Il est curieux de constater que l'augmentation de l'espérance de vie suscite des inquiétudes grandissantes, tant pour les gouvernements que pour les retraités ou ceux qui s'apprêtent à entrer dans ce qu'on appelait l'âge d'or, naguère encore.

Pour les premiers, c'est le budget de la santé qui gonfle. Pour les autres, c'est la perspective angoissante de ne pas avoir assez d'épargne, ce qui risque d'exercer en retour de nouvelles pressions sur les finances publiques à moyen terme.

Voilà pourquoi les choses commencent à changer. Les autorités doivent s'attaquer à ces problèmes réels.

Il y a d'abord eu l'initiative des régimes volontaires d'épargne-retraite qui deviennent obligatoires au Québec cette année dans toutes les entreprises qui n'offrent pas d'épargne-retraite. La participation de l'employeur n'est pas obligatoire.

Puis l'Ontario a annoncé vouloir lancer l'an prochain son régime de retraite provincial à cotisations obligatoires équivalant à 1,9 % du salaire pour compléter le Régime de pensions du Canada (RPC).

Enfin, Ottawa étudie la possibilité de bonifier le RPC, une idée qui semble peu enthousiasmer Québec jusqu'ici.

Les lobbies patronaux sont opposés à toute nouvelle cotisation obligatoire, comme ils l'ont souligné dans la foulée du rapport D'Amours qui proposait la création d'une rente de longévité pour compléter les revenus de retraite des 75 ans et plus. À leur décharge, les ponctions sur la masse salariale sont déjà les plus costaudes du Canada.

Pour couronner le tout, les cotisations au Régime de rentes du Québec sont déjà plus élevées que celles du RPC : 5,25 % du salaire jusqu'à concurrence de 2737,50 $ par employé au Québec, contre 4,95 % jusqu'à concurrence de 2544,30 $ dans le reste du Canada pour une couverture identique.

Cela dit, le statu quo paraît intenable. Il faudra se résoudre à payer davantage, employés et employeurs.

C'est dans ce contexte que la firme Mercer tenait hier la 24e présentation annuelle de ses perspectives sur les régimes de retraite.

MM. Michel St-Germain et F. Hubert Tremblay ont rappelé quelques faiblesses du système de retraite canadien, qui se classerait néanmoins au septième rang sur un échantillon de près d'une trentaine de pays. C'est mieux que la France et les États-Unis (13e et 14es), mais moins bon que le Danemark ou les Pays-Bas, en tête du peloton.

Il y aurait six faiblesses dans le système canadien, dont surtout la couverture insuffisante des régimes d'employeurs (trop peu nombreux) et la cherté des frais de placements pour l'épargne-retraite individuelle.

Le déclin des régimes à prestations déterminées (PD) dans le secteur privé, jugés trop chers et trop risqués par les actionnaires, entraîne des pressions sur les gouvernements pour qu'ils imaginent des solutions, au pire palliatives, au mieux de rechange.

Pour les promoteurs de régimes PD, la persistance des faibles taux obligataires les oblige à cotiser toujours un peu plus pour les renflouer. L'adoption par Québec de la loi 57 qui, entre autres dispositions, mesure la santé des régimes sur une base de continuité plutôt que de terminaison, apporte un peu d'air aux régimes.

Cela crée peut-être l'occasion de chercher un peu plus de rendement du côté des titres à dividendes qui rapportent davantage dans un environnement baissier. Ces jours-ci, une obligation du gouvernement canadien, échéance 10 ans, rapporte tout juste un peu plus de 1 %.

Dans ce contexte, les actions de banques canadiennes, les plus solides au monde, représentent une aubaine à envisager sérieusement, a plaidé Clément Gignac, vice-président principal d'Industrielle Alliance et responsable du comité d'allocation des actifs du groupe financier.

Ces actions se vendent à peine une fois et demie leur valeur comptable tandis que leur ratio cours-bénéfice est faible, selon des critères historiques.

Pour une rare fois, M. Gignac croit aussi opportun de se protéger contre le risque de change face au billet vert, estimant le dollar canadien passablement sous-évalué.

On pourrait ajouter qu'il n'est pas le seul à avoir cette lecture tout en rappelant que le marché des devises a souvent tendance à surévaluer ou sous-évaluer la monnaie canadienne, qui oscille peu souvent, surtout sa valeur mesurée selon les parités de pouvoir d'achat.