La crise du chou-fleur et du céleri n'explique pas à elle seule la poussée de l'inflation en décembre. Elle symbolise néanmoins le fait que les Canadiens doivent débourser beaucoup plus qu'il y a un an pour se nourrir convenablement.

En décembre, le taux annuel d'inflation a grimpé à 1,6%, a indiqué hier Statistique Canada. Si l'on exclut l'essence, la progression annuelle de l'indice des prix à la consommation (IPC) atteint 1,9%.

Il s'agit du taux le plus élevé depuis un an. En moyenne, le taux d'inflation n'a été que de 1,1% l'an dernier, soit moins que les 2% de 2014.

Au Québec, la hausse du coût de la vie se situait à 1,3 % en décembre, contre une moyenne annuelle de 1,1%.

Les chiffres de décembre reflètent bien l'affaiblissement du pouvoir d'achat des ménages qu'entraîne la chute du huard.

De novembre à décembre seulement, les prix des légumes frais ont bondi de 6,2%, ceux des fruits frais, de 3,4%. De décembre à décembre, les prix des légumes et des fruits frais ont augmenté de plus de 13% chacun.

Ces grandes catégories cachent quelques surprises : le prix des laitues a grimpé de 21,8% en un an. Celui des pommes, autre production canadienne d'importance, de 11,6%, soit davantage que les oranges (8,8%), pourtant importées à longueur d'année des États-Unis, d'Espagne, d'Israël, du Maroc ou d'Afrique du Sud. Au Québec, les hausses ont été un peu moins prononcées.

Dans l'ensemble, les prix des aliments achetés en magasin sont en hausse de 4,1% depuis un an au Canada. En 2014, l'inflation des aliments avait aussi été forte, poussée cette fois-là par les prix du boeuf qui ont encore augmenté de 5,8% de décembre à décembre.

Durant le mois de décembre, les prix de l'ensemble des aliments ont grimpé de 0,6% et ceux du logement, de 0,1%. Les six autres composantes de l'IPC ont toutes reculé, surtout les prix des vêtements qui ont chuté de 5,2%. Le temps exceptionnellement doux a sans doute forcé les commerçants à brader bottes, gants, manteaux, mitaines et tuques.

Les chiffres publiés hier ne troublent pas la Banque du Canada qui escompte déjà l'effet de la faiblesse du dollar sur les prix des biens importés. En revanche, la croissance anémique de l'économie exerce très peu de pression sur les prix des services, lesquels ont diminué de 0,1% en décembre.

L'indice de référence de la banque centrale, qui exclut huit des composantes les plus volatiles de l'IPC, comme les fruits, les légumes et l'essence, a progressé de 1,9%, en décembre. C'est la première fois en un an qu'il se situe sous la barre des 2%.

Certains se réjouiront peut-être d'un autre chiffre publié hier par Statistique Canada: le rebond de 1,7% de la valeur des ventes des détaillants, en novembre, suit la publication d'une hausse des ventes des grossistes et des manufacturiers. Bref, l'économie a retrouvé le chemin de la croissance durant le mois des morts.

Cependant, il est loin d'être sûr que la situation se soit répétée en décembre, en particulier pour les détaillants. Il est difficile de juger dans quelle mesure les achats des Fêtes ont été avancés à cause du Vendredi fou et des anticipations de hausse imminente des prix.

On le saura dans un mois.

Photo David Boily, Archives La Presse

En un an, les prix des légumes et des fruits frais ont augmenté de plus de 13 % chacun.