Décembre commencera mardi sur les chapeaux de roues avec un lot d'une rare ampleur de données économiques de premier plan.

Comme de coutume, le Canada sera la dernière économie du G7 à publier ses comptes économiques trimestriels.

Après une légère récession technique au premier semestre, l'économie canadienne a rebondi durant l'été, au point où elle pourrait fort bien arriver en tête du peloton. À hauteur de près de 2,5 % en rythme annuel, la croissance réelle attendue tranchera avec celle des économies britannique et américaine, qui avaient fait envie au deuxième trimestre, mais qui ont décéléré durant l'été.

Il n'y aura toutefois pas de quoi plastronner. La croissance canadienne a été forte en juin et juillet, mais a nettement décéléré en août, au point où il est vraisemblable qu'elle ait marqué le pas en fin de trimestre, voire reculé de nouveau quelque peu.

En septembre, rappelons-le, les mises en chantier, les ventes des manufacturiers et des grossistes ont toutes diminué, tandis que le chiffre d'affaires des détaillants n'a que marginalement augmenté. Un malheur n'arrivant jamais seul, un incendie à Syncrude a paralysé un temps l'exploitation des sables bitumineux.

Les profits des entreprises ont aussi diminué alors qu'ils avaient augmenté en pleine décroissance économique durant le printemps. Même s'ils demeurent à des niveaux élevés, leur diminution n'est guère de nature à stimuler les investissements, qui représentent toujours le maillon faible de l'économie canadienne.

Bref, c'est à bout de souffle que la production canadienne a entamé l'automne. Une situation qui, de surcroît, s'observe aussi au sud de la frontière.

Ce tableau n'a rien de surprenant en revanche pour la Banque du Canada. Dans leur scénario économique de la mi-octobre, les autorités monétaires ont tablé sur une croissance annualisée de 2,5 % au troisième trimestre, suivie d'une expansion limitée à 1,5 % pour l'automne.

Ce scénario n'a, semble-t-il, rien perdu de sa vraisemblance.

Voilà pourquoi la Banque va sans aucun doute reconduire, mercredi, son taux directeur, fixé à 0,50 % depuis la mi-juillet.

On peut présumer que la Banque souhaite que la Réserve fédérale américaine augmente enfin à la mi-décembre la fourchette de négociation de son taux cible, fixée à 0-0,25 %, depuis décembre 2008.

Pareille initiative est de nature à garder le dollar canadien faible face au billet vert et, en principe du moins, stimuler les exportations canadiennes et attirer les touristes américains. Le huard se négocie ces jours-ci autour des 75 cents US d'équivalence et pourrait perdre encore quelques plumes.

Toutefois, il n'y a pas que la Banque du Canada qui voit d'un bon oeil la dépréciation de sa monnaie. La Banque centrale européenne doit annoncer jeudi d'autres mesures de détente quantitative pour combattre le risque réel de déflation et, du coup, affaiblir l'euro.

On verra vendredi dans quelle mesure les manufacturiers canadiens profitent jusqu'ici de la faiblesse du huard. Les prévisionnistes s'attendent à un nouveau déficit d'environ 1,7 milliard du commerce international de marchandises pour octobre. Reste à voir comment sera obtenu ce solde : par une augmentation plus forte des importations ou par une diminution des exportations ? Si la résultante est la même, la deuxième hypothèse est nettement moins rassurante que la première.

On apprendra enfin les données de l'Enquête sur la population active (EPA) pour novembre. En octobre, les résultats excellents de 44 000 emplois additionnels avaient été dopés par l'embauche ponctuelle de milliers de personnes à temps partiel pour assurer le bon fonctionnement des élections fédérales.

Il faut donc s'attendre à un certain ressac.

Les chiffres du Québec devront être examinés avec soin. En octobre, l'EPA a fait état de 5800 emplois en moins, mais de la perte de 24 800 postes à temps plein. Néanmoins, l'effectif des travailleurs était en hausse de 47 200 depuis un an.

Ces bons chiffres, qui comportent toutefois une marge d'erreur élevée, compte tenu de la taille de l'échantillon, sont en contradiction avec ceux de l'Enquête sur la rémunération hebdomadaire et les heures de travail (ERHT). Ses données de septembre indiquent plutôt que le Québec a perdu 2200 salariés non agricoles depuis un an. Il est vrai que l'ERHT ne tient pas compte des travailleurs autonomes, mais y en a-t-il tant que cela de plus depuis un an pour concilier les résultats des deux enquêtes dont les résultats à l'échelle canadienne concordent ?

INFOGRAPHIE LA PRESSE