Le ministre canadien des Finances Bill Morneau a un plan. Il l'a répété à maintes reprises hier lors de son déjeuner-causerie organisé par le Conseil des relations internationales de Montréal.

Il n'a pas détaillé ce plan devant les quelque 500 convives venus l'entendre, mais c'est le même, semble-t-il, que celui qu'avait son chef Justin Trudeau durant la campagne électorale.

Que faire devant le dollar canadien qui tombe comme une roche ? « Je sais que les Canadiens sont inquiets, a-t-il concédé au cours d'un bref point de presse. Voilà pourquoi il est important de faire des investissements pour améliorer l'économie. À court terme, je ne fais pas de pronostic. »

Il fallait s'attendre à ce qu'un ministre censé propager l'optimisme ne reprenne pas le message du gouverneur de la Banque du Canada Stephen Poloz, selon qui les taux de change flexibles représentent « l'instrument qui peut le mieux favoriser les ajustements » dans le contexte économique que vit le pays. Soutenir le huard ferait davantage de dégâts puisqu'il faudrait augmenter les taux d'intérêt pour y parvenir.

C'est avant tout l'optimisme de celui qui a la certitude que son plan va marcher que M. Morneau a cherché à propager hier. Il a aussi lancé un appel à la collaboration de tous les citoyens et de tous les organismes pour l'aider à la préparation de son budget dont il s'est bien gardé toutefois de donner le moindre détail, pas même la saison de son dépôt.

Au nom de la transparence, M. Morneau a reconnu d'emblée les difficultés économiques actuelles. Il a souligné que le Canada n'est pas seul à en éprouver, soulignant qu'on ne pourra pas compter sur les grandes économies émergentes pour relancer la croissance. Conséquemment, la faiblesse des prix des produits de base va persister.

« Devant ce défi réel, il y a une opportunité réelle : mettre en place les conditions pour créer de la croissance à long terme », a-t-il insisté.

Voilà pourquoi M. Morneau a un plan.

Sa première phase a déjà été annoncée : ce sont les baisses d'impôt pour la classe moyenne, en vigueur depuis le 1er janvier.

La deuxième, c'est le plan d'infrastructures dont on attend toujours le fin mot. « Il n'y a jamais eu meilleur moment pour réaliser des investissements ciblés à l'appui de la croissance économique, croit-il. Nous avons confiance en notre plan pour y arriver. Et c'est la raison principale pour laquelle je suis optimiste. »

Devant la presse, M. Morneau est demeuré flou sur l'ampleur des prochains déficits créés à la fois par une conjoncture défavorable et par des engagements électoraux coûteux comme l'Allocation canadienne aux enfants ou l'augmentation des dépenses en infrastructures.

« Étant donné que les taux d'intérêt se trouvent à des creux historiques, le moment est tout indiqué pour investir », plaide-t-il.

Il a enfin résumé en quatre points généraux la stratégie de croissance qu'il entend privilégier : positionner la viabilité environnementale au coeur du développement du secteur des ressources naturelles ; soutenir les entreprises en croissance ; collaborer avec les provinces pour rehausser les compétences de la main-d'oeuvre et bonifier le Régime de pensions du Canada (le Québec a son propre régime, le Régime des rentes).

La collaboration avec les provinces peut prendre des tournures étonnantes. Ainsi, le député de Toronto-Centre entend aller de l'avant avec la création d'une coopérative basée dans la Ville Reine chargée de réglementer les marchés financiers, à laquelle l'adhésion des provinces est volontaire. L'objection du Québec et de l'Alberta, qui y voient une intrusion dans leur champ de compétence, ne l'effarouche pas. « Je vais respecter leur décision, mais nous pensons qu'une commission unique serait plus efficace. »

Cela s'appelle-t-il un plan fondé sur la collaboration ?