Le projet de loi sur la gouvernance des commissions scolaires - avec son étude en commission parlementaire - est une pièce législative majeure du gouvernement Couillard cette session. Peu importe le titulaire de l'Éducation, il aura fort à faire pour répondre aux nombreuses questions et démontrer que l'abolition des élections scolaires favorise vraiment la réussite des élèves.

PERTE POUR LA DÉMOCRATIE

Le taux de participation aux élections scolaire est famélique. Est-ce qu'abolir un palier démocratique est une solution pour autant, comme si les commissaires étaient responsables de tous les maux attribués aux commissions scolaires ? « Le statu quo n'est plus possible », a constamment répété le ministre François Blais. Et pour lui, le statu quo signifie maintenir les élections scolaires. Québec propose donc de remplacer le conseil des commissaires élus par des conseils scolaires, qui seront formés notamment de parents choisis par leurs pairs, plus près de la réalité des écoles. Pourtant, comme l'a souligné hier la Fédération des commissions scolaires du Québec en rencontre éditoriale à La Presse, 80 % des commissaires actuels sont aussi... des parents.

La FCSQ propose par ailleurs une nouvelle avenue pour la composition du conseil scolaire, soit des représentants élus au suffrage universel et des parents élus par les comités de parents, et qui auraient désormais un droit de vote. Il faudra voir si cette proposition recevra une oreille attentive de la part du gouvernement

TAXES SCOLAIRES

C'est l'éléphant dans la pièce. Le pouvoir de taxation, qui devait figurer au coeur de la réforme, est complètement évacué du projet de loi. La réflexion se poursuit, a dit M. Blais. Elle aurait dû faire partie intégrante des discussions. Ne dit-on pas qu'il n'y a pas de taxation sans représentation ?

RÉUSSITE DES JEUNES

Avec plus de parents, d'enseignants et de directions d'école sur les conseils scolaires, Québec fait le pari qu'on répondra mieux aux besoins des élèves. Se rapprocher de la réalité des écoles est certes bénéfique, mais il ne faut pas penser que les commissaires prennent des décisions sur un coup de dés. Par ailleurs, le projet de loi prévoit que, dans les 15 jours suivant son adoption, les commissaires seront remplacés par un conseil provisoire, puis un conseil scolaire des mois plus tard, selon un processus kafkaïen dont nous vous ferons l'économie, mais qui n'est en rien profitable aux élèves.

SUR INVITATION SEULEMENT

Même la tenue de la commission parlementaire, sur invitation, soulève des questions. Une réforme majeure exige que les principaux intéressés puissent s'exprimer. Or, il a fallu que l'absence de la Commission scolaire de Montréal - plus grosse au Québec - et son pendant anglophone, la English Montreal School Board, suscite un tollé pour que le ministre Blais accepte finalement de les entendre. Pendant ce temps, des organismes comme le Défi Pierre Lavoie et la Société des musées du Québec (qui a cédé sa place depuis) étaient invités.

Si la volonté du gouvernement est ultimement d'améliorer la réussite scolaire, ça commence par une orientation claire pour faire en sorte que l'éducation soit un projet de société. Pour réussir, les élèves n'ont pas besoin d'un (autre) brassage de structures.