient d'en haut, les priorités se mettent en branle plus vite.

Considéré au mieux comme le petit frère négligé dont il faut bien s'occuper un peu, le Canada rêve soudain de devenir un allié reconnu. Et le changement de gouvernement en janvier prochain - qu'il soit démocrate ou républicain - ne pourra effacer complètement les dossiers qui auront cheminé. N'oublions pas que le Canada est le principal marché d'exportation de 35 États américains et que 400 000 personnes traversent la frontière canado-américaine chaque jour.

Sans compter que le fait d'avoir été reçu à la plus prestigieuse table par l'homme le plus puissant de la planète, en plus d'avoir participé à plusieurs autres rencontres d'importance, servira de carte de visite à l'étranger.

L'aura qui entoure Justin Trudeau permet d'espérer qu'il atteindra sa promesse de ramener le Canada sur la scène internationale.

Quant à l'autre défi, celui de répondre aux attentes - élevées - des Canadiens, le dépôt du budget, dans quelques jours, permettra d'évaluer dans quelle mesure le premier ministre saura y faire face.