La semaine a mal commencé avec l'annonce d'un recul réel de 0,5% de la production de biens et services en septembre.

Hier, Statistique Canada en a remis, et plutôt deux fois qu'une, en nous confirmant que l'économie canadienne traversait un inquiétant passage à vide: le déficit commercial s'est encore aggravé en octobre alors que le taux de chômage a augmenté d'un dixième, à 7,1%, en novembre, malgré la désertion de plus de 23 000 personnes des rangs de la population active.

Des deux séries de chiffres, celle sur le commerce international de marchandises est la plus troublante. Les exportations ont diminué pour le troisième mois de suite, peu importe qu'on mesure la variation en valeur ou en volume. Le déficit commercial a atteint 2,7 milliards de dollars tandis que celui de septembre a été alourdi de quelque 600 millions, à 2,3 milliards.

Ce n'est pas une histoire d'énergie. En fait, les exportations hors énergie ont reculé pour le troisième mois d'affilée. Elles accusent même un recul de 2,3% par rapport à un an plus tôt.

Peut-être faut-il y voir l'effet néfaste de la décélération de la production industrielle américaine, cet automne. Chose certaine, l'effet positif recherché avec une monnaie plus faible ne se fait pas encore pleinement sentir. Le recul des importations de machines, de matériel, de pièces et de composantes électroniques suggère aussi que la volonté d'investir des entreprises n'est toujours pas au rendez-vous.

Le commerce extérieur avait joué le rôle de locomotive de la croissance trimestrielle annualisée de 2,3% durant l'été. Il représente un frein à l'expansion après un mois, cet automne. Même un solide redressement en novembre et décembre ne suffira sans doute pas à lui faire répéter cet exploit.

Du côté du marché du travail, le recul de 35 700 emplois en novembre est avant tout attribuable à la fin des élections fédérales. Celles-ci avaient gonflé l'effectif à temps partiel des administrations publiques de 33 000. En novembre, leur nombre diminue de 32 000.

Le solde de -35 700 est le résultat de 72 300 emplois à temps partiel disparus et de 36 600 emplois à temps plein de plus, ce qui peut sembler un signe de consolidation. Toutefois, il s'est détruit 62 000 postes salariés dans les secteurs public et privé, tandis que 26 300 personnes de plus se sont déclarées travailleurs autonomes. Cette cohorte inclut autant les personnes acculées à devenir pigistes que celles qui se lancent en affaires.

Depuis un an, l'économie canadienne compte 124 000 emplois de plus, soit une création mensuelle moyenne de 10 000. La cohorte des 15 ans et plus qui détient ou cherche un emploi a pour sa part augmenté de 210 000 personnes. Bref, l'économie canadienne n'est pas en mesure d'absorber tous les nouveaux venus sur le marché du travail, de sorte que le taux de chômage est passé de 6,8 à 7,1% depuis un an. En novembre, l'augmentation est de un dixième.

Dans toute cette grisaille, on peut néanmoins distinguer quelques points lumineux.

Le secteur des biens comptait 46 300 emplois de plus qu'en octobre grâce à des augmentations significatives en agriculture, dans la construction et la fabrication. On compte près de 30 000 emplois en usines de plus depuis le début de l'année.

Sur une base provinciale, seules la Saskatchewan et Terre-Neuve-et-Labrador n'ont pas subi de recul net en novembre.

Depuis le début de l'année toutefois, le Québec, l'Ontario et la Colombie-Britannique tirent leur épingle du jeu, alors que l'Alberta subit chaque mois un peu plus les effets du choc pétrolier.

Son taux de chômage se situe désormais à 7,0%, soit un dixième de plus que celui de l'Ontario et cinq dixièmes seulement de moins que celui du Québec.

Dans ce dernier cas, il s'agit d'une diminution mensuelle de deux dixièmes attribuable à une réduction de la population active de 13 600 personnes qui a largement compensé la diminution non significative de 4000 emplois. Le travail en usine a augmenté, mais la saignée dans l'industrie de la construction s'est poursuivie, portant l'hémorragie annuelle à 53 100 personnes.

Le marché du travail canadien contraste avec celui de nos grands voisins où le nombre de salariés non agricoles a augmenté de 211 000, stabilisant le taux de chômage à 5,0%. Cela aura sans doute suffi à lever le dernier obstacle pour que la Réserve fédérale augmente enfin son taux directeur le 16 décembre prochain.